Vous aimez Bayrou. Vous aimez la démocratie. Avec beaucoup d’amour, c’est évident. Dans les deux cas.
Une tendance du MoDem dira : « Avec lequel des deux vas-tu tromper l’autre ? Ca ne peut pas durer comme ça, tu sais ? »
Une autre tendance dira : « C’est avec la démocratie qu’il faut coucher. Mais avec Bayrou, tu peux peut-être rester copain, s’il supporte ».
Encore une autre tendance recommandera l’inverse : « La démocratie ? Tu l’oublieras vite, quand Bayrou t’aura couverte de valeurs, et quand il t’aura offert une superbe vision. » C’est la vieille école.
Pour l’instant, il y a crise : nous ne sommes pas moins incompétents, en matière de démocratie, qu’à l’UMP ou au PS. Nous sommes en train d’en prendre conscience, douloureusement.
Nous assistons, sans savoir quoi faire, à une parthénogénèse . L’UDF engendre le MoDem. Sans accouplement (sinon en rêve). L’énorme larve aveugle se tortille. C’est nous.
Trêve de sentiments. Nous n’avons pas beaucoup de temps. Nous allons perdre à la fois notre aile droite (Bariani) et notre aile gauche. Nous avions pourtant le plus grand besoin des deux.
Et tout cela par maladresse et par routine de pensée plus que par calcul perfide et par cynisme. Pour nous tenir ensemble il fallait du temps, certes, mais du temps pour négocier. Les vertus de la négociation, que Bayrou disait avoir pratiquées comme ministre, il les a bien oubliées depuis.
Négocier avec qui, me direz-vous ? La tentation est forte, en effet, de se dire qu’il n’y a personne avec qui négocier. Qui y résisterait ?
Pourtant, il suffit de le vouloir. D’élire nos délégués. De former notre assemblée constituante. De nous donner un ordre du jour. De délibérer. D’échanger nos arguments. Etc.
Mais la tentation est trop forte. On ne nous voit pas comme des constituants convenables. Nous ferons en revanche d’excellents constitués.