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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Les techniques numériques : un autre rapport à l’image

Les techniques numériques : un autre rapport à l’image

L’arrivée du numérique dans les domaines de l’image ne sera pas le simple remplacement de grains argentiques par des petits carrés nommés pixels. La transformation risque d’être beaucoup plus profonde qu’il y paraît au premier abord. Les fondements mêmes de la photographie sont déjà ébranlés et on peut supposer que l’image connaîtra prochainement une révolution comparable à celle qu’elle a connue après l’invention... de la photographie, justement.

La perte de matérialité

La photographie n’est plus un objet mais une information, une série de 0 et 1 qui peut prendre une multitude de formes, qui est transmissible, reproductible à l’infini. Plus d’original, plus de copies, plus de support, rien de palpable. Les images, dès l’instant où elles sont numérisées, n’ont plus à être préservées (au sens de restaurées). Les archives deviennent une banque de données et pas un lieu de conservation de documents. Que vendra-t-on, dans quelques années, sur le marché de l’art comme photographie ? Un fichier numérique ? Un collectionneur est-il prêt à investir dans une série de chiffres ? Réussira-t-on à dissocier l’œuvre d’art picturale de son unicité ? Les tirages vendus étaient jusqu’à présent limités et numérotés, un artifice destiné à contourner artificiellement le côté reproductif de la photographie. Quel sens cette limitation prend-elle dans le cas du numérique quand la copie a valeur d’original et inversement ?

Le tirage papier qui était porteur de l’affectif lié à la représentation (y compris son jaunissement et sa dégradation) n’a plus de raison d’être et, le plus souvent, on s’en passe même. L’individu est-il prêt à canaliser ses sentiments sur un calcul abstrait ?

La preuve photographique

Bien que juridiquement pas reconnue, la photographie fait toujours preuve dans nos mentalités du XXIe siècle, preuve certes imparfaite mais bien plus fiable que les mots ou le dessin. Et donc la photo est le plus souvent utilisée pour apporter du crédit aux mots, que ce soit dans le monde journalistique, scientifique, ou même plus généralement narratif. Un journal à grand tirage ne se conçoit pas sans photographies, une revue scientifique est impensable sans les images qui génèrent une représentation concrète du discours abstrait. La photographie ne se comprend pas sans les mots qui vont avec, mais aujourd’hui les mots sont infirmes sans les photographies qui leur sont associées. Or le numérique possède la faculté de transformation indécelable et, de facto, fait s’écrouler la notion de preuve photographique. Pas d’original (comme le négatif argentique), pas de témoignage de la manipulation (trace informatique), un pixel en remplace un autre et tout le monde n’y voit que du feu pourvu que la retouche soit bien faite. Les agences commencent à s’en inquiéter. L’AFP garantit que les images fournies sont brutes et sans artifices, mais comment peut-elle certifier la bonne foi de tous les photographes qui l’abreuvent chaque jour de milliers de clichés ?

Les subterfuges ne datent pourtant pas d’hier. Tout le monde se souvient de la disparition de personnages passés en disgrâce, du remplacement des individus compromettant, mais la supercherie ne résistait pas à l’examen de l’épreuve à travers une simple loupe, à la présentation du négatif complet, coupé en bandes de six. Aujourd’hui, ni vu ni connu, on rajoute, on enlève, on modifie. La tendance ne pourra que se confirmer et la photographie y perdre irrémédiablement sa crédibilité.

La notion d’empreinte

Jean-Pierre Montier écrit : « En fait, il semblerait que ce soit davantage à son caractère d’empreinte indubitable que la photo doit son usage de souvenir, plutôt qu’à ses pouvoirs de restitution du passé, car elle est rarement un acte de souvenance véritable. » La photographie de Proust à Barthes et réciproquement.

Difficile de parler d’empreinte pour une image numérique. Les intermédiaires entre les photons et l’image sont si nombreux, les transformations tellement accessibles, à tout moment, que l’adjectif « indubitable » ne peut perdurer dans la mesure où la valeur photométrique des pixels est en évolution permanente, de toute façon jamais définitive.

