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Accueil du site > Tribune Libre > Gilgamesh : un étonnant récit allégorique

Gilgamesh : un étonnant récit allégorique

« A la recherche du roi Gilgamesh - le fantôme d’Uruk », c’est sous ce titre qu’Arte a choisi de diffuser son documentaire de samedi dernier dans le cadre de sa série consacrée à l’aventure humaine. Considérée comme le plus ancien récit de l’humanité, cette épopée suscite nombre de questions sur ses origines. Histoire ou mythe ? Dans la prolongation de mon article du 28 décembre 2006 intitulé « Adam et Eve, une autre façon de comprendre », je propose aux lecteurs d’Agoravox ma lecture de ce récit apparemment fabuleux.

Gilgamesh, roi-individu ou nom d’un clan régnant ?

D’après la Liste royale sumérienne, rédigée au début du IIe millénaire, Gilgamesh, fils de Lugalbanda, fut le cinquième roi d’Uruk (période dynastique ancienne, première dynastie qui aurait détenu l’autorité à Uruk après le Déluge). La Liste lui attribue cent vingt-six ans de règne (cf. Wikipedia). En admettant que les 126 ans de règne indiqués par la liste soient exacts, il nous faut donc d’emblée exclure la première hypothèse. Le récit serait donc l’histoire d’un clan qui, au pouvoir pendant 126 ans, aurait gouverné la ville par l’intermédiaire d’un conseil. Le génie littéraire résidant dans le fait que cette histoire a été relatée allégoriquement comme si ce conseil se comportait à l’image d’un roi-individu.

Cette façon d’écrire n’a rien d’exceptionnel. Homère s’en inspirera pour écrire son Illiade en personnifiant en héros les différentes oligarchies militaires qui ont participé à la guerre de Troie - cela me semble évident - et à la période romaine, il n’était pas anormal de représenter Rome ou la Gaule en tant que personne (cf. les médailles et le discours prononcé à Beaucaire par Sidoïne Apollinaire).

Montée en puissance de la ville d’Uruk

Rien d’exceptionnel non plus à ce que l’épopée commence par le récit de la fondation de la cité ou, dans le cas présent, de sa refondation. L’histoire de Rome commence ainsi et il en est de même pour d’autres villes antiques. Au début de son règne, Gilgamesh gouverne sa ville comme l’ont fait ses prédécesseurs, en homme brutal et violent. Suffisant et orgueilleux, il se considère en quelque sorte comme un fils du ciel (deux tiers dieu et un tiers humain).

Mais les habitants se plaignent auprès des dieux. Ceux-ci lui créent un rival, en quelque sorte son double, Enkidu, "d’une poignée d’argile", autrement dit des fils de la terre (de Enki, dieu du sol). Hirsute, nu, vivant au milieu des bêtes sauvages, cet être primitif est séduit par une prostituée sacrée envoyée par le temple d’Uruk. Pendant les sept jours et sept nuits de leur accouplement, elle lui apprend, entre autres choses, à manger et à s’habiller correctement. Son esprit se développe. L’animal qu’il était devient un être civilisé auquel les dieux confient la mission de calmer les ardeurs du roi.

Prévenu en songe, celui-ci invite son rival à une orgie auquel Enkidu refuse de participer. Il s’ensuit un combat de titans entre nos deux héros dont aucun ne sort vainqueur mais qui se conclut par une alliance. Désormais uni à Enkidu par une amitié indéfectible, Gilgamesh adoucit l’exercice de son pouvoir, notamment en renonçant à ses prérogatives impopulaires de cuissage sur la population féminine.

Ensemble, ils se lancent dans une grande expédition en direction de la montagne des cèdres (du Liban) où règne le féroce Humbaba, personnification du mal. Ils le tuent et ramènent au pays l’indispensable bois de construction pour développer l’urbanisme de la ville.
A son retour, Gilgamesh refuse de s’unir à la déesse Ishtar qui lui promet monts et merveilles mais dont il connaît l’inconstance. Mécontente, la déesse demande au dieu du ciel d’envoyer contre Uruk le taureau céleste lequel, après avoir dévasté la ville, est finalement vaincu par nos deux héros.

Réflexion sur la précarité des gouvernements

En s’alliant à Gilgamesh, Enkidu qui, du fait de ses origines paysannes, ne possède évidemment pas de forteresse pour se protéger, a pris le risque de s’exposer aux représailles des adversaires d’Uruk. Sa disparition ou son effacement signifie probablement que le peuple des campagnes hésite désormais à s’engager d’un côté ou de l’autre.

Son allié perdu, Gilgamesh s’interroge sur la précarité des régimes politiques et sur la recette qui pourrait leur donner l’immortalité. Il prend la route en direction de la porte d’où le soleil se lève pour demander conseil à son aïeul Uta-Napishtim à qui le dieu Enlil, responsable de la terre, dieu du souffle, a donné la vie éternelle. Après lui avoir raconté l’histoire du déluge auquel il a échappé - déluge réel ou symbolique - dont s’inspirera la Bible, Uta-Napishtim indique à Gilgamesh l’endroit où il trouvera la plante de vie.

Surmontant de multiples épreuves, le héros sumérien la découvre au fond d’une mer profonde. Hélas ! Les hommes étant ce qu’ils sont, Gilgamesh s’endort et le serpent du mal profite de son sommeil pour dévorer cette plante merveilleuse, symbole probable du gouvernement idéal. Suivant les conseils d’une femme qu’il a rencontrée sur son chemin, Gilgamesh comprend qu’il est, lui aussi, condamné un jour ou l’autre à la condition mortelle, mais qu’il lui appartient, en attendant, de gouverner au mieux dans l’intérêt de ses sujets. C’est à son retour que la ville d’Uruk s’entourera d’un rempart, gigantesque pour l’époque, qu’elle développera tout un réseau d’irrigation et qu’elle connaîtra une période de prospérité dont l’archéologie témoigne.

