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De la fiction démocratique

L’idée de démocratie apparaît contradictoire, ou en tout cas suppose réunies des conditions de possibilité irréalistes. En quoi ?

En ce que, prise à la lettre, elle prétend exiger que le peuple se gouverne lui-même directement ("gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple"), non seulement en ce qui concerne la définition des lois générales, mais aussi en ce qui concerne leurs applications particulières dans les domaines exécutif et judiciaire, voire éducatif. Tous les pouvoirs au peuple sur le peuple, telle semble être la définition de la démocratie idéale. Or, dès Platon, et dans toute l’histoire de la philosophie, cette prétention démocratique a été soumise à une critique radicale (ou de principe) sur trois points.


1) Le peuple est spontanément une multitude nécessairement désunie et divisée en conflits de valeurs et d’intérêts incompatibles : les riches contre les pauvres, les dominants contre les dominés clivés selon une hiérarchie nécessaire à tout ordre social spontané, les croyants et les non-croyants, les puissants et les faibles, etc.

2) Le peuple est formé dans sa majorité d’ignorants de la chose publique et des exigences qu’elle implique, et ne peut, de ce fait, être raisonnable, en cela que les opinions qui s’opposent entre elles, en son sein, sont toujours particulières, et donc passionnelles, et aveugles à l’intérêt général et au long terme, ou pire, se prétendent seules conformes à un intérêt général contre les autres, rendant celui-ci introuvable.

3) Ce peuple, qui en tant que tel n’existe pas, ne peut se réunir en un seul corps pacifique ou pacifié, et donc se mettre à exister, que sous la contrainte d’un pouvoir unificateur, et il est contradictoire de faire que ce pouvoir puisse exercer cette autorité unificatrice indispensable et, dans le même temps, être soumis à la multiplicité changeante des opinions et à la contestation permanente de cette autorité par des gens qui prétendent dénier cette autorité en la contrôlant et en la soumettant à leurs revendications contradictoires et fluctuantes. Sans transcendance d’un pouvoir autonome fort, il ne peut exister de corps politique ordonné, et encore moins de souveraineté populaire.

Cette vision de la démocratie a donc conduit nombre de philosophes à en contester l’idée même, en la présentant comme la forme la plus extrême de la tyrannie (Platon), soit de tous contre tous (anarchie violente), soit sous la forme du despotisme d’un chef suffisamment charismatique pour diriger les dominés en leur faisant croire, par identification à sa personne, qu’il est l’expression même des passions collectives religieuses, ou politiques pseudo-spontanées qu’il suscite et exploite (ex : nationalisme exclusif et exacerbé, ainsi que toutes les formes de ce que l’on appelle aujourd’hui le populisme démagogique, ou de la flatterie politique). Rousseau lui-même ne disait-il pas dans son Contrat social que la démocratie ne peut valoir que pour des dieux parfaits et parfaitement unis car totalement raisonnables (sans passion), et non pour des hommes ? De même Kant affirme-t-il que la démocratie tend à fusionner les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, ce qui est la marque du despotisme liberticide. Sans vertu des citoyens, pas de démocratie possible, avait déjà averti Montesquieu. Hegel rend responsable l’idée de démocratie directe qui pose les droits subjectifs des citoyens (droits de l’homme et du citoyen) comme fondement des droits objectifs (collectifs) de la terreur révolutionnaire. Donc, la démocratie serait le pire des régimes possibles et, au pire, absence de tout régime politique et de toute vie civique pacifiée, car cause originelle de désordres et de violences généralisés et indifférenciés (état de nature comme état de guerre).

Mais cette critique bute nécessairement sur la question de savoir sur quoi fonder l’autorité politique pour la rendre non despotique ou légitime (juste aux yeux des gouvernés), dès lors que la transcendance du pouvoir ne peut plus être référée à Dieu ou à un quelconque ordre divin salvateur révélé et éternel sacré (indiscutable). La raison, apanage des seuls philosophes selon Platon, ne peut en politique fournir, clé en main, de définition concrète et univoque de l’intérêt général, car celui-ci suppose des choix entre des valeurs fondatrices concrètement divergentes (sécurité/liberté, liberté/solidarité et liberté/ égalité) en réalité, et tout compromis raisonnable est nécessairement le résultat et l’enjeu des rapports des forces entre les diverses opinions. Il faut donc dire que nul ne détient la vérité en politique, qui ne peut être comparée en cela aux mathématiques et à la logique pures. Il faut donc bien, pour qu’un compromis soit trouvé, se rendre au principe majoritaire, c’est-à-dire à l’opinion la mieux partagée à tel ou tel moment, quitte à en changer ultérieurement. Ce principe déclare -et cela est une construction de l’esprit, à savoir une fiction raisonnable- que l’avis de la majorité fait office de vérité en politique ; ce qui implique que la minorité doit se soumettre au pouvoir de la majorité, jusqu’à ce qu’elle devienne elle-même majoritaire !
Or cela ne va pas de soi.
1) Aucune majorité ne peut définir directement une ligne politique claire et cohérente : les majorités sont toujours spontanément issues d’alliances ou d’alliages idéologiques confus.

2) Sauf à prendre ce principe pour une réalité, donc à transformer cette fiction en illusion, un tel principe suppose que des spécialistes de la chose publique élus par la majorité soient chargés de représenter les citoyens afin de définir une ligne politique majoritaire cohérente, et de la faire appliquer par d’autres spécialistes formés à interpréter la loi et à sanctionner les citoyens qui la violeraient.

3) La démocratie réelle ne peut être qu’indirecte, et en cela organiser, de quelque façon que ce soit, la délégation du pouvoir théorique des citoyens en démocratie au profit d’une minorité de gouvernants ou de responsables politiques qui décident à leur place, sous la réserve toutefois de se faire éventuellement chasser du pouvoir aux élections suivantes, si la majorité change et s’ils n’ont pas satisfait aux attentes, même confuses, de leurs électeurs. Autant dire que la démocratie pure, qui serait considérée comme réalisable, ne peut être qu’une illusion, et que, si on veut éviter qu’elle ne le soit, il convient de la limiter à la démocratie dite indirecte, c’est-à-dire au pouvoir autonome temporaire (mais pas indépendant) des responsables majoritairement élus sur les citoyens.

Mais ce pouvoir démocratique indirect lui-même n’est légitime que s’il prétend se fonder sur l’idée de souveraineté populaire, et si les représentants gouvernants se disent au service de tous les citoyens-électeurs, non seulement de ceux qui les ont élus mais aussi de ceux qui n’ont pas voté pour eux. Ainsi les dirigeants démocratiques doivent nécessairement se soumettre au droit qu’ont les citoyens de critiquer leur action, voire de résister pacifiquement et publiquement à tel ou tel projet de loi qui serait jugé contestable par telle ou telle fraction d’entre eux, majoritaire ou non. Les représentants élus doivent donc à la fois diriger les citoyens, décider pour eux, et leur donner le sentiment qu’ils sont dirigés par eux. La démocratie indirecte ne serait donc une réalité (une non illusion) qu’au prix d’une contradiction latente, alors que la pure démocratie, seule cohérente dans son concept, serait une pure illusion, si on voulait l’appliquer réellement. Comment sortir de ce paradoxe, tout en préservant l’idée démocratique comme principe politique régulateur, dès lors que tout autre est dépourvu de légitimité, dans un cadre laïque qui sépare la politique du religieux et les dirigeants de tout pouvoir divin transcendant (extérieur et supérieur) ?

