Bernard,
Merci pour ce papier, le sujet me titille régulièrement.
A mon humble avis, ce n’est pas un hasard si le Français s’avère relativement pauvre à ce niveau. Ce qui n’est pas Histoire relève de la légende, du conte, de la fable. On raconte des histoires au pluriel, ou alors une histoire courte supposée drôle (c’est l’histoire d’un mec...). Le seul genre noble est le roman, dans un format figé depuis des siècles. La nouvelle est un genre mineur, à part, pas digne d’être qualifié d’histoire.
Les anglosaxons se régalent dans la short story, qui ne se distingue que par son format mais où le talent de storyteller est le mieux reconnu : rallonger la sauce, n’importe quel écrivain peut le faire mais une bonne short story demande des qualités d’auteur et de storyteller.
Le plus grand storyteller actuel est sans doute Stephen King. Indépendamment du contenu et du genre, il maîtrise toutes les ficelles du storytelling à la perfection - et s’en amuse souvent (cf format de « the green mile »). Il en abuse également (cf « from a Buick 8 » ou « the Colorado kid »). A mes yeux, ses chefs d’oeuvre sont des formats courts type short stories (ex « skeleton crew ») ou « novellas » (ex « Different Seasons »). Par un heureux hasard, il ne s’agit pas nécessairement d’histoires d’horreur.