Visiblement, nous ne sommes pas d’accord sur tout. Je passerai sur les propos qui lui sont attribués. J’ai toujours du mal à rentrer dans un débat qui s’engage sur des choses invérifiables. S’il l’a dit, c’est pas très sympa de sa part. Maintenant, qui n’a jamais piqué une colère, en prononçant des mots à ne pas prendre au pied de la lettre ?

Je ne lui jetterai donc pas la première pierre. En revanche, je trouve intéressant de réagir à vos différentes propositions.

La construction d’un second porte-avions : Au cas où vous ne le sauriez pas, il est envisagé de le construire - éventuellement - avec les anglais. Et si vous connaissez un peu la mer, vous savez qu’un porte-avions, ça ne se balade pas tout seul. C’est tout un groupe aéronaval qui se déplace comme un seul bâtiment. Ce n’est donc pas étonnant que la décision tarde, car les enjeux stratégiques seraient capitaux si on le faisait avec les anglais (cf mon commentaire sur l’article concernant la « sortie » de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne).

Le transfert des sous-marins nucléaires à l’île Longue : Tant que vous y êtes, donnez-leur aussi le digicode de l’entrée ! Depuis quand rassemble-t-on dans un seul lieu l’ensemble des équipements militaires d’un seul type ? Et que faites-vous de la capacité de projection sous-marine en Mediterrannée ? Ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, ca doit vous dire quelque chose, non ?

La signature de la Charte Européenne des langues régionales : La Charte en question est déjà signée. Depuis un bon bout de temps. Sauf qu’elle a été déclarée inconstitutionnelle. Il faudrait donc une révision de la Constitution pour qu’elle soit adoptée. Cela implique soit un référendum, soit la majorité des deux tiers au Parlement réuni en Congrès à Versailles. Cette révision a été abandonnée par J. Chirac quand il s’est aperçu qu’il n’aurait pas la majorité requise pour voter ce texte. Il va vous falloir convaincre encore beaucoup de monde avant de pouvoir faire rentrer cette Charte en droit interne.

Négociation de la PAC faisant la part belle à l’environnement : Rassurez-vous, les agriculteurs vont pouvoir vivre dignement de leur travail dans les années qui viennent, vu la hausse durable du prix des matières premières agricoles. En revanche, compte tenu de la détérioration continue du niveau des stocks mondiaux et de la pression croissante à la hausse de la consommation, il est peu probable que l’Union Européenne pousse à lever le pied sur l’agriculture intensive comme elle tendait à le faire ces dernières années. Au contraire, on risque fort de revenir aux préceptes productivistes des années 60-70.

De vraies mesures pour la protection des marins : Je suis tout à fait d’accord avec vous sur cette nécessité. Mais dès lors qu’il s’agit d’une décision impliquant l’ensemble de la communauté internationale, je crains que ce type d’évolution ne mette de nombreuses années avant de trouver un début de solution. Il est vrai que cela commence à devenir particulièrement pénible de voir des gars qui triment comme des malades pour parfois à peine un SMIC se faire dégommer par des supertankers, porte-contenairs, et autres sous-marins, sans que les responsables, qui ne prennent même pas la peine d’essayer de sortir les gars de l’eau, soient poursuivis.

Le TGV jusqu’à Brest : Tout à fait d’accord. Les bienfaits du TGV en terme d’aménagement du territoire ne sont plus à prouver. Et d’un point de vue de cohérence du territoire, ce ne serait pas illogique de voir la liaison Paris-Rennes prolongée jusqu’au Finistère.

Réunification de la Bretagne : Pour le vilain méchant Jacobin que je suis, les mots « réunification de la Bretagne » n’ont aucun sens. De la même manière que « peuple basque » ou « peuple corse ». Pour moi, il y a un peuple français, point barre. Et la France n’a pas besoin d’être « réunifiée », elle l’est déjà. Qu’on ait trop de régions en France, que les départements soient un échelon administratif discutable aujourd’hui, et que le partage des compétences entre les différentes collectivités territoriales soient à clarifier, oui. Mais Faire modifier un découpage administratif à la marge, discutable par définition, et créer des problèmes (où sera fixée la capitale de la région ? Rennes ou Nantes ?) pour contenter quelques nostalgiques de l’époque médiévale, non.

Venir passer ses vacances chez les ploucs : Si un jour, j’ai les moyens d’acheter une résidence secondaire, il y a de grandes chances que je le fasse en Bretagne. Des gens vrais, accueillants, un climat sain, et la musique inimitable des vagues qui inlassablement s’écrasent sur les rochers ou caressent la plage, le tout loin de la pollution et de l’habituelle arrogance parisienne, ca me va.