Cela dit, les stars de l’écriture, si elles sont des stars c’est qu’elles ont un public à qui on a su vendre, ou plutôt qui s’est laissé vendre, ce qu’elles ont éventuellement de lisible à proposer. C’est comme en musique : la soupe se vend mieux, question d’emballage, que le mets surfin...
Vous dites que 80 000 personnes écrivent plus ou moins bien en France. D’où tenez vous pareille statistique ? Ensuite, ces 80 000 quidams, ils écrivent quoi, où, et qui les lit ?
Le novice qui part à l’assaut du Grand Public... Pardonnez-moi, mais là vous donnez un brin dans le cliché parisien. Pour avoir côtoyé pas mal de jeunes auteurs du temps où j’en étais un moi-même, je peux vous assurer qu’aucun d’entre nous n’était dupe, ni de ce qu’il valait au regard des géants du siècle dont les oeuvres nous fascinaient, ni de ce qui se tramait dans le monde merveilleux des z’éditeurs. Nous nous savions promis à la confidentialité, talentueux ou pas, parce que nous étions des petits provinciaux sans grade, de modestes fils de gens de peu qui savaient pertinemment que pour publier chez un éditeur, un vrai de vrai, de ceux qui vous transforment un tapuscrit photocopié à l’arrache en produit commercial qui rapporte de la thune et du suivi, eh bien il valait mieux détenir un carnet d’adresses rebondi comme un portefeuille de bourgeois. Ou tricher effrontément, comme l’avait fait Ravalec, selon la légende, au moyen d’un faux à l’en-tête d’une huile de la télé...
De fait, aucun d’entre nous n’a fait carrière. Et aucun d’entre nous n’a connu le crash que vous décrivez. Chacun a publié ce qu’il a pu comme il l’a pu, et peut-être que la finalité n’était pas de venir se montrer à la télé, des demi-lunettes sur le bout du nez, avec des airs polis de toutous savants. En tout cas, notre but n’était sûrement pas ne nous laisser prendre pour des bleus par des gens que nous tenions pour un ramassis de cuistres avisés. Car tout ce que vous dénoncez, les uns et les autres, du milieu éditorial, tout ça on le dénonçait déjà il y a vingt-cinq ans ! Une certaine Anne Gaillard en faisait d’ailleurs ses choux gras sur France-Inter (la fameuse affaire du manuscrit adressé à je ne sais combien d’éditeurs sous des noms bidons, manuscrit à chaque fois recalé, et qui n’était rien moins qu’une oeuvre majeure de Rimbaud)... pendant que Paula Jacques, sur la même antenne, le dimanche après-midi, faisait défiler ses petits copains aux tourments nombrillistes, qu’elle présentait immanquablement comme de grands z’auteurs. Ben voyons ! Tous émargeaient chez Galligrasseuil, le Cherche-Midi, La Table Ronde, Plon et consort, comme d’ailleurs les lauréats de la plupart des prix littéraires, Livre-Inter compris.
J’écrivais, nous écrivions, certains d’entre nous écrivent toujours, mais ce qui nous distinguait des masos qui s’évertuent à vouloir séduire les Majors du Livre et leur valetaille sortie de HEC, c’est que nous avions en commun un certain respect de l’écriture, de ce que nous écrivions, et de la chose écrite en général. Je n’ai pas dit de la chose publiée... à quoi se résument bien des bouquins, par les temps qui courent.
12/09 10:04 - Icks PEY
Merci pour votre article fort intéressant et agréable à lire. Icks PEY
10/09 00:09 - ernst
Effectivement, le fait d’écrire droit ou même bien n’est pas la panacée pour (...)
05/09 22:16 - Bérenger
Cela dit, les stars de l’écriture, si elles sont des stars c’est qu’elles ont (...)
05/09 16:51 - La mouche du coche
05/09 16:45 - DZA
Article drôle et intéressant. Il était temps de retourner le cliché éditeur-bourreau/auteur-victime.
04/09 09:47 - Bérenger
Ecrire n’est pas un métier, non ! C’est un sport passionnant, un jeu de rôles (...)
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