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Commentaire de Dan51

sur Au ban de la société


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Dan51 20 août 2007 13:40

Concernant ce que vous écrivez sur l’Allemagne, je dois malheureusement vous dire que vous êtes mal informé - par l’article du Monde je suppose. J’ai déjà répondu à cet article du Monde sur le site de F. Bayrou e-soutiens. Je reprends donc - en italique - les citations de l’article du Monde.

Cet article est un résumé assez réducteur qui oublie de mentionner pas mal de paramètres...

« Phénomène de mode, la »Ich-AG« , sorte de »société par actions à moi tout seul« , connut son heure de gloire : un bénéficiaire recevait une indemnité régulière pour mener à bien un projet professionnel individuel. Mais elle aussi a été abandonnée, en raison de la difficulté à évaluer le sérieux des demandes. »

Tout d’abord, le concept de « Ich-AG » a encouragé des chômeurs à créer leur entreprise, beaucoup existent encore aujourd’hui. On les a soutenus pendant 3 ans par des aides dégressives année après année. Ceci a permis de sortir les personnes de l’allocation chômage ou du RMI et souvent d’embaucher d’autres personnes, lorsque la Ich-AG a bien fonctionné. Et le projet n’a pas été abandonné pour les raisons mentionnées mais dans le cadre de la restructuration des moyens pour financer le programme Hartz IV.

Il y a eu aussi un autre système non mentionné : une subvention de 600 Euros pendant 6 mois, une fois renouvelable - en plus de l’allocation chômage - qui permettait de créer son entreprise, avec un soutien juridique et fiscal. Ceci a aussi encouragé les personnes à se lancer et beaucoup existent encore aujourd’hui et ont embauché du personnel.

« Restent les 7 millions de »mini-jobs« peu qualifiés, rémunérés à 400 euros maximum, dont la part de cotisation patronale est réduite et forfaitaire, et qui n’offrent pas de garantie d’emploi à long terme. »

En ce qui concerne les « mini-jobs » à 400 Euros, heureusement qu’ils existent !!!

Ils sont très utilisés, car très flexibles, par exemple par de nombreux étudiants qui financent ainsi une part de leurs études - mon fils par exemple et sa compagne polonaise - et par pas mal de femmes qui ne veulent pas un emploi à plein temps, car elles veulent élever leurs enfants, mais veulent aussi gagner de l’argent sans être trop prises par des emplois à 40h/semaine. On en trouve par exemple dans le soin aux personnes âgées à domicile, les travaux de nettoyage, etc...

Et enfin, par des personnes qui veulent gagner un peu plus que ce que leur permet leur emploi à plein temps. Une personne ne peut cumuler 2 mini-jobs en même temps, car ils doivent être déclarés à l’administration qui vérifie scrupuleusement, mais elle peut en avoir un en plus de son emploi à plein temps.

Oskar Lafontaine, aujourd’hui associé dans un nouveau parti d’extrême-gauche avec les anciens SED qui ont donné l’ordre de tirer sur les gens qui voulaient passer à l’Ouest en traversant le mur, avait supprimé ces mini-jobs dans le gouvernement Schröder.

Ils ont été réintroduits parce qu’ils arrangent tout le monde, les personnes dont je viens de parler et les employeurs, car ils leur donnent de la flexibilité.

Ce qu’en écrit le journaliste à ce sujet est réducteur et insinuateur.

« La mesure la plus emblématique reste Hartz IV, plus que jamais d’actualité au moment où des ménages en sont réduits à compter chaque centime pour pouvoir payer le lait, le beurre et le fromage, dont les prix viennent d’augmenter. Elle réduit à douze mois (contre trente-deux auparavant) la période de versement des allocations chômage. Au-delà, le chômeur, dit de longue durée, reçoit une indemnité de 350 euros environ, s’il vit seul. Hartz VI a fait descendre des centaines de milliers de gens dans les rues, qui protestaient notamment contre le fait qu’un bénéficiaire puisse être appelé à prendre un logement plus petit en fonction de ses revenus. En avril, 7,4 millions de personnes bénéficiaient de ces allocations. »

Cette description n’est pas tout à fait correcte.

La durée de l’allocation chômage a été certes réduite à 12 mois, l’idée était d’inciter les gens à rechercher immédiatement un emploi, même pendant la période du préavis lors d’un licenciement et de ne pas commencer trop tard. Avant certains se payaient des « vacances » en début de période de chômage. J’en ai connu pas mal, puisque je travaille dans le recrutement. Ils venaient me voir quand le délai final se rapprochait et que ça « brûlait »...

Au-delà, c’est ce qui correspond au RMI. Certes le montant est de 350 Euros, ce qui est bas, mais le journaliste oublie de mentionner ce qui est financé à côté par l’Etat, le logement, les transports, les frais médicaux, souvent le téléphone, des vêtements d’hiver et des vêtement d’été, etc...

Bien sûr c’est un minimum, mais la situation n’est pas si catastrophique que le journaliste veut le faire croire. Certaines personnes se sont arrangées avec le RMI et ne souhaitent pas forcément autre chose. Il y a même des bouquins qui ont été écrits par des RMIstes louant cette « philosophie de vie », ce qui fait râler ceux qui triment en usine et qui ont à peu près le même revenu lorsque toutes les aides sont prises en compte...

Les choses ne sont donc pas aussi simples - en noir et blanc - que le décrit ce journaliste... comme toujours, la réalité est beaucoup plus complexe...

Peter Hartz est une personne peu recommandable, il est actuellement mis en examen, et le gouvernement de coalition actuel a modifié les décisions prises par le gouvernement de Schröder, mais a conservé celles qui lui paraissaient aller dans le bon sens... l’avenir montrera ce qu’il en est, il est actuellement trop tôt pour faire un vrai bilan...

En France, pour le moment, aucune réforme de fond des minima sociaux n’a été entreprise, F. Bayrou avait d’excellentes propositions, il faudra voir ce que le gouvernement actuel fait en la matière...

Quant au jobs à 1 €, comment pouvez-vous laisser croire que des gens seraient rémunérés à 1 €, lorsque vous écrivez :

« On trouve aujourd’hui des »jobs à 1 euro« de l’heure, bien en deçà des conventions collectives. »

C’est de la désinformation pure.

Vous oubliez de mentionner que c’est la possibilité pour les gens qui sont depuis très longtemps au RMI de remettre le pied à l’étrier en assumant des travaux dans les collectivités locales, l’Euro est plutôt symbolique. Ils vivent de ce qui correspond au RMI, plus les aides logement, vêtements, loyer, médicaments, etc...

Lorsqu’ils ont réussi à travailler pendant une certaine période sur le moyen terme, cela leur permet de le mentionner sur leur CV, ce qui facilite l’embauche, cette fois-ci par une entreprise soumise à la concurrence...

Avant de résumer ainsi des articles de presse lus à tout vent, il conviendrait de S’INFORMER dans le pays en question. J’y vis depuis 30 ans... et me permets de corriger vos « citations ».


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