C’est certes une hypothèse, mais elle n’est pas neutre puisqu’elle n’engage rien de moins que la question de l’exercice du pouvoir dans une société évoluée, la société urbaine, la notre, à l’aube de l’Histoire, ou plutôt à la fin de la préhistoire, puisque c’est à cette époque là et à cet endroit que fut inventé l’écriture.
Elle pose donc la question de l’état « naturel » de la hiérarchie sociale chez l’homme.
Et cette écriture fait apparaître un souverain bien identifié, doté de pouvoirs mais surtout d’obligations qui sont propres à la personne, comme celui du mariage sacré.
D’autres part les circonstances de la création d’Enkidu dans le récit de Gilgamesh font apparaître la voix d’un « conseil » ou même du « peuple » tout entier qui réclame aux dieux de créer un homme capable de maîtriser physiquement Gilgamesh et l’obliger ainsi à cesser ses abus de pouvoirs qui consistent principalement à tuer les hommes de son âge qui s’opposent à lui et à séduire (ou violer ?) toutes les vierges de la cité.
Enfin, dans la partie qui concerne la tuerie du monstre Humbaba, c’est bien Gilgamesh seul qui prend la décision, même en tenant compte des différentes versions du récit, et leur expédition est préparée avec l’aide d’un conseil.
L’hypothèse la plus plausible est donc bien que le pouvoir ultime souverain, en particulier le pouvoir exécutif, même confronté à des contre-pouvoirs, est investi dans un seul individu.