Puissances sémites et puissances sumériennes

D’après la liste royale précitée, le sumérien Gilgamesh aurait régné à Uruk aux alentours de 2 600 ans avant J.-C. Au-delà des rivalités inévitables entre cités locales, cette période s’inscrit dans une rivalité beaucoup plus grande : celle qui existait entre les Sumériens de Mésopotamie et les Sémites, leurs voisins qui rayonnaient sur leur Ouest, notamment depuis le Liban. D’après un vieux poème sumérien, Gilgamesh aurait repoussé avec succès un raid qu’Agga, roi de la cité sémite de Kish, implantée au nord de Sumer. Trois siècles après Gilgamesh, Uruk révèle sa puissance en s’imposant aux dépens de Lagash, sa voisine. Pendant le dernier quart de siècle, les Sumériens ravagent le pays depuis la mer méditerranée jusqu’au golfe persique. Mais c’est l’Akkadien, un Sémite, Sargon, qui relève la cité de Kish et qui met un terme à la domination sumérienne en écrasant le roi tyrannique et sanguinaire d’Uruk, Lugalzaggisi.

En utilisant des appareils de repérage sophistiqués, les archéologues auraient localisé le tombeau de Gilgamesh dont parlent les anciennes tablettes, dans l’ancien lit de l’Euphrate aujourd’hui comblé. C’est là que se trouve enterré l’esprit du roi sumérien qui donna vie et splendeur à la ville d’Uruk, il y a de cela plus de quatre mille cinq cents ans. Pendant de nombreux siècles, son souvenir a survécu dans les tablettes maintes fois recopiées des scribes. Merci à Arte de nous avoir ressuscité pour un soir l’esprit de ce roi de légende dont la valeur militaire s’accompagnait d’un sens étonnement humain de la poésie.

E. Mourey


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38 réactions à cet article    


  • La mouche du coche La mouche du coche 10 septembre 2007 12:00

    Demianne, « l’auteur nous explique d’abord ses entrées dans l’esprit de Homère soi-même, »

    oui, c’est une bonne attitude de l’historien de vouloir revivre de l’intérieur les textes comme s’il les avait écrit lui-même. Cela permet de mieux comprendre ce que sous-tend le texte. smiley


  • Emile Mourey Emile Mourey 10 septembre 2007 12:12

    @ Demian West

    Merci d’avoir trouvé mon article étonnant.

    Vous avez bien remarqué que j’avais commencé mon article en expliquant qui était vraiment Gilgamesh. Ceci étant dit, le lecteur est tout à fait prévenu que dans la suite du texte, il lui faut faire un petit effort d’imagination pour comprendre, au-delà de l’image du récit, la réalité des hommes, des faits et de l’Histoire. Mon article est d’ailleurs rédigé de façon à faciliter cette transposition.

    Vous devriez constater que si je n’avais pas procédé ainsi, le résumé que je donne du récit aurait perdu toutes ses qualités poétiques.

    Bien sûr, pour comprendre ma démarche et cette épopée, il faut une certaine agilité d’esprit. Sommes-nous plus intelligents que les Anciens ? Ce n’est pas certain.


  • Gasty Gasty 10 septembre 2007 20:16

    Il était une fois « Demian »

    Puis rien !


  • Claustaire 10 septembre 2007 12:15

    Bon, ce n’est pas la première fois que vous interprétez un document, un texte ou un mythe ancien ou antique avec cette grille de lecture.

    Autant lorsqu’on la voit appliquée pour la première fois, cela semble pertinent, autant, à la longue, cela fait système, et donc redite. Même si votre travail (vos hypothèses) n’en reste pas moins tout à fait digne d’intérêt.

    Ne vous découragez donc pas ; j’apprécie de vous lire, même si je le fais, vous devriez vous en douter, avec la plus grande prudence. Mais autant j’aime les contes, autant j’aime les contes (surtout les bon comptes) que l’on me propose sur les contes.

    Bien à vous (même s’il vous faudra accepter un sourire un peu narquois derrière cette cordialité)


    • Emile Mourey Emile Mourey 10 septembre 2007 16:04

      @ Claustaire

      En fait, c’est beaucoup plus compliqué, car en faisant de Gilgamesh un groupe d’hommes et non un individu-roi, c’est tout le contexte du récit qu’il faut revoir. C’est la vérité de l’Histoire qu’il faut redécouvrir alors que la plupart des commentateurs se contentent de n’y voir que des légendes. Certes, j’avais déjà mon idée sur Gilgamesh depuis un certain temps, mais je n’avais pas eu le courage jusqu’à hier de mettre par écrit ces quelques interprétations. Les risques de se tromper sont très importants. Exemple : je préfère donner à Enki, le nom de dieu du sol plutôt que dieu des sources ou du monde souterrain et à Enlil le nom de dieu du souffle plutôt que dieu de l’air (qu’est-ce que l’air immobile pour les Anciens ?). Pas facile de retrouver la logique qui habitait leur esprit.

      Et puis, il y a quelques points que je n’ai pas le temps d’approfondir mais que d’autres pourront éclaircir : l’intervention de la déesse Ishtar et du taureau céleste contre la ville d’Ourouk.

