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Commentaire de Bérenger

sur Travailler rend-il malade ?


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Bérenger 10 août 2007 16:03

Pour n’avoir jamais travaillé, ou très peu, selon mon choix et dans le seul souci d’apprendre quelque chose que je ne sais pas faire, je peux vous assurer qu’on trouve toujours à faire dans une journée, et que cela peut contribuer amplement à l’épanouissement de l’individu. Lire, écrire, créer, réfléchir, penser, cuisiner, composer, se balader, marcher, rencontrer des gens, discuter avec eux, échanger, voir du pays... ce qui n’empêche pas de couper du bois, de faire à l’occasion un peu de maçonnerie, de fabriquer des ordinateurs et de réparer ceux des voisins... Je connais par contre beaucoup de travailleurs qui dorment mal, qui ont le dos cassé, un ulcère à l’estomac, qui sont des dépressifs chroniques, d’irréductibles aigris accablés de dettes (crédits à la conso obligent), et qui parvenus à l’âge de la retraite devront se résoudre à vivoter entre deux boulots au black. Franchement, quarante ans de trime pour une retraite oscillant entre mille et deux mille euros pour un employé lambda, est-ce que ça vaut le coup ? Mon amie vient de se farcir vingt-cinq ans à faire le ménage dans un service hospitalier à haut risque (psy). Fraîche retraitée, elle va toucher dans les huit cents euros. Vous pensez vraiment que ça valait le coup ? J’ai toujours considéré le travail comme une sorte de malédiction dont le monde moderne aurait dû savoir venir à bout. Le travail, c’est la racine du mal. Le mal, c’est cette société absurde régie par des échanges de bouts de papier et de ronds de ferraille, non-sens qui a toujours contribué au malheur du plus grand nombre en asseyant les pouvoirs les plus vils. La dignité d’un individu se tient dans sa constance à se construire, et au-delà, à envisager le monde où il évolue avec une volonté de le voir évoluer avec lui. J’ai la sensation d’habiter un monde sénile qui s’accroche à des vertus archaïques comme un naufragé à un débris flottant. Je ne comprends pas que tant de mes semblables continuent de se plier’ à ce marché de dupes qui consiste à donner au travail les meilleures années de sa vie, comme en d’autres temps on acceptait de sacrifier des générations entières à la guerre. Je ne comprends pas que tant de mes semblables continuent de travailler pour payer, et vice-versa, au sein d’un système économique aussi mortifère que pervers, mafieux et dépourvu de sens, système que d’ailleurs ils critiquent majoritairement. Je ne saisis rien à l’intérêt de ce masochisme collectif que bien peu se piquent de remettre en cause. C’est confondre l’ordre social avec l’ordre des choses que de prétendre qu’« il faut travailler pour vivre », alors que la majorité des individus crèvent de travailler. Cet ordre des choses nous vient de préceptes chrétiens prônés par des gens qui, assurément, ignoraient tout de la vie de leurs contemporains esclaves. Je ne suis pas théologien, je serais même plutôt un mécréant, mais je ne crois pas me tromper en avançant que Paul de Tarse savait sans doute moins bien manier la truelle que l’encensoir à moraline...


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