@ l’auteur,
Dans votre article, très intéressant, manque cependant la notion fondamentale qui pourtant traverse l’ensemble de votre réflexion : les biens publics.
Un bien public est un bien nécessaire à la bonne marche de l’activité économique, sans que personne ne soit prêt à payer pour son financement.
Les équilibres écologiques, la diversité biologique, l’absence de pollution sont quelques uns de ces biens publics, au même titre que la sécurité, les routes, et l’ensemble des services publics.
La vraie faille n’est pas dans la faiblesse supposée des modèles mathématiques. Les ingénieurs, les chercheurs, à force d’être trop plongés le nez dans le guidon de leurs outils, en arrivent à oublier certaines évidences.
C’est l’absence de prise en considération de ces biens publics dans les modèles mathématiques qui est à la source de la faillite de ces modèles, et non pas les modèles eux-mêmes.
Ces variables ont consciemment été exclues du champ de l’analyse, principalement car elles étaient - et restent - très difficilement quantifiables et valorisables.
Le modèle est bien beau, il fonctionne, c’est fantastique. Au début, on prend la peine de préciser les restrictions, les limites du cadre de réflexion. Et comme le modèle fonctionne plutôt pas mal, peu à peu, on oublie. Les décideurs, séduits, ne se fient plus qu’à l’outil.
Si l’on constate des écarts, on les met sur le compte d’une marge d’erreur, que l’on qualifie de risque. Sauf que pour certaines dégradations de biens publics, les impacts négatifs se cumulent dans un effet « boule de neige ».
Au final, le modèle mathématique meurt non pas en raison de ses erreurs internes, mais de la restriction initiale de ses hypothèses, restriction que personne n’a jamais eu le courage de remettre en cause.