Une seule réponse est possible : il faut améliorer le fonctionnement de la démocratie indirecte, en faisant participer les citoyens au débat politique raisonné, sachant que les choix à faire sont toujours des paris incertains sur l’avenir, et qu’ils peuvent échouer, non seulement par la faute des dirigeants, ce qui serait un problème relativement facile à traiter, mais par la résistance du réel et des rapports de forces sociales qui n’ont pas été suffisamment pris en compte dans la définition des objectifs et des programmes.

Un choix politique est toujours celui d’un moindre mal, et la définition de celui-ci peut évoluer. Une majorité peut en remplacer une autre, et les gouvernants le savent : l’arbitraire de leur pouvoir est limité, et non pas supprimé par le pouvoir de voter des citoyens.

Il n’ y a pas de vérité en politique, seulement des essais, erreurs et correctifs alternant, plus ou moins risqués et avantageux pour le plus grand nombre. Comme le savait déjà Aristote, une démocratie indirecte se gouverne toujours plus ou moins au centre, pour convenir au plus grand nombre ; encore faut-il qu’il y ait très peu de pauvres et de très riches, et qu’une mobilité sociale effective puisse donner à tous l’espoir et le désir de progresser.


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45 réactions à cet article    


  • Jesrad (---.---.20.126) 4 septembre 2006 11:45

    Article très intéressant, qui met à jour les fondements philosophiques et logiques de la démocratie !

    Néanmoins je ne suis pas d’accord avec vous sur ceci :

    Mais cette critique butte nécessairement sur la question de savoir sur quoi fonder l’autorité politique pour la rendre non-despotique ou légitime (juste aux yeux des gouvernés) dès lors que la transcendance du pouvoir ne peut plus être référée à Dieu ou à un quelconque ordre divin salvateur révélé et éternel sacré (indiscutable) . La raison , apanage des seuls philosophes selon Platon, ne peut en politique fournir, clé en main, de définition concrète et univoque de l’intérêt général , car celui-ci suppose des choix entre des valeurs fondatrices concrètement divergentes (sécurité/liberté, liberté/solidarité et liberté/ égalité) en réalité et tout compromis raisonnable est nécessairement le résultat et l’enjeu des rapports des forces entre les diverses opinions. Il faut donc dire que nul ne détient la vérité en politique qui ne peut être comparée en cela aux mathématiques et à la logique pures.

    En réalité, il est parfaitement possible de fonder la légitimité et la justice sur la raison et les faits observables, sans avoir besoin d’une autorité supérieure comme Dieu ou la Majorité ou le Despote, c’est ce que font depuis le 12ème siècle les tenants du Droit Naturel, de Thomas d’Aquin à Murray Rothbard an passant par Hugo Grotius et John Locke.

    D’ailleurs, il n’est possible de juger de la légitimité et de la justice d’une philosophie politique autrement qu’en usant de la pensée rationnelle, ce que vous avez d’ailleurs fait dans l’article ! On voit donc qu’on ne peut réfuter un axiome si l’on en a besoin pour le réfuter smiley

    Nul ne détient la vérité politique, mais n’importe qui peut parvenir à cette vérité en usant de raison. Exemple : l’homme est un être vivant conscient, qui agit de par sa volonté propre, on dit qu’il possède le libre-arbitre. C’est un fait observable, que tout le monde peut vérifier : par nature, l’homme fait ce qu’il désire faire. A partir de ce fait, qui n’émane d’aucune « autorité » mais simplement de l’existence même de l’homme, on peut déduire que l’homme désire la liberté, car l’absence de liberté s’opppose directement à sa nature.

    On peut alors déterminer une définition logique de la liberté : c’est la possibilité pour l’homme de faire ce qu’il veut.

    Si on considère ensuite plusieurs hommes interagissant, on peut voir que l’homme peut vouloir restreindre la liberté d’un autre : si la liberté permet de restreindre la liberté, alors elle est fausse car contradictoire avec ele-même (démonstration par l’absurde). La définition logique de la liberté est donc, dès lors qu’il y a plusieurs hommes : la possibilité pour chacun de faire ce que chacun veut sans empêcher quiconque de faire de même. Cette définition permet de déduire des Droits fondamentaux.

    Et ainsi de suite. Cette philosophie politique de « Droit Naturel » a donné la Magna Carta brittanique, la Constitution des USA, et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen, qui font très souvent foi en matière de justice et de liberté.

    Vous pouvez lire la démonstration complète, poussée jusqu’à la détermination d’un modèle réaliste de société respectant tous les droits fondamentaux (droits naturels) des hommes dans « l’éthique de la liberté » de Murray Rothbard, à lire ici.


    • Jesrad (---.---.20.126) 4 septembre 2006 16:32

      J’ajouterais qu’il est dangereux pour un libéral de ne pas avoir de théorie normative de la justice, pour des raisons historiques (les communistes et socialistes ont montré leur prépondérance à occuper ce terrain dans le passé, lointain comme récent) et des raisons de logique (sans capacité à remettre en question le statu quo autrement que sur des considérations économiques, le progrès est impossible) sans oublier des raisons humaines (je ne dis pas que l’agnosticisme est mauvais, mais que le scepticisme en tout est déprimant et creux).


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 5 septembre 2006 08:57

      1) Les droits de l’homme ne sont naturels que pour une philosophie naturaliste du droit, historiquement démentie par toutes les cultures qui les refusent (au profit des droits de Dieu par exemple) : ils sont les axiomes pragmatiques de régulation des sociétés modernes pluralistes et individualistes et non plus, en droit sinon en fait, holistes ou traditionalistes. Cette vision naturaliste des droits de l’homme est elle-même historiquement datée : elle visait dans le cadre des monarchies théocratiques de l’époque à persuader le plus grand nombre que celles-ci étaient anti-naturelles et donc que les droits de l’homme devaient s’imposer comme fondement de toute légitimité politique, contre la vision théologico-politique dominante à l’époque, définit elle-même comme naturelle car divin par les puissances théologico-monarchiques. L’argument naturaliste des droits de l’homme était un argument non pas philosophique (rationnnellement fondé) mais polémique, c’est à dire rhétorique dans le cadre d’ue contexte politico-religieux précis et aujourd’hui dépassé.

      2) Les droits de l’homme mettent en jeu des principes qui peuvent être dans les situations concrètes en conflit (liberté individuelle/solidartité collective ; égalité et liberté d’agir pour l’emporter dans la compétition sociale etc..) Il ne suffit pas de les déclarer compatibles, voire théoriquement indissociables, pour qu’ils le soient en réalité dans le cadre de nos sociétés pluralistes dans lesquelles les individus et les groupes sociaux peuvent leur donner des contenus concrets différents voire antagonistes ; sinon il n’existerait pas des partis politiques démocratiques opposés qui tous s’en réclament pour se justifier. Les droits de l’hopmme, s’ils sont dans nos sociétés, nécessaires ne suffisent pas à définir une politique concrète..Il n’ y a donc pas « une » politique des droits de l’homme, car toute celles, opposées sur leur contenu poltique, qui respectent le cadre démocratique y font référence avec des compromis différents entre les principes de l’égalité, de la liberté et de la solidarité (selon moi l’idée de fraternité n’est pas un concept poltique mais infra-politique : être frère c’est être familialement proches, or la politique concerne nos relations avec qui ne nous est pas proche, voire nos adversaires poltiques et sociaux).

