Philippe
Encore une fois, voilà un excellent article autant par son économie que par sa présentation générale. Permettez-moi d’ajouter mon petit grain de sel sur le Groupe de Shanghai.
Ici, au Québec, nous avons le Sommet de Montebello qui réunit le Canada, les États-Unis et le Mexique. Dans la capitale kirghize de Bichkek, le « Groupe de Shanghai » a rassemblé, vous l’avez bien montré, la Chine, la Russie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizstan. L’Organisation de coopération de Shanghai, fondée en 2001, a, comme vous l’avez indiqué, pour but de lutter contre le terrorisme et le séparatisme mais il faut également savoir qu’elle est souvent accusée d’être un « club de dictateurs » voulant contrer l’influence américaine en Asie centrale, une région riche en hydrocarbures mais aussi en sources d’instabilité. Il faut préciser aussi que le Groupe de Shanghai est une organistion permanente. Les institutions de l’OCS sont composées de deux parties : le mécanisme de rencontre et les organes permanents. L’organe du plus haut niveau est le Conseil des chefs d’Etat. Les institutions permanentes comprennent le secrétariat à Beijing et la Structure antiterroriste régionale (RATS) à Tachkent, capitale ouzbeke.
Pour Bolat Nurgaliev, secrétaire général de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), le sommet de Bichkek vise « à développer et à resserrer les liens entre voisins » alors que Bloomberg.com parle d’un « sommet de sécurité anti-états-uniens », et que le New Statesman appelle l’OCS le « rival de l’OTAN en Orient ». Point intéressant à noter : ses pays membres couvrent une territoire supérieur à 30 millions de km2 avec une population de 1,46 milliard d’habitants.
Hamid Karzaï y était présent à titre d’invité. Bichkek a aussi accueilli pour la première fois le président Gourbangouly Berdymoukhamedov, du Turkménistan, une république riche en gaz. Menacé à terme par une pénurie de gaz provoquée par des sous-investissements dans les infrastructures, Moscou a intérêt à garder de bonnes relations avec les ex-républiques soviétiques comme le Kazakhstan, riche en gaz. Bien évidemment, les présidents russe Vladimir Poutine et iranien Mahmoud Ahmadinejad ont lancé des piques aux États-Unis, ce qui peut appuyer l’interprétation qu’en fait Bloomberg.com. « Nous voulons renforcer le système international multipolaire », soutient le président russe Vladimir Poutine, tout en ajoutant que « l’unilatéralisme n’a pas d’avenir ». Ahmadinejad, ayant le statut d’observateur de l’Iran, a tiré la plus grosse salve sur les Etats-Unis, qualifiant leur projet de bouclier antimissile de « menace » pour « toute l’Asie ». Le président ouzbek Islam Karimov a aussi appelé à une « démilitarisation » de l’Afghanistan pour permettre sa stabilisation, sous-entendant que la présence militaire américaine ne pourrait jamais y garantir la paix.
Pierre R.