Relation à la réalité

Elle était déjà bien écornée depuis le début du XXe siècle. Les historiens et théoriciens de l’art, l’ont assez clamé ces dernières décennies : une photo n’est qu’une représentation possible du réel. Pas question de lui donner valeur de substitution.

Nonobstant ces discours doctrinaux, la photographie représente encore la plus fidèle représentation de ce qui nous entoure. Cela rejoint le paragraphe précédent sur la notion de preuve. C’est à l’image photographique qu’on se réfère en permanence quand on parle de réalités objectives (photos de son enfant, de sa maison, de ses vacances, etc.). Cette image du réel est aujourd’hui transformable, transfigurable. Son enfant peut embellir, sa maison s’élever d’un étage, ses vacances modestes devenir luxueuses, tout devient possible avec des reproductions sur lesquelles tout un chacun peut intervenir librement. La notion de « réalité photographique » perd ainsi le peu de sens qui lui restait encore.

La fin de la paternité

Qui est l’auteur de cette image ? L’usage argentique voulait qu’on superpose la projection du négatif (qui faisait gage de propriété) sur l’image contestée. Si la superposition était parfaite, le propriétaire du négatif était déclaré auteur de l’image. Plus possible aujourd’hui. Il suffit de jouer légèrement sur les perspectives en post traitement pour que la superposition ne fonctionne plus. Ce qui signifie, en clair, que le photographe n’a plus les moyens de prouver la paternité d’une image. Le droit d’auteur pour la photographie, encore plus que pour la musique, est voué à la disparition. Il ne s’agit pas de le regretter en s’apitoyant mais de considérer une évolution de la photographie vers une gigantesque banque d’images en libre accès qui constituera un réservoir dans lequel chacun pourra puiser. Une photo ne sera donc plus liée à son auteur et deviendra anonyme à partir de l’instant où elle est diffusée. Du pain sur la planche pour le législateur.

Il ne s’agit plus d’être pour ou contre le numérique et cet article n’a pas pour but de s’épancher sur la disparition d’une technique. En revanche, tous ces changements radicaux qu’on mesure encore mal auront des conséquences inévitables. Si les peintres n’ont plus peint de la même façon après l’invention de la photographie, il y a fort à parier que les photographes ne photographieront plus de la même façon après l’essor du numérique. Les pixels pourraient bien devenir une sorte de matière première, à comparer avec les pigments de la couleur, à partir de laquelle la création photographique, libérée de toute relation obsessionnelle avec la réalité, pourrait prendre une tout autre direction. Ses prolongements restent encore à explorer.

Illustrations : Portrait retouché-anonyme (haut), Ecole jésuite à Beyrouth (bas)

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Les techniques numériques : un autre rapport à l'image

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31 réactions à cet article    


  • Gazi BORAT 31 août 2007 15:43

    @ l’auteur

    Cette question de la disparition de l’empreinte physique nous fait effectivement entrer dans une autre ère.

    Le terme de « photographie » est obsolète. Qu’attend-t-on pour le remplacer ?

    La photographie argentique devient donc un passe-temps désuet, comme de reproduire la réalité à l’aide de brosses et de couleurs à l’huile..

    Bientôt, plus personne ne songera à s’offusquer que l’on gomme la surcharge pondéral d’un hystrion présidentiel..

    gAZi bORAt

    gAZi bORAt


    • Philippakos Philippakos 31 août 2007 18:29

      Oui, bien vu pour la disparition de photographie. Effectivement, étymologiquement, « qui écrit (grave) avec la lumière » perd son sens. On n’écrit plus vraiment ou plutôt si mais on change tout après, en tout cas on ne grave plus puisqu’une gravure est censée être définitive. Alors le nouveau mot ?