      Je n’ai pas voulu, non plus, traiter la question du déluge qui est une question compliquée et que j’ai traitée dans mes ouvrages dans mes études sur l’ancien testament. Je me suis limité dans cet article à ne présenter qu’une ossature qui, je l’espère,démontrera qu’il n’y a pas dans cette épopée que des légendes sans grand intérêt historique.

      Mon seul regret : ne pas avoir insisté sur la longue maladie de douze jours de Enkidu que M. Kramer appelle très justement « L’innocent de la plaine » par contraste avec le civilisé qu’est Gilmanesh et qui meurt en maudissant la civilisation (vous voyez l’intérêt de la question).


    • finael finael 10 septembre 2007 15:20

      D’après ce que je sais, ce que nous nommons « Epopée de Gilgamesh », d’après les premières découvertes de tablettes écrites en akkadien (prériode de Ninive), ferait partie d’un ensemble mythologique plus vaste concernant la déesse sumérienne de l’amour : Inanna, déesse tutélaire de la ville d’Uruk.

      Si les historiens s’acordent à peu près sur le fait que Gilgamesh ait existé, il aurait sans doute vécu vers la fin du IVème millénaire (-3nnn) : Uruk fut fondée vers -3400. Quant à « l’épopée », il s’agirait plutôt de textes partiels concernant la vision cosmogonique des sumériens.


      • Emile Mourey Emile Mourey 10 septembre 2007 17:49

        @ finael (IP:xxx.x02.211.231)

        Je n’ai pas approfondi l’histoire de Sumer, mais j’ai été amené à m’y intéresser pour mieux comprendre la pensée sémite qui s’est exprimée dans les textes de l’Ancien testament.

        C’est après avoir vu le documentaire d’Arte que je n’ai pu résister à écrire cet article pour dire que cette épopée de Gilgamesh est particulièrement intéressante pour bien comprendre la pensée des Anciens, car ces Anciens, manifestement, avaient leur raisonnement et, je n’ai pas peur de le dire, une certaine forme d’intelligence et de l’appréhension de la réalité des choses que nous avons sous-estimés. C’est cela qui m’intéresse le plus.

        En ce qui concerne la datation des faits, il me semble que c’est bien vers l’an 2 600 avant J. C. que les historiens s’accordent pour situer le règne de Gilgamesh. Quant à la signification de l’épopée, je me réfère surtout à Samuel Noah Kramer dont l’ouvrage « L’Histoire commence à Sumer » fait toujours référence.


      • La Taverne des Poètes 10 septembre 2007 15:45

        Bonjour Emile,

        votre article reprend fidèlement les travaux mis au jour sur cette épopée. Le lecteur de bonne foi comprend bien que vous y allez franco de votre théorie personnelle puisque vous dites en début « je propose aux lecteurs d’Agoravox ma lecture de ce récit apparemment fabuleux ».

        J’ai une question à vous poser. Votre théorie est-elle inédite ou avez-vous vu des chercheurs ou auteurs l’affirmer également ? Si elle est toute personnelle, il semble qu’elle s’appuie sur une simple intuition que vous étayez par la logique dans votre article. Mais cette logique n’est pas sans faille car elle est la suivante : je pars du principe que le règne de 126 ans est une vérité fiable et à partir de là j’en déduis (compte tenu de la longévité humaine) qu’il y a une dynastie, un clan. Mais, comme je vous le disais cette logique qui repose sur un postulat non prouvé est très discutable (Et nous sommes là pour en discuter...) Qu’est-ce qui nous prouve que le règne a duré 126 ans ? On n’est même pas sûr que Gilgamesh ait existé. Le nom de ce souverain figure sur une tablette où sont inscrits les noms d’autres rois. Si l’on trouve son caveau, on n’obtiendra alors plus d’information. Ce qui est loin d’être gagné, vu que les fouilles sont à l’abandon à cause de la guerre en Irak et que les vestiges dégagés ont été réensevelis depuis de longues années.

        Mais la chose intéressante à retenir est qu’il s’agit du premier récit connu fait par l’Humanité et qu’il semble avoir inspiré le passage du Déluge de la Bible.


        • Avatar 10 septembre 2007 16:21

          oui Demian...

           smiley

           smiley

           smiley


        • La Taverne des Poètes 10 septembre 2007 16:44

          L’avantage des documentaires télé c’est qu’ils sont plus à jour que les livres d’histoire.


        • Emile Mourey Emile Mourey 10 septembre 2007 17:27

          @ La Taverne des poètes

          Bonjour, La Taverne des poètes

          Un postulat est une proposition que l’on demande d’admettre comme vraie sans démonstration.

          Le problème que pose mon article si on le sort de tout le reste de mes écrits, c’est, en effet : comment démontrer que mon interprétation est fiable ? Le mieux aurait été que l’auteur de cette épopée ou d’autres auteurs qui ont écrit des textes de ce style ou des commentateurs aient laissé un témoignage avant que je sois le premier à évoquer cette question. Là est bien la difficulté.

          En fait, mon article ne peut se comprendre que si on le lit, comme je l’ai écrit en introduction, « dans la prolongation de mon article du 28 décembre 2006 intitulé »Adam et Eve, une autre façon de comprendre".

