Merci.
Provocateur parce ce que j’ose insinuer qu’on a besoin des autres, tous tant qu’on y est ? Qu’on n’est rien sans les autres ? Que l’autre est une partie de soi ? Que Je n’est pas un autre, mais tous les autres ?
Dame !
En ce moment, la communauté internationale dépèche en Grèce d’importants moyens en matériel et en hommes pour venir à bout des incendies meurtriers. Elle l’a fait aussi pour le Pérou, après le séisme qui a endeuillé ce pays. Et nous avions proposé notre aide à l’« ennemi » américain, au lendemain du 11 septembre.
Cela signifie qu’au-delà des législations imbéciles promulguées par de pitoyables politiciens de carrière, au-delà des petits papiers roses, blancs, rouges réclamés par le brasse-fafs de service à l’étranger quel qu’il soit, et quelles que soient les raisons qui l’ont conduit à poser le pied sur notre territoire, il y a l’urgence, la détresse absolue, qui effacent frontières et nationalités et remet chaque chose à sa juste place.
Je, alors, redevient l’Autre. Et l’union fait la force.
Nous autres français n’avons pas connu de situation d’extrême urgence ni d’absolue détresse depuis la Seconde guerre mondiale. Seuls certains de nos anciens peuvent concevoir ce que cela signifie d’avoir à se justifier, la peur au ventre, auprès d’une bureaucratie glaciale et inhumaine. Des queues interminables quel que soit le temps, des refus exprimés avec dédain, l’attitude arrogante de crétins bien assis qui voudraient leur signifier qu’ils ne sont rien, ou presque, parce qu’une loi scélérate promulguée par des scélérats de métier au service d’intérêts scélérats en a décidé ainsi. Certains de nos anciens se souviennent de cette période troublée où il fallait réunir des papiers, montrer patte blanche, la boucler quand on avait envie de gueuler.
Certes il se trouve parmi nous de ces « imbéciles heureux qui sont nés quelque part » où selon eux l’étranger n’a que faire, où le pauvre et l’handicapé sont réduits au statut de faune parasitaire, où le déclassé n’est jamais qu’un profiteur et où le vrai profiteur est désigné comme un « petit malin qui a su se débrouiller ». De ces imbéciles pour qui l’autre dans la détresse n’a qu’à se débrouiller tout seul là où il est. Qui n’ont besoin de personne et pour qui le reste de l’humanité se décline en bons étrangers et en mauvais. En étrangers intelligents, utiles, judéo-chrétiens et rentables, et en tous les autres, qu’il faut exclure de notre territoire lorsqu’ils y posent le pied, quelle qu’en soit la raison.
Puissent ces braves gens n’avoir jamais besoin de connaître la détresse ressentie par ceux-là, pour saisir quelque chose de la précarité de la situation de confort où ils se vautrent.