    • Francis, agnotologue JL 2 septembre 2007 13:33

      Gaziborat : «  »Bientôt, plus personne ne songera à s’offusquer que l’on gomme la surcharge pondérale d’un hystrion présidentiel..«  »

      Si l’on ne grave plus, peut-on dire que l’on aggrave ? (le poids des mots, le choc des photos). smiley


    • L'enfoiré L’enfoiré 31 août 2007 15:47

      Bonjour Philippakos,

      Quand on me prend par les sentiments, je reviens.

      L’image, sous toutes ses formes techniques ou fonctionnelles, j’aime.

      Je suppose qu’en tant que Grec, tu as pu t’éclatter dans ton beau pays. C’est dernier temps, il y a du gâchis là bas, mais je ne veux pas dévier du sujet.

      Et oui, on touche un point très sensible.

      La pellicule, bien sûr, elle perdait de sa fraîcheur et de ses couleurs avec le temps, mais elle ne nécessite pas un tirage ou un ordi pour se consulter, une loupe ou une table de lumière et cela passait.

      Avec le numerique, plus question de démarrer avec du tangible, on passe aux bits illisibles sans l’aide de techniques qui peuvent évoluer très vite dans le futur.

      Le VHS perd de son actualité, si on ne veut pas perdre les beaux films enregistrer en souvenir, il faut très vite les convertir vers un DVD, sinon c’est perdu. Bien sûr, il restera des moyens, mais à quel prix ?

      Le noir et blanc, on peut toujours mais cela coûte plus cher que la couleur.

      « La preuve photographique » peut-être la pire des conséquences. On peut mettre Castro et Bush à la même table, sans que personne ne pourra en déceler la supercherie. Un bête programme freeware permet ce genre d’artifice.

      « La paternité » ne touche que le « photographe » lui-même. Effet plus limité mais bien réel.

      Donc, ton article est parfaitement dans la note des risques à prendre en considération avec la métamorphose. smiley


      • Philippakos Philippakos 31 août 2007 17:52

        Bonsoir, Non, je n’ai pas souffert des incendies personnellement. C’est le problème des média qui font croire que la catastrophe (car c’en est tout de même une) est plus large que ce qu’elle est. Moi c’était en 1998, le feu à 50 m de la maison... Il faut aussi parler des avantages énormes des transformations numériques, dans le domaine de l’expression. Avec trois fois rien (un ordi, un photoshop et un appareil numérique tout de même) n’importe qui peut créer ce qu’il veut, presque gratuitement. Et ça c’est un gros changement quand je me souviens des sommes que j’ai englouties en film, papier, chimie, quand j’étais étudiant. Une démocratisation de la création, une énorme libération aussi. On peut se lancer à faire des folies... et tout ça sans trop de technique.


      • L'enfoiré L’enfoiré 31 août 2007 19:02

        Phillipakos,

        Si tu envoies ton email à mon adresse, je t’enverrai un petit souvenir que je viens de recevoir aujourd’hui. smiley


      • Philippakos Philippakos 1er septembre 2007 07:17

        Sauf que je ne trouve pas ton adresse. Ton site web ne se connecte pas. Il faut dire que je ne suis pas très doué en informatique et surtout en web, bien que professionnel de l’image numérique. C’est un comble !!! Alors dis-moi où trouver l’adresse autrement que sur ton site.



      • ripouette ripouette 31 août 2007 16:14

        J’ai bien vu que la photo de ton profil était retouchée, pour que tu paraisse plus jeune, plus beau et moins alcoolo, du coup j’ai fais des recherches et j’ai retrouvé l’originale. Philippe petit cachotié !


        • Philippakos Philippakos 31 août 2007 17:41

          Bravo Ripouette pour la recherche. Mais la photo que tu as trouvée était déjà retouchée, moins que celle de l’avatar mais retouchée quand même. L’original est bien pire encore, crois-moi !!!


        • ripouette ripouette 31 août 2007 19:58

          bah je te faisais une blagounette, c’est moi qui l’ai un poil modifiée ! Mais comme tu es beau joueur et que j’aime bien ton article, en cadeau, voici une photo de toi prise ce matin ! Et tu essayes de nous faire croire que tu habites Athènes !!!!

