Cher Monsieur, Votre réaction intelligente et modérée mériterait une longue réponse argumentée. Je manque de temps pour la rédiger, devant répondre aux autres commentaires. Je vais répondre de façon concise à deux arguments :
la paix
la diversité I/ La paix. Bien entendu, la construction européenne est née du spectacle terrible des guerres. Mais très vite l’objectif initial a été détourné. Voyez les origines et l’inspiration de l’icône des fédéralistes, Jean Monnet, typiquement agent d’influence anglo-saxon, et surtout américain, attaché à ménager les voies d’accès à l’ambition états-unienne de contrôler les principaux états de l’Europe. On ne peut pas dire que la paix en Europe ait été le fait de son orientation fédéraliste passée, présente et future. La paix vient de l’absence de contentieux grave entre les Etats, et, pour ce qui concerne la France, tout de même, du rôle que joue notre dissuasion nucléaire, telle que l’a voulue De Gaulle. (Au fait, De Gaulle, pour les Français plus grand personnage de leur Histoire, qui avait vu les deux guerres de près, était-il « fédéraliste » ? Bien sûr que non.) Au demeurant, les guerres sont le fait des empires, ou des volontés impériales, et non des nations. Enfin, en ex-Yougoslavie, en ex-URSS, le fédéralisme n’a pas empêché les conflits. Les nations veulent exister et sont quasi indestructibles. 2/ La diversité. Je commence par la fin : la France est un Etat unitaire, relativement centralisé, où elle n’est rien, que le domaine royal du « roi de Bourges » (Charles VII)ou à peu près. C’est ainsi. L’unité s’est faite jusqu’au frontières naturelles, elle a pris des siècles et n’est rien moins que naturelle aux intérêts « féodaux » qui sont aujourd’hui toujours vivaces, sous d’autres formes. La corruption de certains élus, qui a tant atteint leur image, à tort pour l’immense majorité d’entre eux, ne date pas du temps des préfets tout-puissants, mais du temps de la décentralisation qui a affranchi en partie les élus locaux de leur autorité. (Ceci n’est pas pour dire qu’il faut recentraliser, mais pour dire qu’il faut être prudent.)Quant à la France d’Outre-mer, c’est le fruit de l’Empire, mais qui a apporté aux « colonies » bien plus de bien que de mal, et dont nous n’avons pas à rougir. Ensuite, que l’on veuille non pas seulement maintenir les dialectes (ou les langues) régionaux et leurs « cultures » (ce qui est louable), avec quelques centaines de milliers de gens intéressés, mais leur donner un rôle à égalité avec le français, en prenant le risque des antagonismes et des incompréhensions de l’une à l’autre, j’avoue être sceptique et réservé. Face à cela, il y a les immenses pays émergents : Chine, Inde. La nation, parlant français (cela sans préjudice de ses cultures régionales) est à la taille de ces défis ; mais pas la région (qui doit toutefois, c’est vrai, recevoir les droits et les moyens d’une action de proximité). Voilà en deux mots, mes réponses. Merci pour votre contribution au débat. J.K