      3) La raison pratique ne peut être elle-même décisive sans affirmation d’intérêts et de désirs : la raison est toujours au service de la régulation des désirs et une raison sans désir est aboulique (indéfiniment indécise) ; un désir peut être plus ou moins raisonnable et raisonné mais il n’ y a pas de raison, dans la domaine pratique, indifférente. Elle resterait impuissante car elle renverrait à l’infini la possibilité même de la décision...

      J’espère avoir répondu à vos questions, ou, pour le moins, d’avoir ouvert pour vous le sens et le désir du questionnement.


    • Jesrad (---.---.20.126) 5 septembre 2006 11:00

      Il ne suffit pas de les déclarer compatibles, voire théoriquement indissociables, pour qu’ils le soient en réalité dans le cadre de nos sociétés pluralistes dans lesquelles les individus et les groupes sociaux peuvent leur donner des contenus concrets différents voire antagonistes ;

      Et vous ne devriez pas juste croire que les principes du Droit Naturel sont cohérents en toute situation juste parce que je vous le dis, mais parce que vous pouvez le vérifier vous-même par raisonnement, ainsi que le fait Murray Rothbard dans le texte dont j’ai donné le lien smiley

      L’argument naturaliste des droits de l’homme était un argument non pas philosophique (rationnnellement fondé) mais polémique

      En fait, le premier à avoir établi une base philosophique acceptable pour le Droit Naturel est Ludwig von Mises dans « l’Action Humaine ». Le fait que ses principes soient fondés dans la raison font que l’évolution vers ces principes par la société jusque là se faisait par tâtonnement et correction progressive. C’est à dire par induction empirique. Par exemple, si vous comparez le droit commun en vigueur en Irlande médiévale avant la conquête de Cromwell, où le droit était construit au fur et à mesure par des agents juridiques privés indépendants, le modèle ainsi construit avait beaucoup de points communs avec le modèle purement déductif proposé depuis par von Mises et Rothbard.

      Autrement dit, vous attaquez juste l’une des deux méthodes historiques permettant d’arriver au modéle du Droit Naturel.

      En plus vous vous focalisez sur les « droits de l’homme » alors que ceux-ci ne sont pas l’aboutissement actuel du Droit Naturel. Je l’ai dit plus haut, je le répète, il ne s’agit pas d’avoir une vérité absolue complète tout faite, mais d’avoir une méthode absolue de découvrir cette vérité petit à petit, exactement comme la méthode scientifique pour découvrir les lois de l’Univers. Au lieu de jeter le bébé avec l’eau du bain, de rejeter le Droit Naturel dès que l’une de ses formes pratiques contient une incohérence, il faut raisonner et comprendre la cause de l’erreur pour corriger le modèle.

      La raison pratique ne peut être elle-même décisive sans affirmation d’intérêts et de désirs : la raison est toujours au service de la régulation des désirs et une raison sans désir est aboulique (indéfiniment indécise) ; un désir peut être plus ou moins raisonnable et raisonné mais il n’ y a pas de raison, dans la domaine pratique, indifférente. Elle resterait impuissante car elle renverrait à l’infini la possibilité même de la décision

      Je vous renvois à Kant, qui a montré comment une décision ne peut être une décision si elle est prédéterminée smiley


    • Jesrad (---.---.20.126) 5 septembre 2006 11:08

      « Le fait que ses principes soient fondés dans la raison font que l’évolution vers ces principes par la société jusque là se faisait par tâtonnement et correction progressive. »

      Je voulais en fait écrire :

      Le fait que ses principes soient fondés dans la raison font qu’il arrive à un modèle qui semble « généré spontanément » par pure déduction, alors que l’évolution vers ces principes par la société jusque là se faisait par tâtonnement et correction progressive.


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 5 septembre 2006 12:07

      C’est en cela que je ne suis pas kantien (idéaliste) mais plutôt spinoziste (réaliste).Les sciences neuro-cognitives confirment expérimentalement que toute décision raisonnable ou rationnelle suppose la détermination par un désir prédominant ; ne serait-ce que le désir de se valoriser (respect de soi) en s’affirmant raisonnable. Du reste Kant n’a jamais dit qu’il était certain que nous puissions agir par seul souci du devoir (« action par devoir ») pas plus qu’il n’ a dit que la vision morale pure (par soumission à un impératif catégorique) qui était la sienne était humainement vivable...Il n’a fait du reste de la liberté morale de la raison par raport au désir qu’un postulat métaphysique de la moralité et non une vérité de connaissance. mais laissons là ce débat technique ; pu tout approfondissement je vous renvoie à mon texte : Critique de la raison morale


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 5 septembre 2006 12:09

      C’est en cela que je ne suis pas kantien (idéaliste) mais plutôt spinoziste (réaliste).Les sciences neuro-cognitives confirment expérimentalement que toute décision raisonnable ou rationnelle suppose la détermination par un désir prédominant ; ne serait-ce que le désir de se valoriser (respect de soi) en s’affirmant raisonnable. Du reste Kant n’a jamais dit qu’il était certain que nous puissions agir par seul souci du devoir (« action par devoir ») pas plus qu’il n’ a dit que la vision morale pure (par soumission à un impératif catégorique) qui était la sienne était humainement vivable...Il n’a fait du reste de la liberté morale de la raison par rapport au désir qu’un postulat métaphysique de la moralité et non une vérité de connaissance. mais laissons là ce débat technique ; pour tout approfondissement je vous renvoie à mon texte : Critique de la raison morale


    • Jesrad (---.---.20.126) 5 septembre 2006 13:46

      Ah, je vois, vous refusez la raison comme déterminant moral... mais ce n’est pas mon propos ! Je conserve justement une distinction entre morale et justice, parce que l’une est subjective et par nature, comme le montre Spinoza comme vous le dites, irrationnelle, alors que la justice est réaliste et pratique, et comme je le soutiens, rationnelle.

      Ainsi, libre à chacun de se laisser aller contre ce qui est juste pour des raisons morales, il n’empêche que la justice sera légitime dans son action correctrice et punitive si elle peut le justifier de manière rationnelle.

      Le Droit Naturel ne prétend pas construire une morale absolue (chimère) mais fournir les lois absolues qui doivent régir le comportement entre humains (c’est son objectif ultime de même que la science a celui d’établir les lois ultimes régissant l’Univers).


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 5 septembre 2006 17:03

      Aucune loi ne peut être rationnellement dite absolue, ni dans le domaine de la connaissance, ni dans le domaine pratique : l’absolu échappe par définition à la raison fondée sur l’expérience toujours relative aux conditions, à nos valeurs et à nos interprétations. .

      Du seul point de vue du travali de la raison qui consiste toujours à mettre en relation et donc à relativiser nos enoncés par rapport aux conditions et critères relatifs de leur pertinence, la raison ne peut penser l’absolu (cf ; : Pascal) et encore moins quand elle met le travail critique au coeur de sa démarche (toute prétention à l’absolu est en droit criticable par la raison). L’absolu appartient à la métaphysique et donc à la croyance au bout du compte mystique et n’est pas prouvable ni même définissable par le raisonnement.

