Tourisme au Congo
La préface du « guide du voyageur au Congo belge, au Ruanda et en Urundi » paru pour la première fois en 1949 et réédité en 1958 (quelques 800 pages superbement agencées) est édifiante.
L’objet de la publication était clairement précisé : « les ressources touristiques du Congo ont fait l’objet d’une vaste littérature et de nombreux reportages. Les régions orientales du Congo ont reçu d’auteurs étrangers les appellations de « pays des merveilles » (des milles collines et des milles copines), « la Mecque des touristes », « la Naples du centre africain », « la route de la beauté » et même « le paradis des automobilistes » (sic). Parle-t-on vraiment du même monde, de la même planète ?
Et d’ajouter (toujours dans cette préface) « le Kivu deviendra un jour le centre de récréation de l’Afrique ». C’est fou comme les prédictions peuvent s’avérer fausses. Aujourd’hui, le Kivu constitue avec l’Ituri le plus vaste enfer humain, le plus barbare des champs de bataille, de rackets, de misère et de pillages.
A propos de récréation le Kivu-Maniema a hérité en quarante ans de tout ce qui comme rébellions, massacres mulelistes, mai-mai et compagnie ont perpétués les bains de sang des esclavagistes arabes. Et ces récréations on y a droit aujourd’hui et certainement pour bien des années encore. Grenier alimentaire de l’Afrique centrale, riche de ses minerais, le Kivu est devenu le cloaque d’une population épurée, décimée à la Kalachnikov, à la malaria, au sida, à la maladie du sommeil, au choléra.
Depuis 96, les guerres permanentes menées contre Mobutu tantôt avec l’appui des Ougandais, tantôt des Rwandais ont permis de développer le tourisme réservé aux guerriers qui certes n’ont besoin ni de visas ni de passeports. C’est la joyeuse récréation aux explosifs et le reste bien connu mais non répertorié dans un quelconque guide du routard.
Le guide du voyageur au Congo belge précité est une véritable merveille. A l’occasion on le trouve encore en brocante. Tout y est décrit à propos d’un Congo ouvert, accueillant, vibrant de beautés, plein de futurs possibles.
Pas un seul lieu, village ou ruisseau n’y est absent : en termes de routes, de ponts, de kilométrages, de plaines d’aviation réparties à travers tout le pays, de points d’approvisionnement en essence, de centaines de dispensaires, de missions, d’écoles, d’hôtels et de gîtes de brousse, tout est complet.
Sympathique à souhait, ce Congo vivait par lui-même et sans l’appui d’ONG ronflantes dévoreuses de subsides.
Bref les phraseurs actuels ne parasitaient pas le paysage. Le voyageur constate combien ce pays a été construit pour un peuple et avec un peuple sans omettre bien sûr qu’il y a eu des dérapages, des révoltes déjà bien avant 1940.
Et bien sûr que le milieu blanc n’était pas toujours marrant. Mais aujourd’hui au Congo, il y a plus de prisons, de cachots et de mouroirs à tortures que d’hôtels et de gîtes de brousse.
Les passages des rivières en bacs ou en pirogue y sont minutieusement décrits tant pour la largeur que pour la durée de la traversée. Kindu rive gauche - rive droite : 10 minutes.
Grâce au film « Congo river » l’on perçoit très bien ce qu’est devenu le transport fluvial au Congo : un cauchemar.
Yvon Lammens dans son excellent documentaire « L’or de Kamituga » a bien décrit la situation des creuseurs, des groupes armés dans le Kivu, de l’abandon des populations.
Le guide de 1958 décrit le centre de Kamituga de la manière suivante : « Siège de la direction des mines du Sud de la Minières lacs. Hôpital. Station de radiotélégraphie. Ecole primaire pour enfants européens et enfants congolais. Centrale Hydroélectrique à la Zalya. Usine pilote, guest house. Club avec mess et sports divers. Un kilomètre au-delà du centre minier, poste d’occupation de la colonie avec maison de passage et centre commercial. Mission catholique des Pères Blancs de Mungombe. »
Lorsque Serge Lammens (frérot du précité) était directeur de secteur sur place dans les années 80, Kamituga avait encore une cantine pour les travailleurs et surtout une structure sociale.
Essayez aujourd’hui de trouver un descriptif touristique au Congo sur Kitutu, Punia, Kongolo ! Essayez ! Le tourisme guerrier présent n’engendre que la dislocation sociale.
Lorsque des amis français et canadiens sur place dans les grands Lacs vous disent « Ah, c’était ainsi !! A l’époque belge !! », on est très loin des lavages de cerveau présentés encore récemment par ARTE à propos de Léopold II.
Ne pas savoir, ne pas connaître, c’est aussi une forme d’enfer caractéristique et propre à l’obscurantisme qui caractérise les travaux sur l’histoire coloniale belge, du moins dans le grand public.
Mpendacheko
19/11 13:18 - hafidou
13/09 10:33 - Patrick Adam
@ abdou Désolé mais votre raisonnement ne tient pas la route. La France a mis les pieds au (...)
12/09 12:24 - abdou
Bj, Je ne partage pas le « Aprés quinze ans ,Lyautey a passé ce pays (le Maroc) du moyen age (...)
09/09 21:26 - Patrick Adam
@ Mme Pelmato Bien sûr vous pouvez m’appeler Patrick. J’en suis très heureux. Les (...)
09/09 18:37 - pelmato
Mais la colonisation n’était-elle pas déjà la tutelle ??? La tutelle ça n’a pas (...)
05/09 08:54 - caius
Tourisme au Congo La préface du « guide du voyageur au Congo belge, au Ruanda et en Urundi » (...)
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