L’affaire de Mme Abitbol est un peu compliquée et au premier abord choquante. Elle ressemble à ces certificats de réintégration dans la nationalité française qu’on a longtemps demandé aux Alsaciens-Mosellans. Mais notre pays est un Etat de droit et ses fonctionnaires appliquent (parfois sans assez d’explications) des textes, comme on le voit dans l’article de Libération que vous indiquez. Il s’agit ici plus d’un cas très particulier (remontant au décret Crémieux de 1870 !) que d’une donnée objective du droit civil ou administratif qui ne reçoivent évidemment pas les concepts de race ou de religion, sauf situations particulières.
En ce qui concerne le texte sur l’Indochine, le mot race est ici malheureux, mais dans l’esprit des rédacteurs de ce décret, il signifiait (en 1928) souche et devait sans doute avoir pour objet de faciliter l’acquisition de la nationalité française à des enfants nés de père français (inconnu ou non déclaré) et de mère indochinoise.
Je voudrais, quant à l’emploi du mot « race » jadis, vous donner la citation à l’ordre de l’armée de l’aviateur Georges Guynemer (1917) : « »Mort au champ d’honneur le 11 septembre 1917. Héros légendaire, tombé en plein ciel de gloire, après trois ans de lutte ardente. Restera le plus pur symbole des qualités de la race : ténacité indomptable, énergie farouche, courage sublime. Animé de la foi la plus inébranlable dans la victoire, il lègue au soldat français un souvenir impérissable qui exaltera l’esprit de sacrifice et provoquera les plus nobles émulations." Aujourd’hui, après les horreurs des persécutions raciales, on ne formulerait plus cela de la même façon.
Merci tout de même d’avoir exhumé ce vieux décret. Mais enfin, la République n’est pas raciste (ni ethniciste !), vous en conviendrez. - - JK