      À ce propos Kant avait raison losqu’il disait que la liberté morale, comme toute proposition métaphysique, (absolue) était inconnaissable , mais tort quand il affirmait qu’elle(s) étai(en)t pensable(s) rationnellement : elle(s) n’est (sont) pensable(s) que mystiquement , si tant est que la pensée mystique d’un absolu quelconque soit autre chose qu’un sentiment poético-religieux d’adhésion à un objet révélé nécessairement ineffable (Cf Pascal), ce qui n’est qu’un fait vécu subjectivement (la foi), et que l’existence objective (hors de la pensée ou de l’imagination) de cet objet puisse être affirmée , ce qui est indémontrable. Il y a illusion métaphysique dès lors que l’on affirme comme vérité absolue objective (ce qui selon moi est absurde) et qui plus est rationnellement démontrable une simple croyance subjective objectivement indémontrable.

      ça va ? pas trop pointu ?


    • Jesrad (---.---.20.126) 5 septembre 2006 17:44

      Non, ce n’est pas trop pointu. C’est d’ailleurs une charge très très classique contre le Droit Naturel, qui remonte à Hume, et qui est couramment utilisée par les post-modernistes.

      Mais Hume introduisait des faits normatifs dans sa philosophie (comme la nécessité de l’ordre social à fin de bonheur humain), il reconnaissait donc qu’il avait tort de croire en l’impossibilité de leur existence. Autrement dit, il admet implicitement qu’il existe des faits observables qui dictent la conduite humaine.

      L’absolu appartient à la métaphysique et donc à la croyance au bout du compte mystique et n’est pas prouvable ni même définissable par le raisonnement.

      C’est « l’appel au mystique » par lequel on met en doute l’entendement humain et donc la possibilité de connaître une vérité absolue par usage de la raison.

      2+2=4, par raisonnement déductif en partant des axiomes connus des mathématiques. Voilà une vérité absolue découvrable par la raison, vous avez perdu smiley


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 5 septembre 2006 18:26

      Vouzs vendez a peau de l’ours mon cher : vous confondez validité formelle et vérité expérimentale :

      1) si tant est qu’ une vérité de mathématiques soit absolue, elle ne l’est que dans un cadre axiomatique déterminé.

      2) Elle ne porte pas sur la réalité des relations humaines, ni sur un contenu empirique quelconque mais sur un système formel, au contraire d’une loi physique ou pratique

      3) Vous ne pouvez me démontrer que la violence est nécessairement un mal et la non-violence un bien : tout dépend de votre système de valeur et du choix que vous opérez entre elles qui n’est pas nécessairement le mien, mais aussi des circonstances : la violence contre qui nous agresse peut être sinon un bien du moins un moindre mal par rapport à la non violence (légitime défense). Vous ne pouvez non plus me démonter que mentir soit toujours un mal : les résistants avait raison de mentir sous la torture...etc..

      Ne soyez pas présomptueux et ne décidez pas de la victoire avant la fin du dialogue (du combat) ; vous ne pouvez vous faire arbitre et partie : du reste il est probable qu’un tel dialogue n’a pas de fin rationnelle possible, comme tous les débats philosophiques sur des questions de principes ou de convictions fondamentales ; c’est du reste en cela que ma position est valide : vous n’avez pas plus la vérité absolue que moi, à la différence que moi je le sais et que vous faites semblant de croire que vous la détenez... absolument. Mais il est nécessaire de le savoir pour éviter l’illusion et permettre dans tel ou tel cas concret un dialogue critique fructueux sur la validité ou non de telle ou tel compromis légal (et toute loi positive est toujours un compromis entre des exigences peu cohérentes entre elles qu’il faut limiter pour les rendre telles) au regard de ses conséquences et des critères empiriques dont nous disposons pour en juger dans telle ou telle situation expérimentale et/ou historique. Votre visée de l’absolu est absolument relative à votre illusion qui consiste à croire que, dans le domaine éthique et politique, une vérité absolue est possible et serait du même type, formel, et non pas expérimental et relatif à vos axiomes de base qu’en mathématique (interprété d’une manière très discutable ; voir plus haut)).

      Du reste si cela était vrai, cela se saurait et la démocratie élective n’aurait aucun sens. La politique serait l’affaire d’experts tous d’accords entre eux sur les décisions à prendre. Cette monarchie philosophique ne peut conduire qu’ à l’échec et/ou au totalitarisme. Ce qui ne dispense pas de raisonner mais exige de préciser sur quelles bases relatives afin de clarifier les positions en présence et de faire des choix rigoureux et argumentés, sachant qu’un argument n’est pas une démonstration ni une preuve suffisante, car la suffisance dans ce domaine est inaccessible. Je n’ai pas de bonne raison de la regretter.


    • Jesrad (---.---.20.126) 5 septembre 2006 18:57

      si tant est qu’ une vérité de mathématiques soit absolue, elle ne l’est que dans un cadre axiomatique déterminé.

      Ah, on progresse. Dans mon post de départ j’ai établi des axiomes et ai tenté d’en déduire quelques faits normatifs. Reconnaissez-vous statut de science au Droit Naturel, ou non ?

      Ne soyez pas présomptueux et ne décidez pas de la victoire avant la fin du dialogue (du combat) ; vous ne pouvez vous faire arbitre et partie : du reste il est probable qu’un tel dialogue n’a pas de fin rationnelle possible, comme tous les débats philosophiques sur des questions de principes ou de convictions fondamentales ; c’est du reste en cela que ma position est valide : vous n’avez pas plus la vérité absolue que moi, à la différence que moi je le sais et que vous faites semblant de croire que vous la détenez... absolument.

      Je vous asticote pour garder le débat en vie, pas de panique.

      En tentant de nier la valeur objective du jugement rationnel, vous faites un jugement de valeur objectif à l’aide de la raison. Votre affirmation d’impossibilité de vérité absolue est-elle une vérité absolue ? Ou alors dépend-elle de votre système de valeur ? C’est ça l’énervant avec l’axiomatique normative : on ne peut pas s’en dépêtrer, elle fait partie de l’Univers ! smiley Je vous avais prévenu, en vous lançant dans cette discussion, un peu comme Hume, de fait vous vous contredisez.

      En réalité, il est parfaitement possible de démontrer rationnellement que dans tel cas la violence ou la non-violence est légitime, l’expérimentation de l’histoire a permis de venir à des règles naturelles, par induction, tandis que Locke, Hobbes et l’école autrichienne parvenait à ces règles par déduction. Et les théoriciens du Droit Naturel font ce genre de justification rationnelle de la justice depuis longtemps et améliorent le modèle continûment, de même que les scientifiques progressent de leur côté vers de meilleurs modèles dont on peut de même juger de la valeur, objectivement.

      Du reste si cela était vrai, cela se saurait

      Belle tarte à la crème. Il se trouve que cela se sait smiley


    • Jesrad 5 septembre 2006 19:56

      La politique serait l’affaire d’experts tous d’accords entre eux sur les décisions à prendre. Cette monarchie philosophique ne peut conduire qu’ à l’échec et/ou au totalitarisme. Ce qui ne dispense pas de raisonner mais exige de préciser sur quelles bases relatives afin de clarifier les positions en présence et de faire des choix rigoureux et argumentés, sachant qu’un argument n’est pas une démonstration ni une preuve suffisante, car la suffisance dans ce domaine est inaccessible. Je n’ai pas de bonne raison de la regretter.

      J’ajouterais juste que le relativisme que vous défendez est déjà cette monarchie philosophique que vous dénoncez. Elle a d’ailleurs fait beaucoup de mal à la société.


