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Commentaire de aurelien

sur Peut-on mettre un terme à la querelle des OGM ? (suite)


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aurelien 17 août 2007 11:45

Grosse propagande en force aujourd’hui sur Agora Vox, l’auteur de l’article « Les atouts des OGM » citant d’ailleurs sur son blog l’auteur de cet article.

Personnellement , je conteste votre thèse qui n’est pas réfléchie de manière transdiscplinaire, et le fait que vous vous appuyez sur ce travail (et ce diplôme) pour justifier la culture des OGM est un signe du malaise universitaire français. L’histoire des sciences, de plus, n’est en rien une assise intellectuelle et décisionnelle suffisante pour ce genre de débat de fonds.

Pour répondre à votre article et au sujet de la mort de cet agriculteur :

Réactivcités à la mort de Claude Lagorce : annonce d’un mirage grenellien ?

Claude Lagorce, agriculteur du Lot, a été retrouvé mort dans son champ, pendu à un arbre, avec à ses pieds, un « plan de maïs » et un tract pour un rendez-vous de pique-nique « OGM, j’en veux pas », qui devait se dérouler dans son champ ou à proximité. Cet agriculteur cultivait du maïs mon810 de chez Monsanto.

Selon les différentes informations relayées dans la presse, ni la femme, ni les voisins, ni les proches de cet agriculteur n’étaient au courant qu’il cultivait du maïs transgénique, destiné à l’alimentation de son élevage de porcs. Selon le journal Libération(1) :

Seul son frère, avec qui il dirigeait son élevage de porcs, était dans la confidence.

Une enquête judiciaire a été ouverte pour élucider ce drame et le corps de Claude Lagorce a été envoyé, selon une dépêche AFP, à l’institut médico-légal de Toulouse pour y subir une autopsie destinée à authentifier la cause du décès, avant d’être mis en terre jeudi.

Les réactions n’ont cependant pas tardé à se transformer en récupérations déplacées, volontairement polémiques, à la fois de la part d’agriculteurs transgéniques, de citoyens opposés aux anti-OGM, mais aussi de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA), qui ont vu en ce drame un moyen pour marginaliser encore plus les personnes réclamant une transparence et un espace démocratique sur les OGM, les diverses associations de lutte citoyennes et de surveillance des OGM, ainsi que le mouvement des Faucheurs Volontaires, pionnier dans l’alerte citoyenne sur les dangers et les risques liés à la dissémination volontaire des produits transgéniques (2).

Aussi, Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, principal syndicat agricole, a déclaré à l’AFP, lundi :

On est en démocratie, on n’est pas dans une tribu africaine où chacun fait sa loi

et a demandé suite au suicide de Claude Lagorce

d’arrêter toutes les destructions et les moyens de pression sur les agriculteurs source

Outre le vocabulaire douteux : « tribu africaine », et l’amalgame entre l’action pacifique du pique-nique informatif qui devait s’organiser et une destruction de biens, le secrétaire général de la FNSEA a ainsi montré la position de lobbying que cette association syndicale tient dans le monde agricole, en faveur d’une agriculture non souhaitée par les citoyens, tout en omettant les pressions exercées à l’encontre des agriculteurs ne souhaitant pas cultiver ces produits, et devant cependant subir toutes sortes de contraintes professionnelles nouvelles et d’atteintes à l’image de leurs pratiques agricoles (taux de contamination ...).

En réponse aux déclarations des ministres du développement durable et de l’agriculture, les associations céréalières, par le biais de l’ORAMA (3), ont montré aussi à cette occasion leur vrai visage en jugeant établie de fait la continuité et le développement d’une agriculture transgénique :

« Comment peut-on déclarer, comme le font certains ministres aujourd’hui, que la question des OGM n’est pas tranchée et qu’elle ne le sera qu’à l’issue du débat de société à conduire dans le cadre du Grenelle de l’environnement ? »

« Il y a aujourd’hui des années de débats derrière nous, des armoires remplies de rapports d’expertise et de colloques et débats scientifiques et politiques, ainsi que des années de production de maïs BT. » (La Tribune)

Alors que les emplacements des cultures d’OGM semblent presque avoir été choisies pour des raisons stratégiques (4), la position de consensus des industriels agricoles autour des OGM se retrouve dans le discours d’un agriculteur transgénique anonyme vantant les OGM dans une interview très orientée, réalisée par LCI.fr(5) :

Je suis entré en contact avec l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM) qui m’a guidé et apporté un soutien technique lors des deux premières années.

Si certains agriculteurs on choisi les OGM, en tout anonymat, les conditions de ce choix et la nature économique et stratégique de la dissémination de ces cultures n’a pas été étudiée, alors que certaines personnalités prévoient d’ici à dix ans une agriculture française 100% transgénique(6). Le lobbying industriel auprès des agriculteurs, dans une perspective de productivité maximale semble cependant un peu irréaliste dans une Europe historiquement en surproduction céréalière et alors qu’est prévu pour 2008, ni plus ni moins que la suppression des jachères(7), refuges des derniers espaces de biodiversité en écosystème agricole.

