Avant toute chose, il faut savoir que seuls 2% des retards ou carences de service sont dus aux grèves dans les transports publics. 65% sont en revanche dus aux usagers eux-mêmes, et notamment à ceux qui, au quotidien, se promènent sur les voies, tirent sans raison le signal d’alarme ou détériorent le matériel. Le pourcentage restant est lié à des incidents techniques. Ayez bien présents à l’esprit ces chiffres : 2% contre 65% !!!
Dans ces conditions, le « service minimum » dans les transports en commun des grandes agglomérations est une fausse bonne idée doublée d’une proposition démagogique, et Sarkozy le sait parfaitement. Du reste, il existe un service de ce type à Rome basé sur l’un des modèles initialement envisagés. Il a donné lieu, il y a quelques années, à une grève durant laquelle le service n’a été assuré que pendant les plages du matin et du soir. Le point noir, c’est que cette grève qui, hors service minimum, n’aurait donné lieu qu’à deux ou trois jours de fortes perturbations, s’est éternisée... trois semaines ! Trois semaines pendant lesquelles la population, excédée, a pu mesurer à ses dépens les limites de cette pseudo « avancée ».
La solution ne réside donc pas dans le « service minimum », mais dans la mise en place d’une « alarme sociale » (comme à la RATP) qui, dans un délai donné, oblige les employeurs à écouter les revendications des syndicats et à leur apporter une réponse.
En tout état de cause, l’initiative du Président ne vise véritablement qu’à brosser les citoyens dans le sens du poil, à l’image de la loi sur la récidive. Dans la réalité, il ne fait en effet aucun doute que ce service minimum volerait en éclat en cas de conflit dur. Et cela, Sarkozy et ses conseillers le savent également.
Cela ne les empêche pas de claironner, sondages à l’appui, que la majorité des français sont favorables au service minimum dans les transports. Savez-vous que 80 à 85%% de la population n’est pas cliente habituelle des transports en commun. L’avis de ces personnes non directement concernées est uniquement basé sur l’amalgame qui est fait et soigneusement entretenu par la communication gouvernementale entre les grèves (2%) et les dysfonctionnements habituels des lignes de transport (98%) ! Cela me rappelle ces propos hallucinants tenus durant la présidentielle de 1995 par des gens vivant à la campagne et réclamant à cor et à cris des mesures draconiennes pour lutter contre une insécurité à laquelle ils n’avaient, de leur propre aveu, jamais été confrontés, pas plus que leur entourage !
Décidément, il y a d’autres questions autrement plus importantes à débattre en matière de transport, et notamment comment lutter contre la prédominance de la logique comptable dans la gestion des opérateurs, logique qui, de plus en plus, se traduit pas un vieillissement des matériels et des équipements incidentogène et très pénalisant pour les usagers.
Cela dit, il est vrai que les mouvements sociaux dans les transports terrestres occasionnent une gêne réelle pour les voyageurs. C’est pour cette raison que le recours à la grève est devenu beaucoup plus rare que dans le passé et uniquement lorsque des motifs sérieux l’exigent. Pour illustrer cette évolution, il suffit d’observer le taux des grèves à la SNCF, tombé à 0,11% alors qu’il avoisinait les 2% il y a vingt ans.
Ce changement d’état d’esprit est d’autant plus remarquable que, tant la SNCF sur ses lignes de banlieue qu’à la RATP, jamais dans l’histoire de ces entreprises les métiers d’exploitation n’ont été aussi exposés. Savez-vous que chaque agent de conduite ou de contrôle sait en débutant sa carrière qu’il subira une ou plusieurs agressions graves ? Aujourd’hui, les métiers du transport sont devenus les plus dangereux après la police et les pompiers.
Cela explique très largement la colère des agents devant un texte qui les montre du doigt alors qu’ils ont déjà réduit de manière très significative la gêne pour fait de grève en signant des protocoles de négociation préalable et en renonçant le plus souvent aux grèves émotionnelles liées à l’agression d’un collègue.
Je le répète encore une fois : aidons plutôt les syndicats à faire pression sur les employeurs pour remplacer les matériels vétustes dont les directions prolongent sans cesse plus la durée de vie jusqu’à la limite de rupture, le gain en sera pour les usagers infiniment plus important. Mais de cela, curieusement, le gouvernement ne touche pas un mot. Il sait pourtant que c’est là, ainsi que dans la multiplication des incivilités, que se situe le véritable noeud du problème en matière de transports urbains !
15/08 07:38 - jean-paul 94
Bjra toutes et a tous Voila ce que j’apelle LE REVEIL DES FRANCAIS.Les articles sont tous (...)
12/08 18:05 - A supprimer - Merci !
(.....) Le contempteur de la grève n’en a rien à foutre de l’intérêt général. Il (...)
12/08 18:01 - A supprimer - Merci !
Juste une remarque : la CFDT n’est plus un syndicat, mais la branche salariale du (...)
10/08 17:37 - Courouve
La Constitution dit précisément : Alinéa 7 du Préambule de 1946 :« Le droit de grève (...)
08/08 23:45 - marc
« deux principes clés de la démocratie soient respectés : le droit de grève et la liberté de (...)
08/08 12:55 - lyago2003
@ fergus, 100% en accord avec votre analyse, mais il est tellement plus facile de « tirer sur (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération