C’est trop injuste : pour une fois que Villepin rendait effectivement service à son pays, il faut que tout le monde lui dégringole dessus.
« Coup tordu », « fin de règne », « crise de régime », de partout pleuvent les insultes.
Que lui reproche-t-on ? D’avoir bidouillé une affaire louche avec une vieille barbouze sur le retour et le vice-PDG d’une boîte de marchands d’armes ? Allons ! Comme si ce genre de fréquentations n’était pas le biotope naturel des maîtres qui nous gouvernent, à commencer par Sarkozy, ancien poulain du mafioso Pasqua.
En réalité, on en veut surtout à Villepin d’être l’un des rares à avoir tenté quelque chose contre l’ambition dévorante de la teigne de Neuilly. Certes, la manœuvre a été maladroite, presque touchante d’amateurisme. Mais si la gauche avait fait son boulot, le mirliflor de Matignon n’aurait pas eu besoin de payer de sa personne.
Et puis de quel droit Le Monde & Cie s’emploient-t-ils à dégommer le commis d’un Président élu avec 82 % des voix ? Pas très démocratique, tout ça ! Surtout quand on sait que Jean-Marie Colombani, est copain comme cochon avec l’ex ministre de l’Intérieur.
(C’est l’ex-rédac’chef Edwy Plenel qui racontait : « J’ai assisté plus que participé à une conversation qui, pour l’essentiel, se tenait entre Sarkozy et Colombani, qui se tutoyaient et dont j’ai découvert, à cette occasion, l’amicale proximité. » (Marianne, 11/03/2006).
À se demander si ce n’est pas l’ex ragotin de la place Beauvau qui a balancé au Monde les fameux verbatim du général Rondot.
Mais le plus désolant, dans cette affaire, c’est qu’elle risque de dissuader les autres aspirants à l’Élysée de prendre exemple sur Villepin. Et pourtant... Si tous les candidats mettaient la même fantaisie que lui à se carboniser les uns les autres, aucun doute que les abstentionnistes de ce pays retrouveraient plaisir à se rendre aux urnes !