Cessons, juste une minute, de ne parler que d’argent et de Big Brother à propos d’internet... Juste pour réfléchir un peu au-delà... On reprendra les lamentations ensuite...
Je ne suis pas sûr que l’argent soit la première idée qui soit passée dans la tête de Tim Berners-Lee quand il a co-inventé le web. D’ailleurs, la plus grande part du web, et plus largement d’internet, n’est toujours pas marchande (votre courrier électronique personnel, votre site ou votre blog perso, nombre de forums, tout le web universitaire, le web de service public, le web associatif et des ONG, etc., etc.).
Il se trouve que facebook est une entreprise commerciale. Dont acte. Ça n’empêche nullement de réflechir sur ce que ce concept apporte de nouveau par rapport à ce qui existait. Peut-être que ça ne rapportera pas d’argent, ou peut-être le contraire. Vraisemblablement, cette invention est porteuse de danger, mais peut-être pas seulement. Peut-être que ça ne sert à rien. Et alors ?
Il n’en reste pas moins que ce projet ne ressemble à rien de ce qui a pu être proposé précédemment, dans cette ambition de donner une réalité à ce concept radicalement nouveau de « social graph » : « l’ensemble des relations de toutes les personnes dans le monde » selon le fondateur de facebook.
La plupart des éruptions épidermiques assez peu raisonnées que je lis dans ce fil de commentaires ne se seraient jamais exprimées si l’idée était venue dans la tête d’un universitaire désintéressé. Un nouveau Tim Berners-Lee par exemple...
Mais comme ce n’est pas le cas, il devient bien difficile à beaucoup d’aborder la question du concept lui-même, qui est discrédité par principe au nom de la morale, avant même d’être étudié.
C’est dommage, et ça ne mène guère loin. Sauf à louper le passage du prochain Tim Berners-Lee, s’il en vient un autre...
Sur l’utilisation commerciale des données personnelles : c’est vraiment étonnant de constater que facebook peut entraîner une telle levée de bouclier sur le sujet, alors que les données sont récoltées au grand jour, avec l’accord de ceux qui les donnent et qui en sont dûment informés, alors qu’elle ne soulève pas, me semble-t-il, la même condamnation quand ces données sont collectées et utilisées sans l’accord et à l’insu des utilisateurs, comme c’est le cas avec Google. Alors que c’est moralement bien pire, et concrètement bien plus dangereux ! Mais Google semble étonnament épargné par ces imprécateurs...
J’ai encore une fois l’impression que les imprécateurs se trompent de cible et vont au plus facile et au plus confortable intellectuellement...
Et puis vous n’avez qu’à faire comme moi : vous vous créez un pseudonyme, et vous n’utilisez que celui-là sur internet, que ce soit sur facebook... ou sur Agoravox !
Voilà, l’intermède est terminé, vous pouvez recommencer à parler de fric et de Big Brother