Voilà, pour la définition de culture, celle que donne l’Unesco : La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.
Cette définition bien que large est assez floue et ne précise pas (ou ne cherche pas à le faire) quelles sont les conditions indispensables pour parler de « culture ». Toutefois, beaucoup de ces caractéristiques manquent à l’espéranto : modes de vie, systèmes de valeurs, traditions et croyances. Le seul dénominateur commun à la communauté « espéranto » est donc la langue (c’est déjà beaucoup) et les créations qui en résultent (romans, chansons, films). Est-ce suffisant pour autant ? L’expérience m’a montré que des personnes de même culture, lorsqu’elles sont expatriées, se regroupaient facilement, d’autant plus qu’elles vivent au quotidien une coupure avec leur propre culture qui en vient rapidement à créer un manque affectif plus ou moins traumatisant. Et là, on réalise que ce n’est pas seulement un problème de langue mais un problème de références. Le plus bel exemple en est le comique. Il n’y a qu’à voir un film comique français, à l’étranger, pour remarquer que les spectateurs étrangers ne rient pas aux mêmes moments que vous (non, ce n’est pas le décalage des sous-titres) ni pour les mêmes traits comiques. Et inversement, bien sûr, pour un film étranger vu par un français à l’étranger... Ces différences de références comiques ne toucheraient toutefois que les mots. Les gestes comiques, les situations comiques paraissent assez universels (Mr Bean souvent programmé dans les avions pour un public international). Un prof de la Sorbonne nous disait : la culture commune c’est quand je vous dis « chers amis bonjour », vous me répondez avec un bel ensemble bien rythmé : « bonjour » (allusion à l’émission « le jeu des mille francs » diffusée à la radio pendant des dizaines d’années). C’est un peu simple, mais parfois les choses simples sont plus profondes que les longues dissertations. Raison de plus pour m’arrêter là.