Ce qui m’afflige en tant que Belge à l’étranger, c’est que cette opposition Francophones vs Néerlandophones (en oubliant aussi purement et simplement les Germanophones) est tout bonnement infondée.
Extrait d’une étude linguistique :
"Au moment de la création de l’État belge en 1830, la Constitution avait prévu un État unitaire, sans langue officielle reconnue. En effet, l’article 23 se lisait comme suit :
Article 23
L’emploi des langues est facultatif en Belgique, il ne peut être réglé que par la loi et seulement pour les actes de L’autorité publique et pour les affaires judiciaires.
Dans les faits, ce fut le français qui fut utilisé comme seule langue officielle. Or, à cette époque, la majorité de la population belge avait comme langue maternelle soit le néerlandais dans sa forme dialectale (flamand, brabançon ou limbourgeois), soit l’un des idiomes issus du latin (wallon, picard, lorrain, gaumais, etc.). La ville de Bruxelles, quant à elle, ne comptait à ce moment-là que 15 % de francophones, pour la plupart des descendants des Français immigrés dans cette ville plusieurs décennies auparavant. Il faut dire que, face au néerlandais (la langue des Pays-Bas), le français était perçu, à tort ou à raison, par les élites dirigeantes comme un facteur d’unité nationale et un facteur d’indépendance vis-à-vis des Pays-Bas. De plus, à la suite des idées véhiculées par la Révolution française, le français jouissait d’un grand prestige en tant que « langue des Lumières et de la Civilisation ». Quant à l’élite belge, toute pleine d’admiration pour la France, le choix du français paraissait comme aller de soi.
Pour ce qui est de la langue néerlandaise (encore appelée flamand), beaucoup s’opposaient à son emploi, même au sein des populations flamandes ; le néerlandais semblait trop associé aux Pays-Bas. À ce moment-là, le flamand n’était pas normalisé en Belgique et présentait un éventail disparate de variantes régionales orales. Le flamand n’était pas combattu, il était simplement ignoré (comme les parlers wallons) parce qu’il ne faisait pas le poids devant le français. Seul le néerlandais écrit pouvait tenir tête au français, mais il était ignoré en grande partie par la population flamande."
A celui qui prétend que Bruxelles est flamande, on voit aussi que le berceau de la francophonie en Belgique est Bruxelles, et par conséquent une Flandre néerlandophone ne peut se faire avec, en tout ca pas sur base historique.
Historiquement, la Belgique est moins artificielle que ce l’on veut bien dire aujourd’hui, correspondant pas mal par exemple aux Pays-Bas espagnols suite à la séparation avec les Provinces Unies (Pays-Bas actuels, à peu de choses près). Même dans l’histoire flamande (revisitée depuis), on sent que ce n’était pas un peuple si divisé. Ainsi, lors de la bataille des Eperons d’Or, symbole dans la culture flamingande, des milices namuroises et brabançonnes ont prêté mains fortes aux flamands contre les Français.
Bref, le Belge francophone n’est pas pour autant français, et sa langue est plus le fait de détours politiques divers qu’une réalité historique. En ce sens, le rattachement de la Wallonie à la France est bien moins fondé que la continuité de l’Etat Belgique, vu que « Flamands et Wallons de Belgique auraient ainsi les mêmes ancêtres et proviendraient en partie des mêmes peuples ».
Les passages cités viennent de http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/europe/belgiqueetat_histoire.htm