Banalisation du crime
Un artiste contemporain français pour lequel j’ai le plus grand respect, Christian BOLTANSKI, avait publié en 1991 des photos semblables de gradés SS en leur intimité, au moment de f^tes de famille et aussi des clichés semblables de pilotes américains qui venaient de participer au bombardement de l’Irak.
Il avait aussi installé, sur des terrains vagues au coeur de Berlin, des panneaux indiquant les noms d’habitants en 1938 d’immeubles aujourd’hui disparus et qui avaient créé un certain malaise en raison des nombreux noms à consonnance juives.
Son coup d’éclat fut, pour moi, une installation qu’il réalisa dans un entrepot en bord de Seine, qu’il fit remplir avec plusieurs tonnes de vêtements achetés aux Compagnons d’Emmaüs.
Le rapprochement visuel avec les entrepots d’Auschwitz était évident.
Il invita le gratin du petit monde parisien qui gravite autour de l’art contemporain. Chacun des invité pouvait, pour la somme de 10 francs, acheter un sac en plastique portant la date et la signature de l’artiste, le remplir de vêtements et ainsi acquérir un authentique « Boltanski » pour pas cher.
Furent distribuées en même temps des invitations aux résidents d’un squatt africain voisin.
Les mêres de famille qui vinrent, étaient beaucoup plus préoccupées par la possibilité de remplir pour dix francs le maximum de vêtements pour leurs enfants qu de se livrer à une spéculation artistique.
Le travail de Boltanski est basé sur l’absence et la trace.
Pour la petite histoire, la majorité de ses ascendants a disparu durant la Shoah.
Lorsqu’un jour il fut contacté par un fond d’achat d’oeuvre s contemporaines inspirées par la Shoah, il déclina la proposition, répondant que sa démarche n’avait rien à voir avec ces évènements historiques.
Les oeuvres de Christian Boltanski ne laissent jamais indifférents et certaines de ses installations sont réellements émouvantes..
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