Les chiites s’opposent à l’extrémisme
Le mufti de Tyr, Ali Al-Amin, a participé à la fondation du Hezbollah en 1983. Mais, dès le milieu des années 1980, il avait commencé à prendre ses distances avec cette organisation. Aujourd’hui, il en est l’un des pourfendeurs les plus remarqués sur la scène chiite libanaise. Le grand quotidien beyrouthin An-Nahar a ainsi pu titrer : “Ali Al-Amin dénie au mouvement Amal [chiite modéré] et au Hezbollah le droit de parler au nom de tous les chiites.” Il a par ailleurs estimé, dans les colonnes de ce même journal, que ce n’était pas à tel ou tel groupe de défendre la souveraineté du pays, mais à l’Etat, qui représente tous les citoyens sur une base d’égalité confessionnelle.
Invité par la chaîne libanaise LBC, il s’en est pris aux dirigeants du Hezbollah. “Ils ne sont pas les propriétaires exclusifs de notre pays. Qu’ils viennent se mettre d’accord avec les autres composantes de la société sur la meilleure façon d’agir, au lieu d’exiger que tout le monde s’aligne sur leurs décisions.” Il n’épargne pas non plus “certains leaders du mouvement Amal, qui ont renoncé à jouer leur rôle d’élément modérateur dans l’espoir d’obtenir des postes”. “Alors que la modération est une idée dominante parmi les chiites, nous avons mis tous nos œufs dans le même panier, celui de l’extrémisme et de la guerre”, déplore-t-il, avant de rappeler que les chiites “constituaient par le passé le groupe confessionnel le plus engagé dans la lutte pour un Etat fort et unitaire. Aujourd’hui, alors que cet objectif est partagé par d’autres, comment les chiites pourraient-ils ne pas répondre présents ?” “Selon moi, si nous organisions un référendum au Sud-Liban sur le rôle de l’Etat, la réponse serait à 100 % pour le retour de l’Etat”, a-t-il estimé, ajoutant que “ce n’est pas parce que le Hezbollah entretient d’excellentes relations avec l’Iran qu’il en va de même pour tous les chiites. Leur fidélité va à leur patrie.]”