          Et oui on peut faire dire (presque) tout et n’importe quoi à une image.


        • ripouette ripouette 31 août 2007 19:59

          Désolé j’ai pas eu le temps de retouché l’éclairage sur ton visage (ça se voit), mais je dois aller manger !! Bon ap !


        • Philippakos Philippakos 1er septembre 2007 06:37

          Un seul bémol Ripouette : je ne porte jamais, mais jamais, de costard et de cravate. Sinon, bravo pour le trucage.


        • Peter Schimann 31 août 2007 18:40

          Bonjour Philippakos,

          et merci pour ces éclairages sur une technique devenue populaire en quelques années mais dont, effectivement, peu d’utilisateurs soupçonnent les conséquences.

          En fait, s’il y a des questions à se poser sur l’authenticité d’un cliché numérique, je les vois surtout dans tout ce qui touche au juridique et au droit de propriété, dans l’éventuelle valorisation commerciale d’une image ou dans son utilisation comme preuve de quelque chose. Avec le support argentique les truquages sont plus difficiles et peuvent, en général, être décelés par un spécialiste. Il faudrait donc trouver une technique en mesure de bloquer toute modification d’une image enregistrée. Les électroniciens et informaticiens de l’imagerie numérique n’ont-ils pas encore inventé un tel procédé ?

          Pour le reste, quelle est donc l’importance dans la vie courante de pouvoir copier et transformer une image ? Si cela peut faire plaisir à quelqu’un de copier une de mes images et qu’en plus il prenne plaisir à la transformer pour l’adapter à ses goûts, quel dommage pour moi ? Aucun ! Au contraire, la satisfaction d’avoir fait plaisir ou rendu service à une autre personne ! Toute image n’a de valeur que par l’interprétation qu’en fait tout un chacun. Quelle importance, donc, que les pixels de l’image que j’ai devant les yeux soient effectivement ceux qui ont reproduit le sujet ? La fidélité dans la reproduction d’un sujet n’a d’importance que pour des raisons scientifiques ou juridiques, quelquefois sentimentales et mémorielles. Bien entendu aussi si l’image en question s’accompagne de droits d’auteur et d’espèces sonnantes et trébuchantes en découlant ! Tous les peintres ont été plagiés et les reproductions légales ou illégales ont en fait contribué à multiplier l’impact des originaux ... et à quelquefois remplir certaines poches. Le numérique n’est qu’une nouvelle technique de représentation de la réalité qui facilite les manipulations dont étaient déjà sujet d’autres supports (argentique, peinture, aquarelle ...).

          En fait, deux choses me chagrinent beaucoup plus. D’une part la démocratisation de la photographie a été accompagnée par la multiplication de laboratoires à bas prix qui produisent des images d’une si mauvaise qualité qu’elles finissent par dévoyer le sens artistique d’une grande partie du public. C’est un regrettable nivellement par le bas. D’autre part, en pensant aux peintures de Lascaux qui ont traversé des millénaires sans altération (jusqu’à ce que l’homme moderne vienne les perturber) je me demande pourquoi les connaissances scientifiques auxquelles nous avons accédé n’ont pas encore abouti à une technique fiable de conservation à long terme des images tant argentiques que numériques.

          J’aimerais ajouter un mot à propos de votre article précédent sur le numérique que j’ai également fort apprécié sans avoir le temps d’y réagir. Quelles que soient ses qualités intrinsèques, un outil ne vaut que par l’habileté de son utilisateur et du résultat qu’il espère en obtenir.

