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Commentaire de funram

sur 1887-2007 : Une histoire très belle


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funram funram 11 août 2007 10:38

Là, si j’ai bien compris, vous avez mentionné l’élément « apprentissage simple et rapide » de l’argumentaire pro-esperanto, c’est bien ça ? Bon, jusqu’à preuve du contraire, force m’est de constater que cet argument n’a jamais été remis en cause de manière sérieuse, et donc qu’il doit être justifié car vrai.

Et alors ? Pour autant, on en ferait quoi ? L’enseignement de l’esperanto serait plus rapide, soit, je veux bien le croire. Mais me ferez-vous croire pour autant qu’il y aurait « forcément » une majorité moins écrasante de professeurs d’esperanto parmi la congrégation des professeurs de langues que celle, à l’heure actuelle, des professeurs d’anglais ? C’est donc que vous avez quitté depuis bien longtemps le cursus scolaire.

Car il y a un fait vérifié et facilement vérifiable qui est que lorsqu’une matière est jugée indispensable par tout un chacun et l’espéranto serait jugé indispensable s’il devenait la langue internationale), il n’y a jamais carence de professeurs pour l’enseigner. On finit par retrouver des enseignants de cette matière dans l’intégralité des établissements scolaires, alors que leurs collègues de la même branche ne se trouvent pas, loin de là, très loin, dans la moitié des établissements sus-cités.

Je vais vous donner un exemple vécu. Il se trouve que je viens de la province parisienne (la Seine et Marne, pour être précis), où j’ai vécu suffisament longtemps pour y passer tout mon collège et tout mon lycée. Vous n’ignorez sans doute pas que les lycées ont à peu près quatre à cinq fois plus de moyens et de considération de la part de l’académie que les collèges de leur zone, ce qui fait qu’en théorie, ces établissements devraient proposer un pannel extrêmement large de matières à enseigner, de quoi satisfaire tous les élèves. Or, il se trouve que j’ai suivi un enseignement scientifique. J’ai fait SI, c’est-à-dire Sciences de l’Ingénieur (ou Sciences Industrielle, selon les années), qui est l’une des options principales de l’enseignement scientifique général, l’autre option étant la SVT (Science de la Vie et de la Terre). Or, il se trouve que la SVT est largement plus populaire et jugée bien plus indispensable que la SI. L’année où je suis entré en première a été la première année où la SI a été instaurée dans mon lycée, suite à des demandes croissantes de parents d’élèves. Auparavant, il fallait aller dans un autre lycée situé vingt kilomètres plus loin pour se voir dispensé cet enseignement. Le fait est là : alors que les professeurs de SVT sont disponibles dans chacun des lycées d’enseignement général, les professeurs de SI n’étaient disponibles à l’époque qu’à peine dans le quart d’entre eux. Aujourd’hui, ça a un petit peu augmenté, il paraît qu’on approche lentement de la moitié, mais malheureusement les effectifs des classes de SI, eux, diminuent (la moyenne est passée de 22 élèves à 15 élèves, ce qui est bien peu) du fait de l’impopularité de la matière, ce qui va probablement conduire l’Education Nationale a cessé d’en embaûcher, et dans dix ou quinze ans, on se retrouvera avec le même problème que lors de mon passage au lycée.

Pour donner un autre exemple de l’égémonie des matières « populaires » ou jugées « indispensables », je mentionnerai ma compagne qui, croyez-le ou non, a eu la sotte idée de choisir la langue de Goethe en première langue. Et bien des professeurs d’allemands LV1, c’est ’achement plus rare que ceux d’anglais ! Dans son lycée, il y en avait un seul, pour trois classes surchargées de germanistes (l’enseignement linguistique s’en est ressenti), alors que des professeurs d’anglais LV1, il y en avait foison ! Exactement le même phénomène (en moins grave, puisque je crois savoir qu’aujourd’hui pratiquement tous les lycées sont dotés d’au moins un enseignant d’allemand LV1) que le ratio SI/SVT sus-mentionné. Là où il y a une forte demande d’enseignement, il y a un très forte offre d’enseignement. Plus une matière est jugée « populaire » ou « indispensable », plus le nombre d’enseignants qui dispensent son enseignement est grand. Il n’y a absolument aucune raison qu’un espéranto imposé comme langue internationale (je n’ai rien contre personellement) ne soit pas jugé « indispensable » par la majorité. Alors certes, son enseignement durera peut-être deux ans au lieu de dix. Mais il n’y aura pas pour autant plus d’enseignants dans les autres langues que l’espéranto qu’il n’y en a aujourd’hui qui enseignent une autre langue que l’anglais. Donc pas d’enseignant, pas d’enseignement.


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