Bonjour Pierre,
je profite de l’occasion pour vous remercier des « fleurs » que vous m’avez envoyé la dernière fois...
Mais c’est vrai qu’une attitude courtoise et bienveillante devrait être le premier message à envoyer par chacun dans toute discussion, celui qui justifierait tous les autres.
Mais de grâce, croyez-moi sur parole, et n’allez pas vérifier mon hypocrisie dans les archives des commentaires !
Aujourd’hui, je suis entièrement d’accord avec vous sur un point :
La liberté dont nous jouissons actuellement sur le net n’est qu’une fenêtre temporaire, et ne se justifie que par son manque d’influence réelle sur les évènements politiques : on y parle beaucoup et dans tous les sens, les informations y sont multiples, mais ce n’est suivi d’aucun effet.
Si on se laissait aller à devenir un peu paranoïaque, on pourrait même y voir une sorte de « culture de virus et de bacille » tolérée, suivie sans doute de très près par des organisme de renseignements, comme il y a des services qui suivent la presse étrangère.
Mais si le net acquérait un pouvoir réel (le fameux
« cinquième pouvoir »), il est probable que les Pouvoirs étatiques viendraient très vite y mettre le holà.
Néanmoins, je voudrait apporter une nuance, pour moi fondamentale, dans ce que vous avez dit à la fin : « Le Monde est abject et il est terrible ».
Là-dessus,je ne suis pas d’accord avec vous, et je crois même que c’est une idée très dangereuse :
Que l’évolution humaine actuelle, en fin de cycle, fasse que l’état social mondial soit complètement renversé, de sorte qu’aujourd’hui ce soient systématiquement les individus les plus abjects et les plus psychotiques qui tiennent le haut du pavé et les rênes des pouvoirs, certes.
Depuis que l’on nous a formés et appris à cracher chaque jour sur la prétendue méchanceté et sauvagerie des anciens princes, il serait temps de nous rendre compte que les épiciers, les usuriers et les porchers qui nous gouvernent aujourd’hui sont bien pires.
Que la vie dans cet Univers ne soit pas un jeu, et que les dangers que l’on y court et les responsabilités que l’on y exerce puissent être terribles et terrifiantes, absolument.
Mais le Monde, lui, ainsi que l’Humain qui en est la synthèse, sont absolument splendides et magnifiques dans leur nature profonde ; ce qui a mis la main sur la guidance de ce Monde aujourd’hui n’a le pouvoir de les abîmer qu’en surface ; il est tout à fait significatif qu’après des siècles d’efforts, on n’a toujours pas réussi à défigurer complètement la terre, ni à bannir toute dignité chez les vieillards et les victimes du tiers-monde.
Pour prendre un exemple de ce que je trouve une idée dangereuse, il existe une théorie écologique moderne qui prétend que le seul « animal » vraiment nuisible à la terre serait l’homme, et que la nature se porterait bien mieux s’il disparaissait.
Voilà qui, à mon sens, illustre parfaîtement la myopie intellectuelle des occidentaux d’aujourd’hui ; la nature « vierge », celà n’a jamais existé, elle a toujours été « gérée » par l’homme ; on est d’ailleurs en train de se rendre compte que, sur le continent nord-américain, les forêts soi-disant « sauvages » étaient en fait gérées à long termes, de siècles en siècles, par les peuples peaux-rouges...
C’est le point de vue moderne, que l’on voudrait nous imposer, qui est abject : d’après une certaine vulgarisation scientifique, notre seule vocation serait de transmettre nos gènes à notre postérité, ce que les bactéries feraient bien mieux que nous, et la source de tous génie humain serait dans la psychologie des singes bonobos !
La valeur humaine, même cachée, et la dignité, cette beauté intérieure qui va avec elle et qui est indépendante de la religion, sont des choses dont il ne faut pas douter, qu’il est fondamental de garder sous les yeux en permanence, et qu’il faut rappeler, tout le temps. Car elles sont la dernière source d’espoir qu’il nous reste dans le Monde à venir.
Dans les camps de concentration de la dernière guerre, les seules personnes qui ont réussi à tenir bon, à ne pas s’effondrer, sont celles qui ont réussi à garder intactes cette dignité et cette beauté intérieure, à travers toutes les brimades, les humiliations, et les souffrances.
Et, au risque de me répéter, c’est en elles que nous trouverons les seuls espoirs de garder la force et le courage de tenir bon, de ne pas nous trahir nous-même et de ne pas renier notre témoignage d’humain au milieu de l’immense et terrible camp de concentration mondial qui se prépare.
Cordialement Thierry