Bon article, très clair et qui expose assez bien la situation.
J’aimerais revenir sur un point (je cite) :
« C’est donc bien par son support industriel que l’on commercialise »la jouissance d’une oeuvre« , quelle qu’elle soit, et sauf cession des droits, jamais l’oeuvre elle-même. On appelle ça une »licence« . »
Ce qui est intérressant, c’est qu’avant le boum internet, les vendeurs de musique et de cinéma se plaçaient plutôt dans la vente du support en tant qu’objet, au lieu de vendre une licence d’utilisation ; ils nous ont bien arnaqués.
En effet, si je paie une licence, j’ai acquis pour toujours le droit de jouir de l’oeuvre, mais si mon support se déteriore, je n’ai pas d’autre solution que de payer à nouveau, pour quelque chose que j’ai déjà ; allez à la FNAC avec un CD rayé, même avec le ticket de caisse, et demandez un échange standard. On vous rira au nez. On me répondra qu’on a le droit à une copie de sauvegarde (droit qui est en train de disparaitre), mais il y a une taxe rattachée aux supports vierges, ce qui faie que je paie une deuxième fois pour ce que j’ai déjà acquis.
En fait, les majors ont sciemment entretenu pendant des décennies l’idée fausse que les gens payaient pour le support, (parce qu’un CD ou une K7, ça coûte cher à produire...) Rappelez vous lorsque le CD est sorti, les albums sur CD coûtaient toujours plus cher que sur K7, alors qu’une K7 coûte beaucoup plus cher à produire !! D’une certaine façon, c’est de leur faute si le téléchargement pirate existe, puisque qu’avec une oeuvre électronique, le support ne coûte plus rien, les clients se sont dit « chouette, puisque le support devient gratuit, les oeuvres le sont aussi ! »
Alors maintenant ils sont dans la situation ubuesque où ils doivent défaire ce qu’ils ont construit, et expliquer aux clients que non, lorsqu’ils paient pour un CD, ce n’est pas que le prix du CD, mais aussi la rémunération de l’auteur (par contre ils se gardent bien de dire que l’auteur ne touche que quelques pourcents du prix de vente, et que tout le reste tombe dans leurs poches d’esclavagistes).
Donc maintenant, ils rééduquent le public, en lui faisant avaler le concept de « licence », de « droit d’utilisation », mais ils essaient toujours de nous arnaquer :
- Itunes ne garde aucune trace des licences payées. Si je perds mon IPod, je n’ai plus qu’à repayer pour tous mes morceaux.
- Dans la loi DADVSI, on n’a pas le droit de transférer une oeuvre d’un support vers un autre, si j’achète un CD je n’ai pas le droit de le mettre sur mon MP3
Les exemples sont nombreux, mais le constat reste le même : ils entretiennent la confusion entre support et licence. Mais à un moment il faut choisir : soit on vend un support, un objet, et dans ce cas ça devient ma propriété, et on ne peut m’interdire d’en faire quoi que ce soit, nottament le copier et le recopier à outrance, mais si je perd ou détruis ce support je dois le repayer ; soit on vend une licence, un droit d’écoute, et dans ce cas, le minimum est de garantir que ce droit soit payé une seule fois et pour toujours (Itunes, j’ai acheté tous ces morceaux, je dois les retélécharger car j’ai perdu mon IPod !), et de garantir l’écoute sur tout support (transfert CD->MP3). Alors que les majors veulent encore et toujours garder les avantages des 2 systèmes, et nous laisser les désavantages des 2. C’est de l’escroquerie pure et simple.
Un dernier petit mot en passant, sur le dernier article (52) de la loi DADVSI :
« Le Gouvernement présente au Parlement un rapport sur la mise en oeuvre de l’ensemble des dispositions de la présente loi dans les dix-huit mois suivant sa promulgation. Ce rapport comporte un chapitre spécifique sur les conditions de mise en place d’une plate-forme publique de téléchargement permettant à tout créateur vivant, qui se trouve absent de l’offre commerciale en ligne, de mettre ses oeuvres ou ses interprétations à la disposition du public et d’en obtenir une juste rémunération. »
Alors, cher gouvernement, elle est en où cette plate-forme publique de téléchargement ?
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