          Bien à vous


          • Philippakos Philippakos 1er septembre 2007 06:54

            Merci pour ce long et intéressant commentaire. Pour éviter la contrefaçon il y a bien le filigrane, avec le nom de l’agence qui apparaît généralement en diagonale sur l’image, mais on peut le contourner avec un peu de retouche. Oui, on a copié de tout temps, mais le problème avec le numérique est que l’idée d’original disparaît, et donc celui de copie aussi. Imaginez un tableau reproduit, puis transformé par vingt personne différentes de vingt façons différentes et ne pas savoir lequel est le vrai. C’est un peu comme si il n’y avait aucun moyen de déceler une contrefaçon. C’est bien d’aider les autres à faire des images mais il existe des foules de gens pour qui l’image est le métier et qui en vivent. Quand vous citez le cas de la publicité pour un tableau, vous avez cent fois raison, mais il existe un tableau auquel on peut se référer, alors que pour l’image numérique, il n’y a pas de référence. Personne ne peut dire je suis l’auteur de cette image à coup sûr. Cela a de nombreuses conséquences sans paraître au premier abord. Le numérique a heureusement des centaines d’avantages qui font que l’argentique diparaitra, à court terme, mais il faudra modifier nos mentalités, du moins un peu.


          • pixel pixel 31 août 2007 20:09

            Les techniques d’images de synthèses en 3D pourraient aussi bientôt être plus vrai que la réalité. Sans parler des hologrammes et là je ne sais pas où ça en est.


            • stephanemot stephanemot 1er septembre 2007 09:27

              J’y vois également la fin de la photo comme produit fini. Plus qu’avant, chaque image capturée devient une matière première susceptible d’être transformée au-delà de l’étape studio. Un input plus qu’un output dans une oeuvre potentiellement multimedia.


              • Philippakos Philippakos 1er septembre 2007 13:01

                Tout dépend de ce qu’on appelle photo. Effectivement la fin de la photo comme produit fini, vrai pour la photo base, faux pour la photo après passage au traitement d’image. Ce que les photographes livrent aujourd’hui est un compromis entre la photographie et le traitement graphique. La photo brute, effectivement, n’a plus grand sens. Une matière première, rien de plus.


              • Peter Schimann 1er septembre 2007 09:31

                Merci pour votre complément.

                C’est vrai, la question de l’authenticité de l’original devra trouver une solution à laquelle on peut accorder toute confiance.

                Par contre je ne suis pas aussi pessimiste que vous sur l’argentique. L’invention de la photographie n’a pas tué la peinture, pas plus que le numérique d’ailleurs ne le fera. Picasso, Dali, Buffet ont cohabité avec des progrès considérables dans le matériel et les supports de prises de vue sans que leurs tableaux ne perdent de leur intérêt. La différence avec l’époque actuelle réside probablement dans la commercialisation effrénée qui sous-tend actuellement toute activité et l’esclavage de la communication et des media, y compris la création artitisque et qui modifient (pas vraiment dans le bon sens !) le comportement humain.

                Malgré tout je garde l’espoir que l’argentique conservera une place à côté du numérique. La recrudescence du noir&blanc n’est-elle pas encourageante ? Le plaisir d’un portrait au 6x6 ou 6x7 est-il condamné ? Les chambres sont-elles arrivées au bout de leur histoire ? Bien entendu, cela suppose que des fabricants de supports argentiques, de produits et de moyens de tirage puissent aussi survivre ... Pour le moment ce n’est pas perdu ... dans 10 ans ?

                Je ne rechigne pourtant pas à utiliser le numérique qui me rend de grands services. C’est un très bon et très utile outil complémentaire. Par contre je déplore qu’une majorité de photographes professionnels aient jeté par-dessus bord l’argentique et tiennent à la clientèle des discours plus que navrants. Combien de fois n’ai-je pas demandé tel ou tel film argentique pour m’entendre répondre : « mais Monsieur ça n’existe plus ! L’argentique c’est fini, il n’y a plus que le numérique ! Tiens, je peux vous proposer un très bon compact, c’est pas cher et ça se met dans la poche sans problème » ... Ils n’ont pas su intégrer le progrès amené par le numérique. Avant de s’affilier à de grandes chaînes de distribution ces photographes ont tué leur propre métier et massacré la noblesse de la création photographique. Ils ont oublié la photo pour n’être plus que des vendeurs. A côté de leur borne Kodak ou Fuji qui fournissent directement des tirages standardisés, ils pourraient aussi bien tenir une épicerie ou vendre des pneus (nonobstant mon respect pour ces professionnels là).