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 5 septembre 2006 21:01

      Sur cette position et si vous prétendez au pouvoir, je vous souhaite bien du plaisir : Platon s’y est déjà cassé les dents (lettre VII)


    • Jesrad 5 septembre 2006 23:43

      Cela me rappelle ce mot de Mencken :

      « Naturellement, après une révolution, les révolutionnaires vainqueurs essaient toujours de convaincre les incrédules qu’ils ont accompli de grandes choses, et d’ordinaire ils pendent quiconque refuse de l’admettre. »

      Ne vous méprenez pas sur mes intentions, je ne cherche qu’à convaincre et faire douter tout à la fois (je suis missionaire discordien d’où ce pseudo), la révolution c’est pas mon truc. Et j’espère que j’ai pu vous apporter autre chose que des aigreurs d’estomac. Au plaisir de vous lire encore !


    • Marsupilami (---.---.169.172) 4 septembre 2006 11:52

      Bravo pour cet excellent article et ces très pertinentes propositions, très utiles étant données les futures échéances électorales.


      • ZEN zen 4 septembre 2006 12:28

        Merci à l’auteur pour cette bonne synthèse, qui nous ramène à l’essentiel, qui nous change de la cacophonie ambiante et du crétinisme avancé de certains discours dits « politiques » et de média inféodés aux intérêts dominants.


        • (---.---.79.11) 4 septembre 2006 13:18

          La démocratie est la forme pervertie de la république (de la polis, pour être plus exact).

          Refuser la démocratie est donc un devoir pour tout les républicain. Le peuple vote et abandonne toute souverainteté pour le confier à l’élite, le peuple désigne qui va le commander, et son rôle et donc de départager les luttes entre aristocrates. Pour le reste, personne n’a besoin de lui.


          • wieeinstlilimarleen 7 septembre 2006 10:25

            C’est de l’humour ?

            Rappelons tout de même que la res publica, la chose commune, la république, est une invention romaine. Or Rome n’a jamais été une démocratie. L’association des deux est une invention de l’époque moderne.

            Donc, non, la démocratie n’est pas une forme pervertie de la res publica. Et polis signifie cité en grec, ce qui peut être rapproché de la res publica, mais désigne prioritairement l’organisation des cités grecques (organisation dite poliade), qui étaient de diverses natures (démocraties, oligarchies, tyrannies).


          • GRL (---.---.91.38) 4 septembre 2006 13:48

            Se rendre compte de la nécessité qu’a developpé chaque peuple à embrasser telle ou telle idéologie et comprendre qu’il y a d’un coté un vecteur , un ideal censé montrer le chemin et d’autre part , une toile connexionniste de ceveaux humains qui interpretent individuellement la démocratie ( en ce qui concerne le sujet ) de maniere personnelle et différente pour les individus de cette toile , mais aussi , suffisament ressemblante parce que le vecteur idéologique réunit tout de même les cellules de la bete sociale , la dite toile humaine , et qu’il inscrit au moins une direction qui semble commune au superorganisme , et donc , à toutes ses cellules , nous.

            Ainsi , une grande majorité de gens tient à la démocratie , et devant la maniere dont elle est successivement bafouée , demande et demandera de maniere de plus en plus insistante , non pas à ce qu’elle disparaisse mais bien à ce qu’elle évolue .

            Le vecteur idéologique reste le même , l’interpretation elle évolue progressivement , peut etre vers une démocratie beaucoup plus participative , étant donné la multitude de questions qui nous parviennent , et dans laquelle le vecteur idéologique républicain nous autorise à exprimer opinion ou demander révision . Simplement l’histoire avance lentement et la démocratie en question , si elle veut retrouver sa pertinence en évoluant, devra probablement attendre d’y etre acculée , la nature ouvrant les grandes phases de progres qu’à l’occasion des periodes de grande menace .

            Je crois tres profondément à l’évolution du « mème » démocrate dans le sens où ce que nous vivons là , depuis le sortir de la guerre de 40 , arrive à un terme en matiere de continuité . La bête sociale , la toile connexionniste , a emmagasiné des données informelles puissantes qui lui permettent d’évoluer en qualité de machine à apprendre . Le démocrate de demain veut participer à la question du jour , il sait que la technologie nous permet de réaliser cet echange avec le corps dirigeant . Nous en sommes au stade de l’éveil . Et je souhaite personnellement que les arguments évolutionnistes de nos systemes gouvernementaux se feront lors du prochain mandat présidentiel , de plus en plus insistants .

            GRL


            • candidat007 (---.---.122.128) 4 septembre 2006 13:48

              je comprends bien que pour les besoins de la démonstration pour utilisiez les termes, « directe » et « indirecte », mais je pense qu’au moins une fois, à la fin de votre texte par exemple, vous auriez pu dire « démocratie représentative » au lieu de « démocratie indirecte ».

              Par ailleurs certains éléments de la démocratie directe ne sont pas illusoires. Ainsi,la souveraineté populaire peut aussi s’exprimer à un moment donné, sur un objet précis, ou un objectif donné, par la procédure référendaire.

              Quant au titre je le trouve assez mal adapté, quoique qu’accrocheur en ses temps troublés, car il ne s’agit pas d’une « fiction » puisque de toute façons il faut faire avec et même votre article est là pour le démontrer.


              • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 5 septembre 2006 09:30

                Une fiction est une construction idéale qui n’existe nulle pas telle quelle dans la réalité ; si on tente de la réaliser d’une manière plus ou moins approchée, sa réalité n’est et ne peut jamais être identique à la vision purement théorique que l’on en a.

                Une illusion est une fiction que l’on prend à tort pour la réalité...

                Une fiction est donc nécessaire à tout projet pratique au contraire d’une illusion qui lui est, à terme, nuisible.


              • (---.---.162.15) 4 septembre 2006 14:12
                  La démocratie réelle ne peut être qu’indirecte

                Vlan, vous nous balancez ça dans les dents et il faudrait qu’on le gobe !

                Allez donc en Suisse et vous verrez que la démocratie directe existe, en partie, bien sûr. En France aussi, avec les référendums.

                Je crois plutôt que vous n’aimez pas la démocratie directe et que vous voudriez éradiquer ce qui en existe. Le résultat du vote sur la Constitution européenne vous est resté au travers de la gorge.

                Am.


                • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 5 septembre 2006 09:46

                  La démocratie « directe » ne peut fonctionner que dans un espace politique autarcique de proximité , dans lequel chacun connaît chacun et où tous ont conscience d’avoir des intérêts communs forts et partagent les mêmes valeurs positives.

                  Ce n’est pas le cas dans les états pluralistes et où les décisions politiques sont complexes, encore moins dans une société très ouverte sur l’extérieur. Une mise en cohérence des objectifs et des moyens est alors nécessaire dans un jeu de contraintes qui échappent à la plupart des électeurs de base. D’où la nécessité d’une représentation politique pour assurer cette mise en cohérence ; c’est à dire la une mise en forme d’une politique efficace qui répondent aux besoins du plus grand nombre (démocratie indirecte ou représentative).

                  Ce qui ne veut pas dire qu’il faille écarter les citoyens du débat mais il convient de ne pas faire de démagogie, c’est à dire de leur présenter des analyses rationnelles alternatives qui permettent de fonder des mesures qui peuvent spontanément paraître impopulaires, mais qui sont nécessaires à l’intérêt général dans tel ou tel contexte de contraintes objectives.


                • wieeinstlilimarleen 7 septembre 2006 10:20

                  La Suisse vivrait en autarcie ? Mais avez-vous déjà foutu les pieds en Suisse ?

