@Auteur :
Sans me prononcer sur les avantages et les inconvénients de l’ouverture des marchés de l’électricité et du gaz, qui découle rappelons-le d’une décision de l’UE, laquelle a considéré que l’énergie était une marchandise comme une autre et qu’il convenait en conséquence de la soumettre à la concurrence, je souhaite seulement formuler quelques remarques sur votre article qui m’a déçu par son manque de consistance.
Pour ne parler que de l’ouverture du marché de l’électricité, de nombreux éléments n’ont pas été évoqués.
Vous ne dites mots de toutes les contraintes et aspects techniques propres à la production, au transport et à la distribution de cette énergie. Vous ne précisez pas que l’énergie électrique, contrairement à d’autres comme le gaz par exemple, ne peut être stockée en tant que telle et que sa production doit à tout instant être ajustée à la consommation. Vous ne parlez pas de la fluctuation de la consommation en fonction du temps, sur la journée, les jours de la semaine et les saisons et que cette fluctuation joue un rôle majeur sur les prix du marché. Vous passez sous silence l’interconnexion et le maillage des réseaux au niveaux national et international et les avantages qui en découlent. Vous n’abordez pas du tout l’aspect fondamental de la régulation et des règles techniques de ce marché, qui incombent à l’Etat et qui doivent être harmonisées au sein de l’UE. Vous auriez aussi pu rappeler que le parc de production européen est très varié, qu’il est fonction de l’énergie primaire utilisée (nucléaire, hydraulique, charbon, gaz, éolien, solaire ...), qu’il réflète souvent des décisions de politiques nationales, mais également la topographie des régions : les aménagements hydroélectriques en montagne par exemple. De même pour la consommation qui est influencée elle aussi par les règlements nationaux : incitation au chauffage électrique en France par exemple, mais interdiction dans d’autres pays.
Abordons maintenant le marché lui-même. Il dispose de clients certes, mais en France quels sont les fournisseurs ? Réponse : un seul fournisseur national EdF, les autres étant marginaux. Sachant que les consommateurs français ne vont probablement pas se précipiter auprès de fournisseurs étrangers, il faudrait qu’EdF soit démantelée pour que la concurrence puisse réellement s’exercer. Est-ce politiquement imaginable ? Vraisemblablement pas, raison pour laquelle EdF fort de sa position dominante sur le marché français fortement verrouillé, porte la concurrence à l’étranger en y menant des actes de prédation par l’achat de sociétés concurrentes. Ces achats ayant été financés par les réserves accumulées grâce aux clients-consommateurs captifs, c’est-à-dire avant l’ouverture du marché.
Pour conclure, je dirais qu’il sera intéressant de voir la mise en place du marché de l’électricité au cours des prochains mois, mais on assistera certainement à de nombreuses manoeuvres protectionnistes pour l’entraver, tant les enjeux nationaux sont importants. A Bruxelles on risque d’assister encore à de nombreuses prises de becs, le coq conquérant n’étant pas près de sacrifier sa poule aux oeufs d’or !
Merci de m’avoir lu.
Très cordialement !