Cet article est rafraîchissant et j’apprécie plus particulièrement la conclusion avec la citation sur l’utopie, utopie devenue aujourd’hui un « gros mot » en ces temps de pragmatisme, scientisme et cynisme triomphants.
Mais il y a une contradiction (qui a déjà été relevée je crois) : pourquoi toujours « pour gagner plus » ? Plus de quoi exactement ?
L’homme est un être de besoins, il a donc « besoin » de travailler pour satisfaire ses besoins essentiels, à savoir boire, manger, dormir et se reproduire. Point.
Tout le reste, c’est du flan.
Si l’homme pouvait satisfaire ses besoins de nourriture, ses besoins sexuels ou son besoin de sécurité (pour pouvoir prendre du repos) comme il satisfait son besoin d’air, càd en respirant, il me paraît évident qu’il ne travaillerait pas.
Oui mais voilà : y peut pas !
D’où la nécessité de travailler ou que quelqu’un le fasse pour vous, car il faut toujours qu’il y en ait un qui bosse, le jeune pour le vieux, l’adulte pour l’enfant, le bien portant pour le malade, ou ... l’employé pour le patron et c’est là que ça se gâte, mais l’histoire du travail et l’évolution de la valeur tavail à travers les âges mériterait non pas un article, mais une encyclopédie en 15 volumes au moins, alors laissons de côté.
Travailler (plus ou moins) pour gagner plus ? Je tique.
En fait ça me fait penser à Omo qui lave PLUS blanc que blanc. Une vaste fumisterie, un foutage de g... phénoménal.
Dans nos sociétés occidentales où nos besoins élémentaires sont satisfaits (encore qu’il existe de plus en plus d’exceptions, mais bon, encore 15 volumes à faire), il importe donc de créer d’autres besoins.
Admettons que je sois tout ce qu’il y a de « normal », ou plus exactement, moyen, ou médiocre, bref... Un blanc de 35 ans marié, deux enfants, ma femme travaille, 4000 Euros à nous deux (professions intermédiaires), parents retraités autonomes...
Quels sont mes besoins « de base » ?
1. Boire.
L’eau est potable en France, au robinet (payant mais dérisoire) ou même à bon nombre de fontaines publiques et si je me donne la peine d’aller y remplir mes bonbonnes,coût : 0 euros.
2. Manger.
Au temps de ma jeunesse folle (celui où j’eusse dû étudier), et aujourd’hui encore, fins de marché deux ou 3 fois par semaine pour récupérer melons tâchés, tomates fendues et salades terreuses dédaignées : 0 Euros
Epicerie et autres chez les discounters : 400 euros à tout casser, et encore, à condition de bouffer du saumon et de boire du vin.
3. Dormir (en sécurité et au chaud) : des générations d’humains se sont réunis pour dormir, depuis la nuit des temps, dans des pièces communes réchauffées par une unique source de chaleur-ou alors ils avaient eu l’idée judicieuse de choisir des climats tropicaux qui rendaient le chauffage superflu- et gardées à tour de rôle par l’un des membres de la communauté. Par parenthèse, je viens d’apprendre que la privation de sommeil serait un remède beaucoup plus efficace que les petites pilules contre la dépression, car à effet immédiat, exempt d’addiction et sans effet secondaire. Un dépressif dans votre entourage ? Faites-lu garder la grotte !
Coût d’une grotte en île de France... Euhhh... Je passe !
Mais rien ne vous interdit de creuser un terrier dans le jardin du Luxembourg... Si ? Bon, Ok, je passe.
Restent la caravane, la tente au bord du canal St. Martin...
Bon, OK. 30 m2 dans le 20ème à 800 euros.
4. Se reproduire.
Sains et sveltes comme ils le sont, nos « normaux », « moyens » ou « médiocres » n’ont aucun souci !
Besoin d’intimité ? Qu’à cela ne tienne ! Leurs ébats se monnayent, moyennant un caméraman, un chef op’, une épilation et 3 litres de fond de teint tartinés jusque sur le croupion par la maquilleuse, c’est toujours plus intime que dans la grotte, et ça rapporte au moins 2000 euros.
Faisons nos comptes... Ô joie ! Ô stupeur !
Nous survivons et faisons du bénef !
Joie ! nous pourrons investir dans la télé que si tu l’as pas t’es nul !
Investir dans la boîte à internet, à télé et à téléphone que si tu l’as pas, t’es un crétin.
Investir dans le pavillon farci de vernis, enduits et matériaux allergènes qui rendront tes gosses malades, mais c’est pas grave, y’a la sécu... Et puis faut bien nourrir les labos et les gourous des médecines « douces » aux additions « salées ».
Investir dans la bagnole que si tu l’as pas, t’es une nouille.
Investir dans ton portable, que si tu l’as pas t’es qu’une pauv’ tâche...
Et aujourd’hui, un Président VRP qui me fait passer le message comme quoi, si j’ai pas un pote qui m’invite sur son yacht ou si je peux pas me payer un gîte rural à 22000$/semaine aux states, chuis qu’un naze !
Le travail rend-il malade ?
Bien sûr ! Comme manger. Manger, ça rend malade (cf Supersize me, le thon au mercure de Minamata...). Baiser aussi, ça peut... Et respirer (du gaz, des poussières d’amiante, à Tchernobyl...).
Maintenant, si mon travail est passionnant, socialement valorisant et bien payé, il est plus probable qu’il me maintienne en bonne santé physique et mentale.
Le travail peut-il tuer ?
Voui ! Bien sûr.
Tout comme l’overdose de jus de carotte ou le saut de l’ange du 3ème étage de la Tour Eiffel !
Etre vivant, c’est prendre le risque de mourir.
Affolant, non ?!