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Commentaire de Neos

sur Traité européen : ce que veut l'Allemagne


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Neos 7 août 2007 16:30

JK : « On ne peut pas dire que la paix en Europe ait été le fait de son orientation fédéraliste passée, présente et future. »

Je l’ai mentionné dans ma première intervention. Je pense que la méthode de gouvernance de l’UE est critiquable. Toutefois, la méthode d’intégration (ce n’est pas la même chose) a permis de faire en sorte que les Etats autrefois belligérants travaillent ensemble à la réalisation de projets concrets en commun. Cette coopération transnationale a largement favorisé l’installation de la paix en Europe occidentale.

JK : « La paix vient de l’absence de contentieux grave entre les Etats, et, pour ce qui concerne la France, tout de même, du rôle que joue notre dissuasion nucléaire, telle que l’a voulue De Gaulle. »

Il me semble que nous n’avons pas la même lecture de l’histoire. C’est bien parce que l’on a rendu impossible la dissociation de l’approvisionnement en matériaux utiles aux industries lourdes et d’armement, dans les années 50, ainsi que l’interdiction à l’Allemagne de se doter d’une armée « nationale », que France et Allemagne n’ont pu retomber dans leurs erreurs du passés. Par ailleurs, vous n’êtes pas sans savoir que la logique de dissuasion, même si elle est toujours enseignée dans les écoles militaires françaises, n’a plus lieu d’être à l’égard des autres Etats membres de l’UE qui, grâce à l’intégration communautaire, sont devenus des partenaires et non plus des concurrents politiques ou des menaces militaires. D’ailleurs, depuis la réforme des armées en France, le concept même de « menace » a considérablement évolué dans le discours des Etat-majors français. Et enfin, vous le savez mieux que moi, la politique de dissuasion nucléaire française avait comme principale raison d’être de permettre à la France d’asseoir une indépendance politique et militaire à l’égard des US.

JK : « Les nations veulent exister et sont quasi indestructibles. »

Le croyez-vous vraiment ? Le processus d’intégration communautaire, même s’il fait face à un certain nombre de résistances, est un processus qui, il me semble, a fait et continue à faire ses preuves. L’Union monétaire, même si j’imagine que vous la réprouvez, est un accomplissement et tend à montrer qu’elle est viable. Idem pour la politique de cohésion de l’UE, voire encore l’impact de programmes européens tels que Erasmus, Jean Monnet ou Comenius.

JK : « La diversité. Je commence par la fin : la France est un Etat unitaire, relativement centralisé, où elle n’est rien, que le domaine royal du »roi de Bourges« (Charles VII) ou à peu près. C’est ainsi »

Il suffit d’aller en province pour constater que la diversité est une évidence de tous les instants. Allez sur un petit marché du fief du Premier ministre français, dans le département de la Sarthe, voire à côté en Mayenne, je vous défis de comprendre le patois que l’on y parle allègrement... je pourrais également prendre le sud de la France pour exemple, voire encore les contrées avoisinantes de la belle Strasbourg que vous connaissez tout comme moi. Cessons de taire la réalité. Elle nous entoure et ce n’est pas un texte constitutionnel cousu à la taille du costume de De Gaulle qui y changera quelquechose : la France est faite de diversité, et même si l’Etat français continue de la vouloir unitaire, pour des raisons historiques, nul doute que l’avenir nous dira si la théorie jacobine tiendra longtemps face aux impérieuses nécessités imposées de facto par les temps modernes.

JK : « La corruption de certains élus, qui a tant atteint leur image, à tort pour l’immense majorité d’entre eux, ne date pas du temps des préfets tout-puissants, mais du temps de la décentralisation qui a affranchi en partie les élus locaux de leur autorité. »

J’imagine que la plupart des élus locaux frémiraient en lisant vos propos. Quelle que soit leur obédience politique d’ailleurs. La décentralisation est un outil utile pour sortir de l’étau jacobin qui étrangle la France depuis bien trop longtemps. S’il est vrai qu’il y a parfois une carence d’Etat dans certaines contrées de France, il y a aussi pas mal de collectivités territoriales où les autorités déconcentrées continuent malheureusement à presser les autorités décentralisées.

JK : « Face à cela, il y a les immenses pays émergents : Chine, Inde. La nation, parlant français (cela sans préjudice de ses cultures régionales) est à la taille de ces défis. »

Croyez-vous un instant ce que vous dites ? Je reviens sur un exemple simple qui a secoué la France en 2005 : l’accord signé entre l’UE et la Chine en 1995 et prévoyant la fin des quotas d’importation des produits textiles et de la chaussure en Europe au 1er janvier 2005 a eu des effets malheureux sur l’industrie française qui a demandé l’aide de l’UE pour repousser quelque peu l’échéance de la mise en œuvre de cette décision. Sans la puissance économique de l’UE, la France n’aurait pas pesé bien lourd et, n’en déplaise à votre foi nationale, aurait été priée de se taire. Grâce à l’UE, un délai de quelques mois a pu être négocié auprès d’une Chine bienveillante, à défaut d’être une Chine compréhensive, 10 ans ayant été fixés pour préparer les industries européennes - a fortiori françaises - à cette échéance, fut-elle désagréable.


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