          Donc, il faut d’abord se poser la question : est-ce que mon article que je viens de citer sur Adam et Eve est fiable ? Autrement dit, faut-il prendre à la lettre cette histoire d’Adam qui figure au début du texte de la Genèse comme le font actuellement les créationnistes ou dans un sens, disons, allégorique, comme je le fais, ce qui paraît beaucoup plus logique. Autrement dit, il faut choisir entre le plausible et le non plausible. Dans le premier cas, il faudrait admettre que ceux qui ont écrit ce texte nous ont raconté une belle histoire, sans plus et que leur imagination les a trompés. Dans le deuxième cas, il faudra reconnaître que cet écrit est beaucoup plus sensé qu’on ne l’a pensé jusqu’à maintenant. Il faudrait donc que le débat ait lieu et que les « experts » s’expriment, soit pour approuver mes ouvrages, soit pour les condamner, ce à quoi ils ne se risquent pas.

          Il faudrait également que ces« experts » prennent position, y compris à l’échelon du ministère de la Culture pour condamner mes propositions des sites de Gergovie et de Bibracte pour lesquels j’apporte pourtant de nombreuses preuves quant à leur véritable emplacement, soit pour les condamner soit pour reconnaître leurs erreurs.

          Car même si cela n’apparaît pas clairement au premier abord, tout se tient.


        • finael finael 11 septembre 2007 13:47

          @ La taverne des poètes

          En fait ce n’est pas le cas, c’est même le contraire : chronologiquement :

          - Des chercheurs font des fouilles (dans ce cas), ce qui peut être très long.

          - Après un « certain temps » ils publient leurs résultats et analyses (pour les « manuscrits de la mer morte » il aura fallu attendre 23 ans leur publication).

          - Et c’est seulement là qu’on peut faire des documentaires.

          Même dans les - souvent excellents - documentaires d’Arte, il y a toujours un retard par rapport aux nouvelles recherches (c’est ce que j’ai pu constater sur les sujets qui m’intéressent).

          A titre de bibliographie sur l’épopée de Giglamesh je suggère les ouvrages suivants :

          L’histoire commence à Sumer - Samuel Noah Kramer - Arthaud (ancien mais incontournable)

          Ecrire à Sumer - Jean-jacques Glassner - Seuil

          Les sumériens entre Tigre et Euphrate - Jean Louis Huot - Armand Colin

          Chroniques mésopotamiennes - J.J Glassner - Les belles lettres

          Il était une fois la Mésopotamie - J. Bottero M.J Steve - Découvertes/Gallimard

          Naissance de l’écriture : Cunéiforme et Hiéroglyphe - Collectif - Musées Nationaux

          L’épopée de Gilgamesh - Abeel Azrié - Berg International

          Pour ce qui est de la Bible, ne pas oublier qu’elle a été écrite en premier lieu par des scribes hébreux à Babylone, ce qui explique les très nombreux emprunts (ne serait-ce que la genèse).

          Enfin, pour le poète, une adaptation de mon cru d’un extrait de l’épopée de Giglamesh (sa rencontre avec la déesse Nannah) :

          - - - - - — Le refus

          Et moi ? Mais que devrais-je donc te donner

          Si pour mon malheur je te prenais pour épouse ?

          Devrais-je te donner vêtements pour ton corps ?

          Devrais-je te donner pain et puis nourriture ?

          .

          Toi, tu n’es qu’un foyer qui s’éteint en hiver.

          Tu n’es que la porte ouverte qui ne protège

          Ni du froid, ni du vent, non plus de la tempête

          Tu es la maison qui s’écroule sur ses hôtes.

          .

          Tu es un foulard qui étrangle qui s’en coiffe,

          Ou bien du bitume qui souille qui le touche.

          Tu es une outre qui inonde son porteur.

          .

          Tu es une amulette qui séduit l’ennemi

          Ou encore un soulier qui écorche le pied !

          Et moi ? Mais que devrais-je donc te donner ?


        • arturh 11 septembre 2007 10:01

          Le fait que Gilgamesh soit non seulement le nom d’un souverain, mais aussi d’un clan et d’une dynastie(j’y ajouerais d’ailleurs celui d’une famille) me paraît une évidence. En quoi est-ce une théorie ?


          • finael finael 11 septembre 2007 13:52

            Non, on est à peu près sûr qu’il s’agit d’un roi, même s’il peut être légendaire :

            - Son nom apparaît sur des listes de roi.

            - Dans certaines inscriptions il est inscrit dans l’équivalent du « cartouche » hiéroglyphique signalant un personnage.

            - On a retrouvé plusieurs « pierres de fondation » à son nom.


          • arturh 12 septembre 2007 12:20

            Il faudrait d’abord préciser en préalable ce que signifie « diriger la société » à cet époque et en dans cette région du monde : Il s’agit de diriger une cité entourée de fortifications, généralement construite en briques cuites. Ancien militaire, vous avez remarqué que diriger veut d’abord et avant tout dire diriger les armées. Et il s’agit même plus précidément de diriger une place forte, qui est également un centre religieux.

            En raison des nombreuses tâches à accomplir, on peut même supposer qu’il s’agissait de coaliser de nombreux clans.

            C’était nécessaire pour le fonctionnement du Palais, d’abord mais aussi pour le temple du dieu ou la déesse que la cité s’honore d’abriter. Certains temples font apparaître la nécessité de sacrifier plusieurs millers de boeuf par an pour le service sacré.


          • Emile Mourey Emile Mourey 11 septembre 2007 11:50

            @ arturh

            Je ne sais pas si les hypothèses que je propose sont une théorie. En revanche, si Gilgamesh est le nom que se donnait une direction collégiale ou un conseil de gouvernement, je ne pense pas qu’on puisse parler de royauté ni de roi-individu.


