Article très bien construit (pourrait être plus aéré). À défaut d’être à proprement parler instructif (nous avons tous de tels faits divers en tête), il illustre bien une tendance profonde de notre société.
D’une part, ceux qui vivent depuis longtemps en France n’échappent pas à notre culture judéo-chrétienne qui nous a pétris de culpabilité. Voilà pour les prédispositions. Les générations plus fraîchement établies y sont sans doute moins sensibles.
Ensuite, il y a cette tendance arrivée tout droit des USA qui veut que face à chaque évènement fâcheux, on recherche immédiatement et activement à en attribuer la responsabilité à autrui, sur le principe que la victime ne peut jamais être victime de son propre fait. Partant de ce postulat obtus, tout devient possible et si la responsabilité de la victime ne peut être invoquée, il ne reste plus que celle de ceux qui étaient présents, témoins, acteurs, voire, en leur absence, ceux qui auraient fréquenté la scène auparavant et auraient omis de prendre des mesures préventives, ...
Ce schéma de pensée est vicieux car il incite à prendre tous les risques quand on sait avec certitude que l’on est en dehors de la loi, et à n’en prendre aucun lorsqu’on sait également avec certitude que l’on a le droit avec soi !
Louis Pauwels avait parlé en 1986 du « SIDA mental » pour signifier la perte des défenses immunitaires intellectuelles, pour qualifier les manifestants lycéens. La formule m’a toujours semblé excessive et déplacée. En revanche, elle illustre à merveille l’état d’esprit qui règne aujourd’hui.
Toutefois, il y a au moins un fait divers en 2002 qui constitue un contre-exemple : Bayrou collant une claque à un gamin qui lui faisait les poches. Car enfin, son statut social ne constituait-il pas une provocation délibérée à l’endroit d’une population défavorisée ? Cette poche non fermée n’indiquait-elle pas une volonté délibérée de corrompre l’esprit fragile d’un enfant ? Cette gifle n’était-elle pas une réaction démesurée susceptible d’enclencher un cycle de violence ?