Le flou juridique maintenu depuis de nombreuses années par l’état français, notamment en tardant à transposer les directives européennes sur les biotechnologies et leur dissémination, et celui démocratique, en niant l’avis des citoyens, majoritairement opposés à la dissémination de ces produits, sont responsables en partie de la situation actuelle sur le territoire français, dans laquelle les initiatives de débats citoyens sont étouffées, celles de précaution, destinées à protéger les terroirs et la santé des populations, des conseils départementaux et régionaux, déboutées par voie de justice (8), et la population, non écoutée ou manipulée par des amalgames communicatifs, comme ceux associant la recherche scientifique, notamment médicale, qui se fait sur les OGM de manière confinée depuis des dizaines d’années, et les cultures commerciales de produits transgéniques, principalement à l’heure actuelle, des OGM à pesticide, ou résistant à des pesticides.

Le suicide de Pascal Lagorce s’affiche comme étant un acte bien réfléchi, planifié et mis en scène, comme l’indique les quelques éléments délivrés dans la presse. Ce dernier a averti la gendarmerie de sa volonté de se suicider, a disposé à ses pieds des indices explicatifs de son geste (un « plan de maïs » et un tract pour un pique-nique « OGM, j’en veux pas » prévu sur sa parcelle), puis s’est pendu à un arbre.

Alors qu’aucune menace réelle ne planait sur sa personne ni sur sa culture, une dissonance cognitive liée à son activité explique-t-elle cet acte désespéré, et pourtant réfléchi ? Comment expliquer qu’un agriculteur en arrive à cacher à ses voisins, ses amis, et même à sa famille, ce qu’il cultive dans son champ ? Selon le maire de la commune, l’exploitation de monsieur Lagorce était « une ferme pilote » et « les enfants des écoles du canton venaient tous visiter cet élevage modèle. »(9) Une contradiction de principe entre la culture d’OGM et l’exemplarité de son exploitation est-elle à l’origine du drame ?

Les motivations et les circonstances de ce suicide sont loin d’être éclaircies, et ednombreuses questions restent sans réponse : Claude Lagorce cultivait du maïs mon810 de chez Monsanto ; dans quelles conditions cet agriculteur a-t-il décidé d’opter pour les OGM et quel était le contrat passé avec son fournisseur ? Quelles sont les méthodes employées par les semenciers pour inciter les agriculteurs à utiliser ces nouveaux produits ? La présence de citoyens manifestant contre les OGM explique-t-elle à elle seule ce geste ?...

La récupération de cet acte à des fins partisanes de la part des lobbies céréaliers et de la FNSEA, organismes en faveur du développement des cultures transgéniques, ne semble pas avoir contribué à la clarté du débat sur la dissémination des Organismes Génétiquement Modifiés(10) ni à la réserve sur cet événement tragique, dont les premières victimes sont tout d’abord la famille et les proches de Pascal Lagorce.

(1) OGM : le conflit en terre fertile, Libération, 9 août 2007

(2) Les actions des Faucheurs Volontaires se sont multipliés en nombre cet été, à l’approche du Grenelle de l’Environnement, et assagies dans leur forme depuis les derniers procès pour fauchage : occupation du port de St-Nazaire, pollinisation de champs OGM, arrache symbolique d’un plant par personne, manifestations d’informations, pique-niques...

(3) l’ORAMA regroupe l’AGPB (Association générale des producteurs de blé), l’AGPM (Association générale des producteurs de maïs) et la FOP (Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux)

(4)Le 9 août, la presse révèle que des maïs OGM sont cultivés en plein parc naturel régional du Gâtinais.

OGM en plein parc régional : « en tout légalité » Nouvel-Observateur

Sur 11 conseils généraux départementaux ayant pris voeu d’interdire les OGM, le registre national a révélé que 6 d’entre ces départements abritaient des cultures de ce type, et que sur les 17 conseils régionaux ayant pris ce même voeu, 11 régions abritent des cultures trasngéniques.

Des OGM sont peut-être cultivés près de chez vous ?, Agora Vox, 24 juillet 2007

(5) « Pourquoi je cultive OGM », LCI.fr

(6) Propos de Claude Allègre devant 400 agriculteurs de la coopérative vendéenne Cavac, en assemblée générale aux Herbiers.

Claude Allègre plaide pour les OGM, Ouest France, 15/12/06

(7)La FNE s’inquiète de la suppression des jachères en 2008, Actu-environnement.com, 30/07/2007

(8) L’alignement de la commission et du parlement européen aux Etats-Unis sur la question des OGM est d’ailleurs fort peu interrogée par les médias : Le 13 juin 2006, une déclaration écrite par Janusz Wojciechowski, Caroline Lucas, Ioannis Gklavakis et Thijs Berman, sur les denrées alimentaires, les semences et le fourrage génétiquement modifiés sur les OGM permettant aux Etats et aux régions d’interdire les OGM a été refusée, faute de voix, au Parlement Européen. (texte)

(9) Le Figaro, 08/08/07

(10) Originellement appelés : Organismes Génétiquement Manipulés, et qualifiant des organismes chimériques.

Note : l’article de la Tribune semble ne pas être accessible en lien direct, on peut le trouver via google actualités ou via le site de la Tribune.


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