            • arturh 11 septembre 2007 16:39

              Le pouvoir personnel, d’ordre monarchique, est attesté dans toute la région du croissant fertile à cette période et jusqu’en Egypte.

              Alors je ne vois pas pouquoi les sumériens n’avaient pas effectivement un « Roi », doté de pouvoirs personnels étendus. Leur cosmogonie fait d’ailleurs apparaître cette idée d’une hiérarchie divine ou la notion de « clan auquel appartient le pouvoir » n’apparaît pas en tant que tel.

              Les sumériens, première civilisation de l’Histoire, sont au contraire les premiers à avoir laissé les preuves écrites, notamment avec Gilgamesh, que la forme la plus primitive du pouvoir est d’ordre personnel.

              Pourquoi le leur enlever ?


            • arturh 11 septembre 2007 16:43

              Et dans votre hypothèse, quid du mariage sacré avec la grande prêtresse du culte d’Inana à Uruk, première cérémonie religieuse attestée historiquement ?


            • Emile Mourey Emile Mourey 11 septembre 2007 17:44

              @ Arturh

              Première remarque : donc si Gilgamesh est un individu, les patriarches de la Bible le sont aussi. Si ces patriarches sont des individus, il faudrait savoir pourquoi ils vivent, eux aussi, comme Gilgamesh, si longtemps. Si la Bible se trompe, il faudrait savoir pourquoi. Si la liste royale sumérienne se trompe de la même façon, il faudrait savoir pourquoi. Avouez que c’est tout de même bizarre que tous ces gens-là se trompent. J’espère, au moins, qu’en Egypte, les chroniqueurs ne se sont pas, eux aussi, trompés sur la durée de vie de leurs pharaons.

              Durée de vie des patriarches de la Bible :

              Jacob 147 ans Joseph 110ans Isaac 180 ans Abraham 175 ans Tèrah 205 ans Nahor 119 ans Seroug 200 ans Reou 207 ans Pèleg 209 ans Eber 430ans Chèlah 403 ans Apakchad 100 ans Sem 500 ans Noé 950 ans Lamech 777 ans etc. jusqu’à Adam, ce qui nous mène à l’an 4009 avant J.C.

              Deuxième remarque :

              Si la ville de Jéricho existait au VIII ème millénaire, si la première trace d’écriture a été mise au jour à Sumer, vers l’an 3300 av. J.C., rien n’interdit de penser qu’une cité d’Adam ait existé ou ait été fondée vers l’an 4009. Rien n’interdit de penser que cette cité ait conservé dans sa mémoire la date de sa fondation. Rien n’interdit de penser que les descendants de cette cité aient consigné le fait dans un récit écrit sur un certain nombre de tablettes. Rien n’interdit de penser que cette création d’Adam ait été, en réalité, à l’origine, non pas la création du premier homme mais la fondation d’une cité « sémite ».

              En ce qui concerne Gilgamesh, j’ai seulement posé la question.


            • Emile Mourey Emile Mourey 11 septembre 2007 18:04

              @ arthur

              Vous dites : Et dans votre hypothèse, quid du mariage sacré avec la grande prêtresse du culte d’Inana à Uruk, première cérémonie religieuse attestée historiquement ?

              Comme je vous l’ai dit précédemment, j’ai seulement posé une question par rapport à ce que j’ai trouvé dans mon étude sur l’Ancien testament.

              En ce qui concerne l’interprétation du mariage sacré avec la prêtresse d’Inanna, je n’ai pas étudié la question.


            • arturh 11 septembre 2007 18:55

              Je pensais que la question des âges des patriaches avaient étaient règlées par le fait que le dieu lune étant considéré comme de rang supérieur au dieu soleil dans la religion sumérienne, celà voulaient dire qu’on comptait les « années » suivant les cycles de la lune et non du soleil.


            • Emile Mourey Emile Mourey 11 septembre 2007 19:52

              @ Arturh

              Je ne connais pas cette hypothèse. En ce qui concerne mon étude de l’ancien testament, ces durées d’âge ne m’ont jamais posé de problèmes, ni les indications données en années pour situer certains événements.


            • Emile Mourey Emile Mourey 11 septembre 2007 21:53

              Rectificatif

              Au lieu de prêtresse Inanna, lire : en ce qui concerne l’interprétation du mariage sacré du souverain avec la déesse Inanna, je n’ai pas approfondi la question.

              Au lieu de « je ne pense pas qu’on puisse parler de royauté ni de roi-individu », lire « je ne pense pas qu’on puisse parler de royauté ni de roi-individu comme nous le concevons » A supposer que les décisions soient prises au sein d’un conseil restreint plus ou moins occulte, celui-ci pouvait très bien désigner un représentant pour se montrer au peuple. Ainsi pourrait s’expliquer les 126 ans de règne... du conseil Gilmanesh. Ce n’est qu’une hypothèse.


            • Emile Mourey Emile Mourey 12 septembre 2007 09:34

              @ arturh

              Vous m’avez posé une question intéressante concernant, je vous cite « le mariage sacré avec la grande prêtresse du culte d’Inana à Uruk, première cérémonie religieuse attestée historiquement ».

