Bonjour Philippakos,
et merci pour ces éclairages sur une technique devenue populaire en quelques années mais dont, effectivement, peu d’utilisateurs soupçonnent les conséquences.
En fait, s’il y a des questions à se poser sur l’authenticité d’un cliché numérique, je les vois surtout dans tout ce qui touche au juridique et au droit de propriété, dans l’éventuelle valorisation commerciale d’une image ou dans son utilisation comme preuve de quelque chose. Avec le support argentique les truquages sont plus difficiles et peuvent, en général, être décelés par un spécialiste.
Il faudrait donc trouver une technique en mesure de bloquer toute modification d’une image enregistrée. Les électroniciens et informaticiens de l’imagerie numérique n’ont-ils pas encore inventé un tel procédé ?
Pour le reste, quelle est donc l’importance dans la vie courante de pouvoir copier et transformer une image ? Si cela peut faire plaisir à quelqu’un de copier une de mes images et qu’en plus il prenne plaisir à la transformer pour l’adapter à ses goûts, quel dommage pour moi ? Aucun ! Au contraire, la satisfaction d’avoir fait plaisir ou rendu service à une autre personne ! Toute image n’a de valeur que par l’interprétation qu’en fait tout un chacun. Quelle importance, donc, que les pixels de l’image que j’ai devant les yeux soient effectivement ceux qui ont reproduit le sujet ? La fidélité dans la reproduction d’un sujet n’a d’importance que pour des raisons scientifiques ou juridiques, quelquefois sentimentales et mémorielles. Bien entendu aussi si l’image en question s’accompagne de droits d’auteur et d’espèces sonnantes et trébuchantes en découlant !
Tous les peintres ont été plagiés et les reproductions légales ou illégales ont en fait contribué à multiplier l’impact des originaux ... et à quelquefois remplir certaines poches. Le numérique n’est qu’une nouvelle technique de représentation de la réalité qui facilite les manipulations dont étaient déjà sujet d’autres supports (argentique, peinture, aquarelle ...).
En fait, deux choses me chagrinent beaucoup plus. D’une part la démocratisation de la photographie a été accompagnée par la multiplication de laboratoires à bas prix qui produisent des images d’une si mauvaise qualité qu’elles finissent par dévoyer le sens artistique d’une grande partie du public. C’est un regrettable nivellement par le bas.
D’autre part, en pensant aux peintures de Lascaux qui ont traversé des millénaires sans altération (jusqu’à ce que l’homme moderne vienne les perturber) je me demande pourquoi les connaissances scientifiques auxquelles nous avons accédé n’ont pas encore abouti à une technique fiable de conservation à long terme des images tant argentiques que numériques.
J’aimerais ajouter un mot à propos de votre article précédent sur le numérique que j’ai également fort apprécié sans avoir le temps d’y réagir. Quelles que soient ses qualités intrinsèques, un outil ne vaut que par l’habileté de son utilisateur et du résultat qu’il espère en obtenir.
Bien à vous