Bien sûr, quelque part nous sommes tous des voleurs mais que vole-t-on au juste ? Une image de quelqu’un qui ne la verra sans doute jamais, de quelqu’un qu’on ne reverra sans doute jamais non plus. Une image qui a finalement peu de chance d’être utilisée et sur laquelle personne ne reconnaitra le sujet photographié (le contraire peut arriver, j’en conviens). Disant cela je nie un peu le sens le l’individu en le noyant au sein d’une gigantesque communauté anonyme. Il faut pourtant s’y faire, nous sommes six milliards et on peut difficilement respecter strictement l’ego de chacun. En contradiction avec ce que j’ai dit précédemment (ne pas se comporter comme un voleur) il existe des techniques « psychologiques » qui fonctionnent à merveille et qui finalement contentent tout le monde : photographier quelqu’un qui vous voit sans qu’il pense avoir été photographié. Il suffit de ne jamais le regarder directement, uniquement dans le viseur. L’utilisation d’un grand angulaire arrange bien les choses. Cela paraît un peu fourbe mais le sujet ne se sent pas piégé, vous avez pris votre image et personne en vous en tient rigueur... Hypocrite ? Certainement, mais il faut assumer en relativisant : le mal n’est pas bien grand et la fierté du photographe et du photographié est préservée.