1) Les droits de l’homme ne sont naturels que pour une philosophie naturaliste du droit, historiquement démentie par toutes les cultures qui les refusent (au profit des droits de Dieu par exemple) : ils sont les axiomes pragmatiques de régulation des sociétés modernes pluralistes et individualistes et non plus, en droit sinon en fait, holistes ou traditionalistes. Cette vision naturaliste des droits de l’homme est elle-même historiquement datée : elle visait dans le cadre des monarchies théocratiques de l’époque à persuader le plus grand nombre que celles-ci étaient anti-naturelles et donc que les droits de l’homme devaient s’imposer comme fondement de toute légitimité politique, contre la vision théologico-politique dominante à l’époque, définit elle-même comme naturelle car divin par les puissances théologico-monarchiques. L’argument naturaliste des droits de l’homme était un argument non pas philosophique (rationnnellement fondé) mais polémique, c’est à dire rhétorique dans le cadre d’ue contexte politico-religieux précis et aujourd’hui dépassé.
2) Les droits de l’homme mettent en jeu des principes qui peuvent être dans les situations concrètes en conflit (liberté individuelle/solidartité collective ; égalité et liberté d’agir pour l’emporter dans la compétition sociale etc..) Il ne suffit pas de les déclarer compatibles, voire théoriquement indissociables, pour qu’ils le soient en réalité dans le cadre de nos sociétés pluralistes dans lesquelles les individus et les groupes sociaux peuvent leur donner des contenus concrets différents voire antagonistes ; sinon il n’existerait pas des partis politiques démocratiques opposés qui tous s’en réclament pour se justifier. Les droits de l’hopmme, s’ils sont dans nos sociétés, nécessaires ne suffisent pas à définir une politique concrète..Il n’ y a donc pas « une » politique des droits de l’homme, car toute celles, opposées sur leur contenu poltique, qui respectent le cadre démocratique y font référence avec des compromis différents entre les principes de l’égalité, de la liberté et de la solidarité (selon moi l’idée de fraternité n’est pas un concept poltique mais infra-politique : être frère c’est être familialement proches, or la politique concerne nos relations avec qui ne nous est pas proche, voire nos adversaires poltiques et sociaux).
3) La raison pratique ne peut être elle-même décisive sans affirmation d’intérêts et de désirs : la raison est toujours au service de la régulation des désirs et une raison sans désir est aboulique (indéfiniment indécise) ; un désir peut être plus ou moins raisonnable et raisonné mais il n’ y a pas de raison, dans la domaine pratique, indifférente. Elle resterait impuissante car elle renverrait à l’infini la possibilité même de la décision...
J’espère avoir répondu à vos questions, ou, pour le moins, d’avoir ouvert pour vous le sens et le désir du questionnement.