Cette fois-ci je me dévêts, momentanément seulement n’ayez crainte, de mon uniforme Rapetout-le-filou-le-voyou pour revêtir le multiforme qui est le mien, hors des bandes dessinées de Carl Barks, depuis une bonne trentaine d’années (1974 pour être précis). Trente ans bien sonnés de pratique là-dedans ça te vous permet de sentir le charlatan sous roche à un jet de pierre de distance, pierre lancée par Gargantua soi-même qui plus est. Et là, dès les premières lignes, ça empestait le charlatanisme à plein nez. Et le moindre doute qui pouvait subsister se dissipe dès le lire du coup de brosse à reluire qui suit immédiatement. Mais revenons-en à l’article.
Prenez ce titre : « L’angoissante beauté des abstractions mathématiques »
Lisez les trois bref paragraphes dont c’est le titre. Y voyez-vous quelque référence à quelque « abstraction mathématique », y voyez-vous quelque exemple « d’abstraction mathématique » ? Non. Vous n’y trouverez, au mieux, que lapalissades enrobées de grands mots, au commun, qu’enfilades de grands mots vides de sens.
Une seule vérité : « Sur Facebook, on rédige une fiche personnelle. »
La fiche personnelle, abstraction mathématique à l’angoissante beauté ! Les mots ne coûtent pas cher.
Enfin, admettons... Qu’es acò, la fiche personnelle ? J’ai l’honneur et le chagrin de porter à votre connaissance que cette abstraction mathématique à l’angoissante beauté florissait bien avant Facebook, bien avant le Net, bien avant les ordinateurs. Elle s’appelait « mécanographie » et c’était, aux yeux de beaucoup de comptables dans un passé pas si lointain (je devais avoir quinze ans), « l’Avenir » avec un grand A. Je dirais même, si moi aussi j’affectais les mots qui ne coûtent pas cher mais qui en jettent, le « graal. » Qu’était ce graal ? Des fiches en carton bordées de trous, dont le traitement se faisait avec des aiguilles à tricoter. Admirez l’angoissante beauté de l’abstraction mathématique !
Au fait, connaissez-vous des mathématiques qui ne soient pas pure abstraction ? Et si la beauté vous angoisse, c’est que vous êtes calliphobes.
Angoissante beauté des abstractions mathématiques, c’est donc déjà : fatras de mots pour ne rien dire, mais qu’on espère impressionner le bon populo par leur grandiloquence.
Si encore l’auteur avait placé un mot sur... tiens, les matrices de Jacobi, plutôt que sur la matrice navet hollywoodien, on aurait pu arguer, à la très grande rigueur, du bien-fondé du titre de ces paragraphes. Mais rien.
C’était donc un titre bidon, tout aussi bidon que l’analyse que faisait Jacques Lacan de la racine carrée de -1 par laquelle il démontrait sans le vouloir ni sans s’en rendre compte qu’il n’avait pas le moindre bagage mathématique, ce qui lui a assuré une riche sycophanterie d’ignares tout fiérots de mieux comprendre les mathématiques que les mathématiciens, les vrais. Alan Sokal et Jean Bricmont les ont roulés dans le ridicule, mais le ridicule ne tuant pas ils sont toujours là, goguenards et arrogants comme jamais. Vous en voyez bel exemple ici aujourd’hui... enfin... hier maintenant.
Assez sur ce sujet (mais j’y reviendrai peut-être, pour démolir cette fois « Quand la carte recouvre le territoire »)
J’espère que vous vous souvenez de la combine pour bidouiller les plus et les moins. Je la répète au cas où. Inscrivez-vous sous autant de pseudonymes que vous aurez la patience de faire, en ayant soin de déconnecter puis de reconnecter votre routeur à chaque inscription. En possession maintenant d’une bonne douzaine de pseudos, il vous suffit de voter sous chacun, ça ne vous coûte qu’une minute de patience entre déconnection et reconnection. Vingt minutes à tout casser, c’est pas la mort et y’en a qui n’ont rien d’autre à foutre de toute la sainte journée, alors... !
Et à qui c’est-t’y qu’on dit « merci » ?
A Rapetout le filou, le voyou !