                  Vous dites que le propre d’une société ouverte sur l’extérieur est que les gens n’y ont pas « conscience d ?avoir des intérêts communs forts » et ne « partagent [pas] les mêmes valeurs positives ». Donc une société ouverte n’est pas une société. Il n’y a de société que si il y a un fondement commun, une alliance (c’est le sens même du terme : socii, les alliés).

                  Il ne faut « pas faire de démagogie » : grande conclusion !


                • éric (---.---.160.46) 4 septembre 2006 14:32

                  En effet la démocratie directe est difficile à mettre en oeuvre. Mais la rejeter me paraît condamner le peuple à confier entre les mains de quelques-uns (toujours les mêmes par rotation) le devenir de chacun. Il me semble utile de réflechir à un mode de démocratie directe, même si la construction est difficile à élaborer.


                  • minijack minijack 4 septembre 2006 16:48

                    La Démocratie n’est pas une fiction. Elle est une utopie réalisable et parfois réalisée. Elle souffre simplement d’imperfections, comme tous les « systèmes » humains, dès lors que les débordements de certains y introduisent des dérives.

                    Il me paraît tout aussi faux de la vouloir toute directe que toute indirecte. Certaines choses doivent être directes, d’autres indirectes, d’autres confiées sous contrôle parlementaire à des collèges de spécialistes, etc...

                    En fait, la Démocratie peut se regarder comme une nébuleuse, composée de molécules gazeuses éparses ou regroupées en grumeaux, en amas, en planètes, et incluant ses propres règles générales d’influence à grande distance, puis d’ordre régional, de voisinage, familial, etc... Le tout obéissant à la loi commune de gravitation. Et en fonction de masse et de leur distance au pouvoir central (soleil) les règles applicables ne sont pas, ou ne devraient pas être, nécessairement les mêmes.

                    Votre analyse ne me paraît donc pas pertinente, car trop « centralisée » si je puis dire sur l’idée un modèle général. Depuis des siècles, la France souffre de ce modèle qu’un de mes amis appellait le « centralisme hydraulique » . Que ce soit pour le réseau ferroviaire, les décisions politiques ou la redistribution de l’impôt aux Régions, la France n’est qu’une immense toile d’araignée dont tous les fils structurant aboutissent à Paris. Comment voulez-vous que s’exerce une véritable démocratie dans ces conditions ? Toute Démocratie est nécessairement « à échelle humaine » et à géométrie variable, faute de quoi elle est inapplicable. Et c’est sans aucun doute pour cela que les petits pays structurés en provinces/cantons autonomes la vivent bien mieux que nous. (comme la Suisse, la Finlande ou la Suède, où le pouvoir est VRAIMENT décentralisé)

                    Mais ça ne suffit pas. Il faut aussi (surtout) que les réseaux d’information (les MEDIAS) soient eux aussi décentralisés, et surtout qu’ils soient suffisamment variés et autonomes pour ne pas tous concourir à une désinformation programmée. Or, nous sommes loin d’être dans ce cas. Depuis des siècles, l’Eglise conditionnait les mentalités de ses ouailles depuis la Chaire du dimanche. De nos jours, la télévision de l’ultralibéralisme mondial a remplacé la chaire et ce sont les JT des différentes chaînes qui nous abreuvent de fantaisies, toutes plus insipides et sans intérêt les unes que les autres, à l’heure où elles devraient nous INFORMER des choses importantes. Tant qu’on en sera là, vous pourrez oublier toute utopie démocratique..

                    .


                    • ZEN zen 4 septembre 2006 18:46

                      « Il faut aussi (surtout) que les réseaux d’information (les MEDIAS) soient eux aussi décentralisés, et surtout qu’ils soient suffisamment variés et autonomes pour ne pas tous concourir à une désinformation programmée »

                      FONDAMENTAL !


                    • Jesrad (---.---.20.126) 4 septembre 2006 18:17

                      On peut les voir bronzer dans l’poste, aussi.


                    • La Taverne des Poètes 4 septembre 2006 17:52

                      Je retiens surtout :

                      - « Il faut améliorer le fonctionnement de la démocratie indirecte, en faisant participer les citoyens au débat politique raisonné... » ==> La société civile doit non seulement être mieux représentée, elle doit aussi intervenir directement de façon complémentaire.

                      - « Un choix politique est toujours celui d’un moindre mal, et la définition de celui-ci peut évoluer. » ==> Gouverner c’est choisir et choisir le moindre mal. Mais il faut aussi parfois être plus ambitieux que cette sentence...

                      - « Comme le savait déjà Aristote, une démocratie indirecte se gouverne toujours plus ou moins au centre, pour convenir au plus grand nombre... » ==> Je suis d’accord avec lui. Se présente-t-il en 2007 ?

                      Lecture conseillée : mon article voisin du vôtre « Le Point D de la démocratie »


                      • gem (---.---.117.249) 4 septembre 2006 18:32

                        article interressant, bien écrit,

                        Je lui trouve néanmoins un vice fondamental : il semble qu’il prend le moyen (la démocratie) pour un but en soi !

                        Je prèfere de beaucoup la DDHC, article 1, 2, 4 et 16 notamment, qui méritent bien d’être cités (jamais trop) :

                        "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

                        Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression.

                        La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.

                        Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution. "

                        Voilà, tout est dit. Faut-il nécessairement des « représentants ». Non, évidemment. Peut-on soumettre tout et n’importe quoi à la loi et au vote ? Non plus. Comme le rappelle Minijack, il faut surtout un système le plus décentralisé possible, le plus souple (et aléatoire !) possible, où personne ni nul groupe (même majoritaire !) ne puisse mettre en branle à son profit le réseau des pouvoirs.

                        Par ailleurs, les oppositions que vous soulevez « (sécurité/liberté, liberté/solidarité et liberté/ égalité) », sont symptomatiques. Elles sont classiques, mais les liens ne sont pas que d’opposition (par définition de la DDHC, pas de liberté sans égalité et réciproquement). Surtout, vous auriez tout aussi bien pu soulever les 3 autres contradictions du tétraëdre : sécurité/solidarité, sécurité/égalité et solidarité/égalité. Et pourtant, c’est sur la liberté que vous mettez l’accent... De plus, vous faites l’impasse sur la résistance à l’oppression et aussi la propriété, alors qu’en pratique c’est bien la pierre d’achoppement, le « scandale », du système : indispensable et pourtant toujours honni. Autre mot remarquable : « solidarité ». En 89 c’était « fraternité », qui évoque une interaction plus large et profonde, plus sentimentale, moins matérialiste que la moderne « solidarité ». Au fond, la « solidarité, c’est de la »sécurité sociale", c’est-à-dire une bète composante de la sécurité. L’importance de ce mot dans le vocabulaire politique moderne est assez symptomatique d’une certaine dégradation des idéaux...

                        Voilà de quoi méditer.


                        • Jesrad (---.---.20.126) 5 septembre 2006 11:04

                          Il existe un moyen de déterminer le Droit de manière déductive (méthode qui a justement donné les Droits de l’Homme), voyez mon commentaire plus haut au sujet de l’existence possible d’une vérité politique smiley


                        • arturh (---.---.119.98) 5 septembre 2006 06:31

                          Votre raisonnement ne peut pas fonctionner, puisque vous ne pouvait pas définir (prendre parti) sur ce qu’est la démocatie autrement que par des formules creuses, (gouvernement du peuple par le peuple), qui, d’ailleurs, en règle générale, ont déjà servi à justifier de nombreuses idéologies totalitaires.


