Débat épineux qui touche au cœur même de l’éthique. Bon article, Sylvain.
Je suis moi aussi assez scandalisé de voir que les expulsions doivent répondre à une logique d’objectifs chiffrés, de remontrance des mauvais élèves et surtout de rapports bureaucratiques énonçant fièrement le pourcentage de réussite. Parce qu’il s’agit d’humain, et que nul ne peut être inconscient de l’arbitraire de ces procédures qui reconduiront à la frontière des hommes et des femmes loyaux et seulement désireux d’intégration pendant que d’autres continuent à profiter du système de l’intérieur en toute impunité.
Et pourtant, il est impossible de rester les bras croisés. De ne pas renvoyer une image ferme du pays vis-à-vis de l’immigration clandestine. Tout comme il a été maintes fois prouvé que des régularisations massives et arbitraires auraient des conséquences désastreuses dont le prix ne vaut pas la satisfaction de certaines bonnes consciences.
Alors, où se situe le juste milieu ? Probablement dans un cas par cas réalisé le plus humainement possible. Les législations sont des textes d’organisation globale, la réalité humaine est souvent toute autre. Mais, si on fait du cas par cas, qui est réellement capable de définir avec objectivité et en connaissance du contexte, qui mérite de rester et qui ne le mérite pas ? Quelle proportion des expulsions peut se faire sans créer un sentiment d’injustice quelque part ? Et surtout, comment arriver à traiter en profondeur et avec une réelle considération, deux cents à quatre cents mille dossiers individuels ?
A mon sens c’est une question qui ne peut être entièrement résolue. On peut limiter la casse, pas l’empêcher. Il y aura toujours des idéalistes bien-pensants pour pointer du fascisme dans le refus d’accueillir tout le monde. Il y aura toujours, aussi, des nationalistes durs qui considéreront que tout clandestin doit être reconduit à la frontière quelles que soient les conditions.
Mais le gouvernement fait lui-même aveu d’impuissance en la matière. Si l’objectif affiché est de 25 000 avec le système actuel qui traite en gros, c’est qu’il n’a probablement pas les moyens de faire plus. Alors, comment résoudre au cas par cas, en conciliant l’humanité nécessaire mais aussi l’efficacité que sont censées justifier ces expulsions, un nombre de cas probablement plus proche de la tranche haute que de la tranche basse ? En décuplant le budget du ministre Hortefeux ?
Si quelqu’un a une réponse viable à cette problématique, j’ai hâte de le rencontrer.