Encore un mot...
Depuis un peu moins d’un an maintenant, des centaines d’articles relatent la nouvelle psychose collective, la plus horrible des catastrophes. L’impérialisme des journalistes à la sauvette dénonce quasi quotidiennement la nouvelle gangrène sociétale qui menace la vie d’une population entière si on ne l’endigue pas : les chiens dangereux !
Chacun peut remarquer que pendant le mondial de foot, les vacances d’été, les jeux olympiques et les périodes électorales, les chiens ne mordent plus, ni en hiver, ni en été... Pourtant, il y a peu, certains utilisaient ce sujet comme cheval de bataille sous la rubrique chiens écrasés. Pour conquérir une certaine notoriété, ils n’hésitaient pas à se saisir de la mort d’un enfant pour sortir de l’anonymat médiatique et être reconnus par l’opinion publique. Mais comment se fait-il que tous ces accidents, parfois terribles mais existants depuis que le chien a été domestiqué par l’homme, ne se produisent pas tout au long de l’année puisqu’ils sont le problème numéro un. Et ceci bien avant la violence conjugale par exemple, pour quelques journaux recherchant sans cesse le sensationnel ? Cette violence est pourtant plus actuelle et assassine que les morts ou les blessés par morsures. Or le système sociétal, de nature répressive, dispose déjà d’un arsenal législatif permettant aux autorités d’appliquer des dispositions contraignantes concernant le binôme maître-chien, le contrôle des portées, la divagation canine, le non-respect de la loi sur la protection des animaux, etc. Pourquoi ne pas appliquer ces lois dans tous les cantons suisses comme l’a édicté le Conseil Fédéral il y a déjà longtemps, en accord avec l’O.V.F. ? Cela fait sept ans maintenant que l’on parle de la problématique - quand ce n’est pas de la mode ! - des gros chiens, pitbulls ou chiens assimilés. Sans relever que 75 % de ces derniers sont des bâtards inclassables selon les listes déjà définies par certains cantons. Personne ne veut voir qu’à l’autre bout de la laisse d’un chien agressif, il y a un comportement humain dicté par la tyrannie d’un maître indigne de conduire un chien. Fondamentalement, chacun l’admet, aucun chien n’est fait pour attaquer l’homme. En effet, même si on accepte l’idée que les chiens de combats - terme repris à tort et à travers ! - étaient plus agressifs que d’autres chiens envers leurs congénères, ils ne l’étaient pas envers l’homme. Depuis l’interdiction des combats d’animaux il y a 140 ans, l’homme a entrepris de modifier leurs aptitudes en les sélectionnant pour leur vivacité (terriers) ou leur force (molosses) tout en effaçant l’agressivité à travers les lignées. Grâce à la plasticité génétique des races canines, ce n’est pas moins de 130 races reconnues qui ont ainsi été créées. Et s’y ajouteront de nouvelles races en voie de reconnaissance, sans compter les croisements dus au hasard. Par exemple, qui pourra identifier un dogo canario et un labrador croisé shar-peï ? Aucun test ou examen existe ne peut prouver l’appartenance à une race. De plus, qui payera pour des rajouts à la loi sur la protection des animaux, par le biais d’une ordonnance qui n’est pas applicable au niveau fédéral, car inconstitutionnelle et inexécutable ? On s’accorde à dire que des propriétaires malintentionnés acquièrent des chiens pour la frime dans le meilleur des cas ou le crime dans le pire. On sait aussi qu’ils appartiennent à une population qui se sent marginalisée et qui veut se montrer plus menaçante qu’elle ne l’est. Dans ce sens, elle peut être ainsi amenée à dresser des chiens d’attaque par un procédé largement connu. Il suffit de « casser » la sociabilisation du chien en séparant rapidement les chiots de leur mère et en entretenant des rapports agressifs avec eux. Par exemple, on les bat dès qu’ils font mine de se soumettre ou dès qu’ils cessent de mordre. Lorsqu’ils sont adultes, de tels chiens attaquent facilement l’homme. On le constate fréquemment que ce sont justement ces propriétaires-là qui sont à l’origine du problème. Et même sans entrer dans la problématique des lois régissant les chiens - lois pas toujours connues ! - force est de constater que ces textes sont trop souvent appliqués de façon laxiste et lacunaire. Il est donc inéluctable qu’il faille appliquer des mesures certes, coûteuses, mais efficaces.
Mais comme la tendance est encore à vouloir mettre au rang de pestiférés des races de chiens sur délits de faciès, ces mesures se font attendre... À quand le prochain accident ?
Pierre B