                          • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 5 septembre 2006 09:48

                            Formules creuses que je critique précisément dans mon article !


                          • arturh (---.---.119.98) 5 septembre 2006 10:53

                            Oui, mais alors pourquoi ne pas confronter le discours sur la démocratie à la réalité politique ?

                            Un exemple : la présidentielle. Qu’est ce que veut dire améliorer la démocratie ?

                            Personnellement, je considère que nous ne vivons pas et n’avons jamais vécu en démocratie, et ce n’est pas le débarquement des troupes sous commandement de la Démocratie Américaine le 6 juin 1944 qui auraient soudainement transfomé une citrouille en carrosse.

                            Pourtant la présidentielle est selon moi la seule élection qui ait un vrai caractère démocratique au niveau national. Pourquoi ?

                            - Il s’agit d’élire un des trois pouvoirs fondamentaux : le Pouvoir Exécutif. Cette élection est faite au suffrage universel direct, à l’issue d’une campagne libre et pluraliste. Mais ça ne suffit pas.

                            - Ce pouvoir exécutif sera effectivement séparé des deux autres pouvoirs suprêmes, législatif et judiciaire. En effet, comme on le sait, en particulier grâce à Mitterrand (écoutes téléphoniques), et Chirac (choisissez vous même l’affaire) le pouvoir exécutif suprême, en France, est totalement à l’abri du pouvoir judiciaire. Le pouvoir exécutif est également à l’abri du pouvoir législatif. L’assemblée ne peut pas virer le président. Alors que le Président peut renvoyer l’assemblée.

                            C’est donc la seule élection nationale en France où les institutions donnent aux citoyens la garantie que le mandat donné à l’élu par la majorité des électeurs sera repecté.


                          • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 5 septembre 2006 11:55

                            Justement c’est là qu’il y a un problème en France : l’élection d’un président de la république inattaquable en droit, dans le système français de suprématie (voire de confusion du pouvoir présidentiel) sur (avec) tous les autres, est plutôt celle d’un monarque électif ( voir mon article dans agoravox par ailleurs sur le sujet : Démocratie ou monarchie élective


                          • Jesrad (---.---.20.126) 5 septembre 2006 13:40

                            On peut aller plus loin sur la comparaison république-ancien régime, en se basant sur les faits historiques. Jacques Sévillia, dans « historiquement correct », dépeint d’ailleurs une société de privilèges (de lex privata : lois privées) ressemblant fort à la société française d’aujourd’hui.


                          • Jesrad (---.---.20.126) 5 septembre 2006 13:51

                            Oups, c’est Jean, et pas Jacques.


                          • arturh (---.---.119.98) 5 septembre 2006 18:21

                            Donc on est d’accord, pour parler de Démocratie, on peut en parler toujours concrètement, notamment en France. Oui, je maintiens que l’élection du Président de la Vème République a un caractère véritablement démocratique. Mais cette élection est dénaturée par l’absence de véritables contre-pouvoirs démocratiques au pouvoir législatif et au pouvoir judiciaire.


                          • ropib (---.---.27.229) 5 septembre 2006 12:18

                            Mais l’idée de démocratie n’est pas apparue toute seule, ni parce que c’est gentil. En fait tout cela a des raisons historiques et il s’avère que le système féodal est pas terrible, qu’un système monarchique (pouvoir détenu par un seul) ne fonctionne que lorsque le monarque est superieurement visionnaire et que l’oligarchie est toujours en équilibre instable.

                            Maintenant nous ne vivons pas vraiment en démocratie non plus et que jusqu’à présent on a réussi à trouver un système suffisamment efficace pour que la société soit suffisamment en ordre pour être contrôlée. Je pense qu’un peu plus de démocratie dans le monde professionnel pourrait aussi être intéressante (d’ailleurs certaines entreprises vont dans cette direction), et peut-être même dans le monde du commerce... mais comment ?


                            • wieeinstlilimarleen 7 septembre 2006 10:16

                              Je n’ai pas lu l’ensemble de l’article tant les quelques lignes que j’en ai lu m’ont semblées erronées.

                              Les grecs anciens ne présentaient certainement pas la démocratie comme un régime de tyrannie. La tyrannie pour les grecs anciens ne désignait pas un régime autoritaire comme selon le sens moderne, mais un régime de type monarchique où le monarque faisait reposer son pouvoir sur un accord entre lui et le peuple, au dépend des grandes familles. Et ça n’a rien à voir avec la démocratie athénienne.

                              Question à l’auteur : avez-vous ne serait-ce qu’un instant étudié l’histoire ancienne ? Cela n’apparait pas. Ou bien il y a vraiment très longtemps. Avez-vous, ne serait-ce que brievement, consulté le Mogens Hansen sur la démocratie athénienne ?

                              Je vais donc simplement reprendre vos points, sans m’attarder sur le reste :

                              « 1) Le peuple est spontanément une multitude nécessairement désunie et divisée en conflits de valeurs et d ?intérêts incompatibles : les riches contre les pauvres, les dominants contre les dominés clivés selon une hiérarchie nécessaire à tout ordre social spontané, les croyants et les non-croyants, les puissants et les faibles, etc. »

                              Les non-croyants ? Pouvez-vous indiquer des sources antiques qui suggereraient que des non-croyants existaient alors ?

                              Les dominants et dominés, riches et pauvres, puissants et faibles : il s’agit dans les 3 cas de la même fracture. Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer que ces clivages empêchaient tout idée d’union ? Quel est le fondement des cités sinon l’union ?

                              « 2) Le peuple est formé dans sa majorité d ?ignorants de la chose publique et des exigences qu ?elle implique, et ne peut, de ce fait, être raisonnable, en cela que les opinions qui s ?opposent entre elles, en son sein, sont toujours particulières, et donc passionnelles, et aveugles à l ?intérêt général et au long terme, ou pire, se prétendent seules conformes à un intérêt général contre les autres, rendant celui-ci introuvable. »

                              Pour les grecs ayant connu la démocratie, le peuple, c’est le dèmos, les habitants du dème (circonscription géographique). Ce n’est pas un terme péjoratif. Pourquoi les citoyens, les habitants du dèmes, seraient-ils ignorants de la chose publique, alors que la chose publique, ils savent bien que c’est eux, que la cité n’est rien d’autre qu’eux même ? Lorsqu’ils se rendent à l’ekklesia (assemblée) et qu’ils y votent, peuvent-ils ignorer ce qu’il s’y passe. Au contraire de la France contemporaine, dans la démocratique directe, les citoyens ne sont pas dépossédé de la connaissance de la chose publique.

                              Ce que vous écrivez ici ne correspond pas à la vision de la démocratie selon les grecs anciens mais à la définition de l’ochlocratie, de la forme altérée de la démocratie.

                              « 3) Ce peuple, qui en tant que tel n ?existe pas, ne peut se réunir en un seul corps pacifique ou pacifié, et donc se mettre à exister, que sous la contrainte d ?un pouvoir unificateur, et il est contradictoire de faire que ce pouvoir puisse exercer cette autorité unificatrice indispensable et, dans le même temps, être soumis à la multiplicité changeante des opinions et à la contestation permanente de cette autorité par des gens qui prétendent dénier cette autorité en la contrôlant et en la soumettant à leurs revendications contradictoires et fluctuantes. Sans transcendance d ?un pouvoir autonome fort, il ne peut exister de corps politique ordonné, et encore moins de souveraineté populaire. »

                              Le peuple n’existe pas ? Mais avez-vous lu ne serait-ce qu’une seule source grecque pour oser démentir ce qui transparait partout. N’avez-vous lu ne serait-ce qu’Hérodote, pour prétendre que les cités n’existaient pas, que l’idée de corps civique n’était qu’une supercherie ?