              Contrairement à ce que je vous ai dit, j’ai en effet réfléchi sur ce sujet puisque j’ai retrouvé les annotations que j’avais inscrites en marge du livre de M. Kramer, en 1994. Je note que dans sa traduction, M. Kramer ne parle pas d’union avec la grande prêtresse mais avec la déesse elle-même. Penser qu’un accouplement ait vraiment eu lieu avec la grande prêtresse est une hypothèse apparemment logique mais ce n’est qu’une hypothèse, même si des tablettes postérieures le disent ou le laissent entendre, ce que j’ignore. Que des cérémonies religieuses autour de ce rite aient eu lieu à Ourouk, je n’en doute pas, mais que le peuple ait été invité dans le sanctuaire de la chambre nuptiale, j’en doute fortement. Je constate par ailleurs que dans mon article, Gilgamesh refuse de s’unir à la déesse Ishtar (Inanna = Ishtar). Nous sommes donc toujours, apparemment, dans le mariage « mystique » puisque nous savons aujourd’hui que les déesses n’ont jamais existé. En revanche, il marche la main dans la main avec Enkidu et partage même avec lui le même lit. Cela fait penser à un renversement d’alliance politique ou, comme je l’ai écrit dans mes annotations, à une révolution. Mais qui était Enkidu ? Des fils de la terre comme je l’écris dans mon article ? L’innocent de la plaine comme l’écrit M. Kramer ? Les innocents de la plaine ? Les paysans de la campagne ?

              Donc, ou bien nous sommes en présence d’un roman, ou bien en présence d’une transposition de l’Histoire sur un plan poétique, mythique et mythologique. Ce n’est pas à moi d’approfondir la question mais aux spécialistes qui connaissent la langue dans laquelle ces textes ont été rédigés.


            • arturh 12 septembre 2007 09:42

              C’est certes une hypothèse, mais elle n’est pas neutre puisqu’elle n’engage rien de moins que la question de l’exercice du pouvoir dans une société évoluée, la société urbaine, la notre, à l’aube de l’Histoire, ou plutôt à la fin de la préhistoire, puisque c’est à cette époque là et à cet endroit que fut inventé l’écriture.

              Elle pose donc la question de l’état « naturel » de la hiérarchie sociale chez l’homme.

              Et cette écriture fait apparaître un souverain bien identifié, doté de pouvoirs mais surtout d’obligations qui sont propres à la personne, comme celui du mariage sacré.

              D’autres part les circonstances de la création d’Enkidu dans le récit de Gilgamesh font apparaître la voix d’un « conseil » ou même du « peuple » tout entier qui réclame aux dieux de créer un homme capable de maîtriser physiquement Gilgamesh et l’obliger ainsi à cesser ses abus de pouvoirs qui consistent principalement à tuer les hommes de son âge qui s’opposent à lui et à séduire (ou violer ?) toutes les vierges de la cité.

              Enfin, dans la partie qui concerne la tuerie du monstre Humbaba, c’est bien Gilgamesh seul qui prend la décision, même en tenant compte des différentes versions du récit, et leur expédition est préparée avec l’aide d’un conseil.

              L’hypothèse la plus plausible est donc bien que le pouvoir ultime souverain, en particulier le pouvoir exécutif, même confronté à des contre-pouvoirs, est investi dans un seul individu.


            • Emile Mourey Emile Mourey 12 septembre 2007 10:18

              @ Arturh

              Comme vous le dites, il s’agit d’une question importante car elle touche, je vous cite à « l’exercice du pouvoir dans une société évoluée, la société urbaine, la nôtre, à l’aube de l’Histoire ».

              Comme je l’ai dit, je ne me considère pas du tout comme un connaisseur de la civilisation sumérienne mais comme un ancien militaire un peu latiniste qui remet en question l’emplacement de nos anciennes capitales gauloises, ce qui le conduit à remettre en question des interprétations du texte de la Genèse et donc de la pensée des Sémites. Vue l’imbrication qui existait en Mésopotamie entre les Sumériens et des colonies sémites (Abraham à Ur), il est difficile de séparer les deux pensées.

              Bien que cela apparaisse « littéralement » dans les textes, je ne pense pas, sauf exception, qu’un pouvoir personnel ait pu diriger efficacement ou durablement la société primitive. Je pense qu’à cette époque, seul un clan pouvait s’imposer sur le plan politique et que seul un conseil de plusieurs membres pouvait faire face aux nombreux problèmes qui se posaient. Mon interprétation des textes de l’Ancien testament va dans ce sens. Ce qui est étonnant - je le reconnais - est que ces textes ont été rédigés comme si ces conseils étaient des individus. Je souhaiterais que les exégètes réfléchissent à la question.

              Merci de votre réponse.


            • arturh 12 septembre 2007 12:53

              Il faudrait d’abord préciser en préalable ce que signifie « diriger la société » à cet époque et en dans cette région du monde : Il s’agit de diriger une cité entourée de fortifications, généralement construite en briques cuites. Ancien militaire, vous avez remarqué que diriger veut d’abord et avant tout dire diriger les armées. Et il s’agit même plus précidément de diriger une place forte, qui est également un centre religieux. En raison des nombreuses tâches à accomplir, on peut même supposer qu’il s’agissait de coaliser de nombreux clans.

              C’était nécessaire pour le fonctionnement du Palais, d’abord mais aussi pour le temple du dieu ou la déesse que la cité s’honore d’abriter. Certains temples font apparaître la nécessité de sacrifier plusieurs millers de boeuf par an pour le service sacré.


            • Emile Mourey Emile Mourey 12 septembre 2007 14:40

              @ Arturh

              Je suis bien d’accord sur l’importance de l’unité de commandement pour conduire une armée ou défendre une place. Mais remarquez que dans le cas de la bataille d’Alésia, si Vercingétorix commandait en chef les assiégés en majorité arvernes, l’armée de secours était commandée par quatre chefs, ce qui me paraît assez logique compte-tenu qu’elle était formée de peuples différents. On peut penser que ce type de direction collégiale pouvait également se justifier dans le cas de plusieurs clans qui se partageaient le pouvoir.

