La SCO exhibe ses forces militaires en Asie centrale en Europe
Peu de personnes en Europe, et en particulier en France, savent ce que signifie exactement le sigle anglophone SCO, tant nos médias en ont peu parlé, sinon de manière très discrète. Et pourtant ces trois lettres sont maintenant à retenir car elles indiquent un changement radical dans la situation géo-stratégique, politique et militaire dans le monde...
Shanghaï Cooperation Organization : six pays qui se rassemblent
Depuis plusieurs jours, ont lieu les deuxièmes manoeuvres militaires conjointes russo-chinoises appelées du nom de code conventionnel « Mission de Paix 2007 ».
Ces exercices militaires impliquant des forces armées terrestres et aériennes importantes sont une manifestation de puissance de la SCO « face à l’Occident », selon les médias nationaux des pays parties prenantes, manière polie de rappeler aux Etats-Unis notamment que le temps de la primauté unique et exclusive des intérêts pétroliers et gaziers en Asie centrale est révolue pour eux.
Tout en flattant au passage le nationalisme des populations des pays concernés.
Les six pays qui forment la SCO sont : la Chine, la Russie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan et le Tadjikistan.
Les six présidents ont tenu pour la circonstance à poser, tous souriant, pour les caméras des médias de leurs pays respectif.
Vladimir Poutine a mis en exergue ses bonnes relations avec les quatre présidents des quatre ex-Républiques de l’ex-URSS, ce qui est pour lui et son gouvernement une image valorisante à l’égard de son opinion publique nationale.
Dans l’entourage des six dirigeants, on annonçait clairement que la coopération sur tous les plans se poursuivrait, au profit mutuel commun.
Le président chinois a lui aussi montré sa bonne humeur et sa satisfaction de voir sous ses yeux « combattre » ensemble des unités chinoises et russes, au coude à coude, contre un ennemi commun, certes virtuel ici.
De cette manière officielle et ostensible, les six chefs d’Etat ont marqué la transformation de la SCO, à l’origine une sorte de structure dont l’objectif était de diminuer les tensions militaires (et partant, les forces armées) aux frontières communes des Etats signataires - en une autre instance bien plus significative pour le monde de demain.
Une manifestation de force et ses conséquences sur tous les plans
Les observateurs les plus attentifs, notamment en Asie, appuient sur trois points essentiels quant aux significations et aux messages envoyés aux dirigeants des pays de la planète :
- le premier, le plus visible de l’extérieur, est d’exhiber les nouveaux armements de haute technologie, notamment russes et chinois, en conditions réelles de combat et dans un cadre qui est censé ne pas témoigner d’hostilité envers quiconque puisque les exercices en cours visent à reprendre un gros village russe, aux confins du Kazakhstan, qui aurait été pris en otage par 1 000 « terroristes ». D’un certain point de vue, c’est aussi une vaste opération médiatique de promotion commerciale russo-chinoise pour leurs industries d’armement ;
- le deuxième est de mettre en évidence que les six pays sont bien passés dorénavant à un niveau supérieur dans leur alliance en transformant la SCO en une véritable union politique, économique et politique, ici nettement démontrée dans sa réalité ;
- le troisième est, ce faisant, de signifier, notamment aux Etats-Unis, que le temps des intérêts américains exclusifs en Asie centrale, particulièrement sur le marché du pétrole et du gaz, est révolu et qu’il faudra désormais passer par la négociation.
D’autant que les troupes américaines sont embourbées en Irak et en Afghanistan, tandis que leur budget est maintenant grevé lourdement par ces guerres sanglantes et interminables.
Certains analystes militaires, surtout américains, retiennent, eux, la mise au jour publique de la coopération militaire russo-chinoise, qui n’est pas sans en inquiéter certains, ici et là.
A l’évidence, cette union qui naît sous nos yeux et en direct bouleverse les données géo-stratégiques mondiales, d’autant que ses conséquences à court et moyen terme peuvent aussi influer fortement sur les prix du pétrole et du gaz au niveau international.
Selon les informations fournies par les autorités de la SCO, les manoeuvres « Mission de Paix 2007 » ont rassemblé 6 000 soldats et aviateurs, dont 1 700 originaires de Chine.
C’est la Russie qui a payé l’addition principale en accordant une somme de 80 millions de dollars pour l’occasion.
Et maintenant ?
Au même moment, à l’ONU, la Russie venait de faire annuler une possible résolution sur une éventuelle violation par un de ses avions de l’espace aérien de la République de Géorgie.
Elle souhaite laisser du temps au temps pour examiner sereinement les allégations des autorités géorgiennes.
Il semble donc que l’Asie centrale, ses riches sous-sols, soit l’objet des attentions conjointes de Pékin et de Moscou, mais que ces capitales aient tissé leurs liens solides avec les pouvoirs dans la région et à leur profit.
Pour les compagnies pétrolières et gazières américaines, les manoeuvres militaires communes ostensibles de la SCO ont été bien comprises comme un avertissement ferme et clair pour l’avenir, cela dans un contexte de crise boursière et financière qui semble ne pas vouloir se terminer, voire s’aggrave.
Les « marchés financiers » risquent aussi de comprendre les conséquences induites de la naissance de l’alliance politique, économique et militaire de la SCO. Et cela pourrait ne pas les aider à retrouver la confiance qui fait déjà tant défaut.
Source et lien direct en anglais
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