                              C’est véritablement n’importe quoi. Vous êtes professeur de philosophie dites-vous ? Laissez les grecs où ils sont, manifestement vous n’y connaissez strictement rien.


                              • René Job (---.---.131.61) 9 décembre 2006 19:40

                                Je m’ajoute tardivement à ce débat intéressant.

                                Le problème avec Sylvain, c’est qu’il interprète « la démocratie » d’après le témoignage (et l’analyse) de Platon. Or Platon n’est pas un démocrate.

                                Quelqu’un a fait remarquer à raison que la république n’est pas la démocratie. C’est le modèle romain contre le modèle Athénien. Le problème c’est que la tradition moderne a amalgamé les deux. La tradition est « aristocratique » (le peuple, c’est ce qui ne pense pas parce qu’il n’est pas instruit). Le texte de Platon a été traduit par « République » de manière inadéquate. Les travaux historiques récents le prouvent. Les deux sociétés étaient différentes.

                                Sylvain est dans une tradition intellectuelle occidentale quant à l’interprétation de la démocratie.

                                En réalité sortie du témoignage Platonicien, il semble que ce régime soit méconnu. Le statut des femmes, lui-même n’est pas clair. La lecture d’Hésiode, Les Travaux et les Jours, laisse entendre que sur le plan patrimonial, ce sont les femmes qui s’occupent du foyer (autrement dit de la propriété) alors que les hommes sont destinés à s’en éloigner pour rapporter des ressources supplémentaires. La propriété était peut être le fait des femmes. La défense des foyers incombant aux hommes, il apparait « normal » que ceux-ci se réunissent progressivement pour définir une stratégie commune...on passe alors d’un monde matriarcal à un monde patriarcal.

                                la démocratie athénienne est aussi un régime d’égalisation des conditions économiques.

                                Les vraies critiques sont : l’absence de droits civiques pour les femmes et pour les enfants de parents non athéniens. Le manque de rationalité dans la « gestion » de la puissance globale dégagée par la société athénienne grâce à ce régime politique (expédition de Sicile) et la dérive progressive anti-démocratique à l’égard des cités alliés devenues vassales. mais le régime a peut être aussi connu trop de guerres.

                                Le témoignage de Platon est partiel et partial. Toutefois, Socrate n’était pas si hostile que ça à ce régime. Au contraire il cherchait à l’améliorer par la diffusion sur l’Agora d’un enseignement gratuit. C’est aussi en s’obstinant dans cette voie qu’il indisposa ses juges.

                                Enfin, on ne peut pas juger de l’instauration d’un régime démocratique en France de nos jours car pour cela faudrait-il encore en faire l’expérience. Bien que je crois que nous aurions raison de nous inspirer du modèle Suisse.


                              • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 8 septembre 2006 09:44

                                Je n’ai en rien traité de la démocratie athénienne sur un plan historique (et non pas grecque) dans mon texte, mais de la position philosophique de Platon dans le République très critique pour ne par dire plus de la démocratie qu’il considère (livre VIII) comme une forme de tyrannie en effet et je reprends ses arguments ici.

                                Mon propos n’est donc pas historique mais philosophique : je m’interroge sur le concept de démocratie et sa rationalité politique et non sur l’histoire antique grecque. Prière de relire mon texte : votre commentaire est non pertient car fondé sur un contre sens. C’est pas grave, chacun a le droit à l’erreur dont Descartes voyait la source dans une défaillance de l’attention volontaire qu’il est toujours possible de corriger.

                                Quant à la réalité de la démocratie athénienne à l’âge classique, je considère qu’elle n’est pas telle au sens moderne du mot : en sont exclus en effet les femmes et les esclaves : il s’agit bien plus d’une aristocratie à forme délibérative des hommes grecs de souche esclavagistes (propriétaires et guerriers )qui constituait une minorité de la population et dont l’activité principale était dans l’ordre d’importance : la guerre, la politique, le commerce, l’agriculure par esclaves interposés, et la culture religieuse, artistique, scientifique et philosophique domaines toujçours plus ou moins mélangés ; ce qui est important de souligner c’est que dans l’ordre de la pensée politique les philosophes grecs athéniens avaient les conceptions et des visions du monde et de la vie et même religieuses, voire anti-religieuses (Epicure) les plus contradictoires ; ce qui est à l’origine de la dialectique rationaliste, mis en scène par Platon et sous d’autres formes Aristote, Epicure etc.. ; La pensée grecque est pluraliste et en auto-interrogation permanente sur ses propres fondements, y compris religieux. (Voir condamnation à mort de Socrate qui est une référence essentielle de la culture philosophique dans son ensemble)

                                La religion essentiellement civile quotidienne (au contraire de ses interprétations philosophiques) y était incontestable, mais polythéiste et tellement souple qu’elle permettait plusieurs choix de rituels et de dieux principaux selon les cités, les intérêts et les circonstances ; elle n’a pas grand chose à voir avec la religion monothéiste unitariste et autoritaire, voire théologico-monarchique qui a dominé chez nous pendant des siècles depuis le moyen-âge. Notre conception de la démocratie s’est construite contre une vision théo-centrée univoque et hiérarchique de la politique ; ce qui en fait une vision très différente de celle des athéniens.

                                Mais reste à examiner le concept même de démocratie qui ne laisse pas d’être paradoxal, ce qui était le propos de mon texte, comme une nouvelle lecture éclairée par cette réponse vous permettra de vous en rendre compte.

                                Chacun voit midi sa porte : vous êtes peut-être historien, en tout cas plus intéressé par l’histoire que par la philosophie, je suis philosophe, mais le dialogue entre nous reste possible. À condition de distinguer précisément ls domaines et savoir de quoi nous parlons, il peut devenir fructueux ; ce que pour ma part, je nous souhaite.


                                • Josep Garp (---.---.13.57) 12 septembre 2006 21:28

                                  Habitant en Suisse depuis maintenant 4 ans, j’ai une certaines vision de ce pays que je vois bien marcher.

                                  J’ai lu avec intérêt votre article, mais j’aimerai que vous m’expliquiez comment vous pouvez défendre la démocratie indirecte, alors que la Suisse, soumise à une démocratie quasi directe (la plus directe du monde il me semble), et ceci depuis longtemps, obtient une stabilité remarquable, et une très bonne marche économique. (et par pitié, laissons les banques et autres scandales qui n’alimentent que certains cantons)


                                  • René Job (---.---.131.61) 9 décembre 2006 19:44

                                    Merci Joseph Garp,

                                    je n’arrête pas de parler du modèle Suisse. On dirait que ce pays n’existe pas.

                                    C’est délirant et maladif. Tous citent à qui mieux mieux Rousseau et le Contrat Social en oubliant qu’il était « suisse » à l’origine (Genevois, je crois). Le contrat social s’inspire de la sensibilité démocratique suisse.

                                    Franchement, je pense que les français aiment les aristocrates...l’habitude...et puis partager le pouvoir n’est pas une qualité française.

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