                Heureusement il en reste de ceux qui ne sont pas que des marchands et ont su garder le conseil et les échanges avec le client amateur soucieux de se perfectionner et partager son plaisir pour des images de qualité, argentiques ou numériques. Il en reste, des laboratoires soucieux de la qualité de leurs impressions. Des revues comme « Le Photographe » ou « Réponses Photos » s’efforcent de faire la part des choses et de faire cohabiter les deux techniques. Faire de la résistance pour ne pas voir disparaître une technique qui a accompagné l’humanité depuis près de deux siécles c’est aussi conserver sa diversité culturelle et sa richesse. C’est, à ce niveau là, refuser de devenir une simple machine à consommer, jouet des grands groupes financiers. C’est, tout simplement, vouloir rester Homme et maîtriser, dans la mesure du possible, son propre destin.

                Bon week-end et bien à vous


                • Céline Ertalif Céline Ertalif 1er septembre 2007 09:33

                  Cet article a un côté néo-warholien.

                  J’ai le sentiment que l’informatique et l’internet détruisent l’originalité des oeuvres écrites et musicales autant que picturales. J’ai de plus en plus le sentiment que les historiens qui ont rappelé que le droit d’auteur est une invention du XVIIIème siècle et que ce droit pourrait bien disparaitre comme il est apparu ont parfaitement raison.

                  Qu’il s’agisse de texte, de son ou d’image, la disparition de l’objet original est la même. Par conséquent, ce sont les éditeurs qui protègent le droit d’auteur. Voilà comment le capitalisme est anti-libéral, on fait de l’argent en instituant un octroi juridique et on limite la circulation pour prélever une taxe. La mobilisation financière se concentre plus désormais sur le contrôle que sur la production et la circulation des oeuvres. Et dire qu’on croyait que la révolution française et son droit de propriété étaient totalement contraires à l’Ancien Régime.

                  Les octets et les pixels circulent plus vite que la monnaie. Je pense que l’on a tort de croire, par habitude et sans réfléchir, que le capitalisme soit inaltérable à la dématérialisation.


                  • Philippakos Philippakos 1er septembre 2007 18:02

                    Ce qui reste curieux, à une époque où l’individu est survalorisé, est que les auteurs se précipitent à grands pas vers l’anonymat. Comme pour la musique ou la littérature il faudra s’y faire et ne pas pleurer éternellement sur la perte du statut de la création. On y gagne une formidable diffusion, certes sauvage, mais combien démocratique. La possibilité, pour presque tous (les connectés, en espérant que les citoyens ne seront pas séparés en deux clans, internet ou pas internet), de consulter tous les livres du monde en ligne est un rêve qu’on n’aurait même pas osé caresser il y a vingt ans.


                  • pixel pixel 1er septembre 2007 20:02

                    Oui mais parmi cette profusion il faudra des lieux référence pour ne pas être submergé par ce magma d’informations que l’individu ne pourra pas vérifier.


                  • Algunet 1er septembre 2007 15:49

                    Un article intéressant sur la retouche d’images ou du moins ses possibilités (TF1 peut le faire si si) : http://tf1.lci.fr/infos/high-tech/0,,3529452,00.html

                    L’image retouchée c’est le quotidien de toutes les photos des publications… Tout est retouché, nos animateurs de télé vus en « vrai », quelle horreur… faudrait les remplacer par des jeunes, il en existe de très talentueux ! smiley


                    • Christoff_M Christoff_M 2 septembre 2007 09:33

                      tu as raison l’auteur, quel progrès depuis le début de la photo idem dans la mise en place de pages d’images et des formats style pdf allégés...

                      quand j’ai commencé dans le pré presse, je développais mes images sous forme de film derrière le scanner... maintenant il existe des merveilles comme le topaz, scanner à plat à 6000dpi avec lequel on peut tout faire...

                      meme pour un particulier avec un scanner à plat, un mac bien gonflé, la suite adobe indesign, photoshop, illustrator, possible de faire son propre journal et pourquoi pas son site web... pour dix fois moins de moyen qu’il y a quelques années...