              Mais, à mon avis, le plus important est le fait qu’à l’époque dont nous parlons, le chef devait très certainement marcher en tête. Cela signifie qu’il ne devait pas faire de vieux os et que, pour éviter la vacance du pouvoir, il fallait qu’un autre soi-même (style Demian West) prenne sa place. Cela est possible dans le cas d’une direction collégiale qui pense et agit comme un seul homme, ce qui expliquerait par ailleurs le grand âge des patriarches et des rois sumériens.

              Je n’affirme rien mais j’avoue tout de même qu’entre les récits héroïques sumériens, les fresques pharaoniques, et la réalité probable, il y a lieu de se poser des questions.


            • Emile Mourey Emile Mourey 12 septembre 2007 15:11

              Et puisque vous avez attiré mon attention sur les cérémonies du mariage sacré, avec tous les débordements sexuels que cela suppose (prêtres et prêtresses sacrifiant aux dieux comme plus tard dans certaines fêtes dyonisaques), je me demande si ce n’est pas cette « orgie » à laquelle Gilmanesh avait invité Enkidu, orgie à laquelle « l’innocent de la plaine » a refusé de participer.


            • Emile Mourey Emile Mourey 12 septembre 2007 15:23

              Rectificatif

              Lire DIONYSIAQUES


              • Antenor Antenor 26 avril 2009 10:24

                Le documentaire diffusé hier m’a donné quelques idées :

                Le grand nombre de rois qui séparent Gilgameh de Sargon dans la Liste Royale Sumérienne laisse à penser qu’il y a beaucoup plus que les deux siècles couramment admis entre les deux souverains. Sargon ayant règné aux alentours du 24ème siècle, le règne de Gigamesh doit avoir eu lieu bien avant le 26ème.

                Il me semble plus logique de placer la première dynastie d’Uruk et ses rois légendaires au début de la période d’Uruk vers -3700. La légende de l’invention de l’écriture par Enmerkar va dans ce sens. Cela aurait comme conséquence de faire remonter les dynasties pécédentes (de celle d’Eridu à la première de Kish) à la période d’El Obeid.

                Dans les textes cunéiformes, Eridu passe pour la ville la plus ancienne du pays de Sumer et les fouilles archéologiques montrent justement qu’il s’agit du site le plus important de la période d’El Obeid, sa fondation remonte au début du 6ème millénnaire.

                La royauté serait donc « descendue du ciel » à Eridu vers -6000. Cela infirme la chronologie biblique antérieure à Abraham mais confirme votre localistion de la cité d’Adam et Eve sur les bords du Jourdain qu’il faut faire remonter vers -10000. C’est dans cette région que sont apparus l’agriculture et les premières formes d’urbanisme vers (Jéricho, Mallaha). Le fruit mangé à l’arbre de la connaissance symboliserait le passage de la socièté de chasseurs-cueilleurs à celle d’agriculteurs. Kain (la culture de Halaf ?) aurait ensuite diffusé ce mode de vie en Mésopotamie.


                • Emile Mourey Emile Mourey 26 avril 2009 11:33

                  @ Antenor

                  J’ai, moi aussi, regardé l’émission d’Arte. Je viens de relire mon article, les commentaires et mes réponses. Je pense toujours que nous avons là une très étonnante et merveilleuse allégorie d’une réflexion politique sur la bonne gouvernance dans la situation d’insécurité qui existait alors. Bonne gouvernance de la cité reposant sur l’harmonie à établir entre les citoyens des villes et les habitants des champs, les deux catégories ne pouvant pas vivre l’une sans l’autre car étant complémentaires.

                  Sa perdurance en tant que mythe s’explique très certainement parce que l’histoire telle qu’elle a été écrite pour la première fois était considérée comme un texte fondateur, porteur de morale civique et de bonne gouvernance à l’intention des gouvernants successifs, d’où probablement une littérature « Gilgamesh » qui a suivi. Il faut rappeler que dans la Bible, il est dit au roi de recopier le « Livre » et de le lire tous les jours, pour, là aussi, ne pas oublier les principes d’une bonne gouvernance.

                  Quant aux datations, c’est compliqué. Si on se réfère aux datations bibliques, c’est 4000 ans avant J.C. que le Livre date la fondation de sa cité d’Adam, mais cela peut, évidemment, très bien être une refondation après prise de la ville ou forteresse à un occupant antérieur. C’est là que l’archéologie pourrait nous aider.

                  Je pense toujours qu’il y a une clef à chercher au bord du Jourdain et, en particulier, à Banyas/Panéas, là où Flavius Josèphe voyait la source du fleuve.


                • Antenor Antenor 26 avril 2009 12:21

                  Je ne sais pas trop quoi penser du/des déluge(s). La thèse d’une grande innondation vers -2900 développée dans le documentaire me laisse sceptique. Des couches d’alluvions, on en retrouve à pleins d’endroits différents et à différentes époques. Placer à cette date le déluge évoqué dans la liste royale sumérienne oblige à comprimer une liste de plusieurs dizaines de rois entre cette date et Sargon.

                  Dans l’hypothèse d’une datation très haute, ce déluge sumérien interviendrait vers le début de la culture d’El Obeid et marquerait l’arrivée de porteurs d’une civilisation plus avancée venus de Canaan. Eridu et sa première dynastie pourrait avoir été fondée par les « éclaireurs » Kaïnites (faction devenue marginale de la cité d’Adam) et le déluge pourrait marquer l’arrivée en masse dans le pays de Sumer des Sethites (faction principale de la cité d’Adam) qui dans la Bible ont l’air d’avoir repris une à une les colonies kaïnites.


