Il n’y a pas de mise en perspective qui tienne, il ne s’agit pas plus de don de soi mais simplement d’un excès de zèle du sélectionneur à l’égard de son futur patron. Ce dernier, on le sait depuis un certain temps, compte récupérer l’image du XV de France. Il n’est pas le premier, loin s’en faut, à tenter l’association politique-sport. Cependant, à trop mélanger les genres il vaut mieux que les résultats soient au rendez-vous si vous ne voulez pas vous prendre une polémique totalement justifiée sur le coin de la gueule.
Car aujourd’hui qu’elle est l’image du XV de France ? Que représente la fonction même de sélectionneur pour le grand public ? A cette dernière question, il y a deux styles de réponse qui conduisent à des raisonnements très différents :
- La 1ère serait de dire que l’on peut aisément différencier la personne privée de la personne publique. Ainsi le sélectionneur peut avoir les engagements politiques qu’il veut, en faire état publiquement sans que cela ne touche à l’image même de l’équipe.
- La 2ème, qui est aussi la philosophie de l’équipe de France de foot, est de dire que le sélectionneur doit représenter l’intérêt général du rugby français (avec la DTN) et qu’en conséquence il ne peut se permettre d’apparaître comme partisan sauf à vouloir confisquer l’image de l’équipe au profit d’une tendance politique et au risque de s’aliéner les citoyens qui ne partagent pas les mêmes options politiques que cette tendance.
Il semble que Laporte ait souhaité privilégier la première option qui lui offrait certainement plus de confort personnel. Mais les remous de ces derniers jours montrent aussi les limites de ce système dont la pérennité devait beaucoup à la mansuétude des médias. Il était d’ailleurs curieux de voir que certains journalistes sportifs ne s’étaient pas gênés d’aller chercher Raymond Domenech sur ses supposées affinités politiques avec la gauche française, alors que celui-ci ne s’était jamais exprimé sur le sujet, et que les mêmes se taisaient au sujet de Bernard Laporte.