                      • Christoff_M Christoff_M 2 septembre 2007 09:48

                        est ce que tu ne crois pas que le problème d’internet c’est la vulgarisation et la possibilité de truquer l’image ou l’information... n’oublie pas que dans la plupart des ouvrages de SF on brule les livres et on réécrit une version édulcorée des faits ou de l’histoire que l’on modifie chaque jour...


                      • Philippakos Philippakos 2 septembre 2007 17:20

                        Christoff_M, Je ne comprends pas bien cette phrase-là : « n’oublie pas que dans la plupart des ouvrages de SF on brule les livres et on réécrit une version édulcorée des faits ou de l’histoire que l’on modifie chaque jour... »(SF pour science fiction, je suppose). Est-ce que ça veut dire que les ouvrages de SF sont publiés uniquement sur Internet ? Qu’il n’y a plus de livre publié ? Eclaire-nous un peu plus. Moi, je ne lis jamais de SF alors... je suis pas au courant.


                        • Christoff_M Christoff_M 3 septembre 2007 05:04

                          C’est la vision du futur de beaucoup d’auteurs de science-fiction ; la disparition voulue de l’écrit, des journaux, des livres, au profit d’une info transmises par des écrans qui remplacent notre TV et notre internet séparés...

                          tu imagines ce moyen de communication entre des mains mal intentionnées, c’est le cas chez Huxley, on en fait un moyen de communication unique, basé sur un aspect ludique au départ... mais qui devient par la suite le seul moyen d’accès à l’histoire et à l’information...

                          regardes le problème de l’actionnariat, de la pub et de sponsors sur l’info dans la presse écrite ; le méme phénomène se passera sur le net mais beaucoup plus vite qu’avec l’écrit qui a mis cinquante ans a aboutir à des journaux qui sont un acquis ou un faire valoir d’un groupe financier et pas en premier lieu un moyen d’expression ou de culture !!


                          • Christoff_M Christoff_M 3 septembre 2007 05:07

                            et que se passe t il dans une société qui fait plus attention à une image, truquée, améliorée, plutot qu’au texte qui l’accompagne...


                          • Philippakos Philippakos 3 septembre 2007 09:14

                            Je crois que la presse a tout intérêt à diversifier ses informations, à ne pas verser dans la pensée unique, tout simplement pour des raisons commerciales. Je ne crois pas que la presse suive une ligne idéologique décidée en haut lieu et, très franchement, je ne vois pas de différence sur la rédaction quand un journal est « racheté » par tel groupe international. Je crains que le monde libéral n’ait que faire des idées. Le but (avoué) est autre : faire du chiffre et tous les moyens sont bons, caresser le public dans le sens du poil c’est-à-dire aller là où il est, autant dans la pensée (politique) que dans les loisirs. Si le bilboquet ((soyons fous) connaissait un succès mondial, on verrait paraître dix revues de bilboquet, parce que des groupes financiers auraient déterminé que la cible est assez importante pour être rentable. Je crains que l’excès de démagogie est davantage à craindre que la pensée unique.


                          • Christoff_M Christoff_M 3 septembre 2007 19:43

                            moi j’en vois un changement, l’arrivée de grands groupes en France a mis complètement en retrait les hebdos, les journaux voire en fait fermer... par contre a fait emmerger tous les voici, closer, choc, gala et autres qui représentent avec les journaux télé les plus gros tirages en France...


                          • Yttrium 3 septembre 2007 15:45

                            Il y a l’images numérique qui reste une image tel que son auteur veut la monter et la diffuser. La photographie numérique d’auteur se rapproche maintenant de plus en plus ver l’image vidéo. Un auteur photographe diffuse ces photographies quelles soient numériques ou argentiques, il peut toujour prouver la paternitée de ça photographie. Bon Raw

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