                  Votre rapprochement du déluge biblique et de la descendance de Noé situés au 25ème siècle avec l’Empire de Sargon est convaincant, cependant le personnage de Nimrod ferait aussi un Sargon très crédible.


                  • Emile Mourey Emile Mourey 26 avril 2009 13:49

                    @ Antenor

                    Si on se réfère à la datation biblique, il faut placer le déluge de Noé en l’an 2453 avant J.C., c’est-à-dire au temps de Sargon ou environ un siècle plus tôt. Et il faut comprendre que ce déluge - cf la Bible - annoncé par les prêtres sémites/Noé est en fait une prophétie/menace d’une vaste opération militaire lancée depuis Kish sur le pays de Sumer pour secourir les colonies sémites contre les prêtres sumériens... une menace d’invasion/destruction que Sargon ne semble pas avoir mise en oeuvre.

                    Cette image déluge/déferlement militaire a été reprise dans l’histoire de Moïse : embuscade/flots de la mer Rouge qui se referment et engloutissent l’armée du pharaon.

                    Si j’en crois wikipedia, je cite : 1. Si Gilgamesh fut un roi historique, il a probablement régné aux alentours de 2 650 av. J.-C. 2. Dans l’Épopée de Gilgamesh, il est souvent dit qu’il dirigea la construction des murailles légendaires d’Uruk. Sargon d’Akkad affirmera, deux siècles plus tard, les avoir détruites, afin de montrer sa puissance militaire.

                    2 650 - 200 = 2450, nous retombons bien sur les 2 453, date du déluge biblique tel que je l’ai interprété.(Bien que les dates du règne de Sargon soient assez floues).

                    En ce qui concerne le déluge sumérien auquel un ancêtre de Gilgamesh aurait échappé, je pense qu’on est toujours dans un mythe allégorique, soit qu’il trouve son fondement dans un souvenir réel, ou mieux dans une inquiétude due aux risques d’inondation de cette région, soit, comme vous en faites l’hypothèse, qu’il évoque une invasion venue du pays de Canaan.


                    • Antenor Antenor 28 avril 2009 15:02

                      Une marge d’erreur de deux siècles est admise pour dater l’avènement de Sargon donc Noé entre parfaitement dans le cadre chronologique. Je m’interroge sur Nimrod, en dehors de Sargon, le personnage auquel il fait le plus penser est Hammourrabi. Le problème c’est que le « grand chasseur » a l’air d’être originaire du pays couchite d’Egypte et que le fameux législateur est issu d’Amourou.

                      je viens de découvrir qu’à l’époque d’Adam et Eve, « le chalcolitique palestinien », le Sud-Levant était occuppé par une culture dite ghassoulienne ou de Beesheba relativement méconnue par rapport à ses voisines de Halaf ou d’El Obeid mais qui présentent des aspects très interessants.

                      http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=11894114

                      http://bcrfj.revues.org/document38.html

                      Les sémites n’ont pas atteint Sumer et le Golf persique dès le 4ème millénnaire mais ils ont occuppé le pays d’Akkad ce qui représente tout de même une sacrée progression. Auparavant, la culture d’Obeid d’origine sumérienne s’étendait jusqu’à la Syrie, la conquête de toute cette zone nord-mésopotamienne par les Sémites vue par les Sumériens ferait un « déluge » crédible.

                      Il y a apparemment eu ensuite une contre attaque sumérienne qu’on retrouve à la fois en archéologie avec des colonies d’Uruk jusque dans le Levant (Gilgamesh contre Umbaba) et peut-être également dans la Bible chez les fils de Seth :

                      Seth—Enosh—Qénân—Mahalael (Mahala site de la vallée du Jourdain)—Yered (Eridu ?)—Henok—Metoushael—Lamek (El Cham/Damas ?)—Noé

                      On voit qu’aprés une première phase d’expansion, les Sethites ont l’air de s’être repliés sur Enosh/Henok avant de rejoindre Lamek qui avait déjà en son temps menacé les pays alentours.



                    • Emile Mourey Emile Mourey 28 avril 2009 16:03

                      @ Antenor

                      Pour ma part, je serais partisan de prendre à la lettre la généalogie biblique qui me parait très fiable et qu’il n’y a aucune raison de mettre en doute à partir du moment où l’on n’y voit, non pas une filiation d’individus mais de conseils, ou quelque chose de ce genre. En fait, cela représente un phénomène de colonisation complexe et enchevêtré du type « mouvement brownien », mais suivant des fils. La colonie « Nemrod » n’a pu venir d’Egypte qu’à une époque où la puissance pharaonique rayonnait jusqu’à Babylone. L’époque d’Hammourabi est postérieure et correspond à une période où c’est le pays d’Amourrou, c’est-à-dire les Sémites, qui dominaient aux dépens de l’Egypte. C’est d’ailleurs pendant ce règne d’Hammourabi à Babylone que je vois les pharaons sémites régner sur le Sud de l’Egypte. A noter qu’à ce moment-là, la Bible se focalise sur les Hébreux en Egypte et ne semble pas être concernée par ce qui se passe en Mésopotamie.

                      Il n’empêche qu’il y a beaucoup de pensée sémite, me semble-t-il, dans le code Hammourabi.


                    • Emile Mourey Emile Mourey 28 avril 2009 16:06

                      Concernant Sargon,il existe des points communs entre son histoire et le récit de Noé.

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