Deneb,
Je n’ai pas eu le temps de fignoler mon message : ce qui me chagrine dans vos messages, c’est qu’ils perpétuent ce grand mensonge de la facilité des langues ;
Notre propre langue est elle-même une très grande difficulté : pour l’acquérir à un niveau correct, il nous faut passer quelque quinze à vingt ans en immersion complète, et pourtant nombre d’adultes sont très faibles en français.
Pour une langue étrangère, c’est pire, car les années nous sont comptées, et le temps d’immersion est considérablement réduit. Acquérir un bon niveau dans une langue étrangère est un immense travail, et conserver ce niveau demande des efforts tout aussi soutenus.
Et non, les capacités de nos cerveaux ne sont pas illimitées, pas plus que la mémoire, pas plus que le temps, pas plus que les ressources de la Terre. Seules les connaissances que nous en pourrons jamais mémoriser semblent illimitées... Un peu de réalisme et de modestie clarifierait le débat.
Et surtout, avant même de débattre, il faudrait savoir de quoi on parle : vous dites parler cinq langues. A quel niveau ? « Parler une langue » ne veut rien dire. S’agit-il de connaître quelques phrases dans diverses langues, de savoir se débrouiller pour demander un renseignement ?
Personnellement, je dirais que parler une langue, c’est être capable de lire un roman de qualité (mais sans trop d’argot), pouvoir participer à une conversation, disposer d’un vocabulaire relativement étendu, comprendre des chansons, comprendre un peu d’humour pas trop difficile. Et ceci est déjà un excellent niveau, correspondant à A2 dans la nouvelle échelle consensuelle CECRL. Très peu de gens parviennent à ce niveau dans une langue étrangère, deux c’est exceptionnel, il y faut des circonstances particulières ou des besoins professionnels.
En outre, les Français ne sont pas nuls en langue, ils sont comme tout le monde. Où sont les tests sur le niveau en langue des Anglais, Usoniens ou Australiens ?
Comme l’a dit Esperantulo, les prétendues enquêtes d’Eurobaromètre en sont que des sondages bidons à qui on fait dire ce qu’on veut. Et si les pays nordiques sont forts en anglais, c’est qu’ils ont accepté que l’anglais soit la lingua franca de leurs pays et qu’il soit utilisé à l’université. Permettez qu’on ne partage pas le souhait de voir la France suivre cette voie. Malheureusement, l’anglais est devenu quasiment obligatoire à l’école primaire, qu’on se le dise. Aucun journal ou télé n’en a parlé ! Ils roulent tous pour l’anglais lingua franca de l’Europe, on ne le dira jamais assez, c’est pour cela qu’ils s’extasient devant les « dons » en langue des Finlandais ou des Suédois ! Après les autocollants « stop-pub », il nous faudrait des stop-clichés !