@ehryx
Pour te répondre sur ce que j’entends par « communication entre les hommes », il me semble qu’aujourd’hui, il est nécessaire de partager avec les élèves un grand nombre de notions souvent réservées aux adultes :
- se connaître soi-même, en utilisant les apports de la psychologie, la psychanalyse ;
- connaître les autres, par la présentation des cultures et des religions du monde, en ayant une vision plus large que la seule présentation de l’islam. Il s’agit dès lors d’ouvrir à l’hindouisme, le bouddhisme, le taoïsme, les cultures aborigènes...
- échanger de façon pacifique, de l’affirmation de soi à l’écoute, la connaissance des bases du savoir-vivre, la compréhension de la notion d’interdépendance, qui nous fait tous grandir par la conscience de vivre en société...
J’ajoute que l’éducation civique me semble également vouée à faire partie de cet ensemble, car le civisme, c’est bien du domaine de notre relation avec les autres.
Si tu souhaites que l’on approfondisse ce débat, je te propose de répondre à ce message, nous pourrons poursuivre par courriel en direct. Je t’écrirai dans la foulée.
Concernant la culture générale, j’associerais effectivement sans hésiter français et histoire-géo. C’est un ensemble cohérent dans le cadre d’une vision ouverte au monde qui est la mienne.
Pour la physique, elle doit à mon sens être liée aux maths : les sciences physiques traduisent les mathématiques dans le concret.
Les sciences naturelles posent une question plus délicate. Certains aspects sont à rapprocher de la culture générale (géographie, paléontologie) d’autres aux mathématiques (biologie).
Pour mémoire, je te rappelle que les entrées dans les Universités Américaines sont basés sur seulement deux tests de niveau : TOEFL (Anglais) et GMAT (Maths).
Pour le reste, comme tu le vois, je suis pleinement d’accord avec toi. Les aspects de gestion pourraient ainsi être logiquement rattachés aux maths, les sciences humaines à la culture générale.
Concernant ta question sur l’orientation, je crois que ce socle de 6 disciplines devrait être intégralement acquis au Collège. Cela permettrait au Lycée de devenir un lieu d’approfondissement ou de découverte de nouvelles matières, permettant à un jeune de 18 ans de pouvoir, s’il le souhaite, quitter les études avec un bagage suffisant pour inventer et participer à ce monde post-industriel.
Et clairement, cela impose, à la fin de la 3e, une orientation basée sur à la fois des données qualitatives et quantitatives.
Sur l’aspect qualitatif, je crois qu’il serait temps de réhabiliter les échanges directs élèves-professeurs. Pendant toute l’année scolaire, la communication est souvent à sens unique (ça aussi, il faudra le changer). Et à la fin de l’année, il n’existe aucun cadre permettant aux élèves de prendre ne serait-ce qu’une demi-heure avec l’enseignant de leur choix pour parler d’orientation. Ils se retrouvent dans le meilleur des cas face à un conseillerd’orientation qui ne connaît pas leur histoire, leur personnalité...
Sur l’aspect quantitatif, je confirme qu’il faut systématiser les tests de niveau. Ces tests ne doivent pas verrouiller définitivement la vie d’une personne, mais à un moment donné, ils permettent d’orienter les élèves sur des bases un tant soit peu objectives.
Il va de soi que je considère que les cartes ne doivent pas, comme c’est malheureusement trop souvent le cas en France, être distribuées définitivement avant 20 ans, et que la formation doit être encouragée tout au long de la vie.
A propos de l’inadéquation entre les diplômes et les secteurs qui embauchent, je pense qu’elle est d’abord liée au fait que des jeunes sortant du bac ne savent pratiquement rien faire : ils ne parlent pas anglais, maîtrisent mal les logiciels bureautiques (tout va bien sur les traitements de texte, mais les tableurs et les bases de données, c’est moins ça), n’ont pas les notions de culture générales qui permettent de ne pas renouveler les erreurs du passé, sont souvent incapables d’écrire un français correct, sont parfois malades en raison des longues heures passées devant la télé au lieu de s’aérer, et sont maladroits dans leur façon de communiquer. Il m’arrive assez souvent de recruter, et pour moi les compétences techniques ne sont pas l’essentiel, elles peuvent s’apprendre dans l’entreprise. En revanche, je préférerais que les compétences de base et les compétences comportementales soient déjà présentes.
Enfin, je suis bien évidemment d’accord avec toi sur la formation au CV et aux lettres de motivation. Et pour leur donner un contenu, il faudrait amener les élèves à faire des stages (ou monter des projets associatifs) dès le lycée, pour pouvoir quitter les études à 18 ans.