Ce fil de discussion est un cas d’école. Comment, sous couvert de défendre la liberté d’expression, une groupe d’une demi-douzaine de trolls bien coordonnés prend en otage un espace ouvert au dialogue, pour justement empêcher que ne débute le moindre dialogue...
C’est bien de ça que meure Agoravox aujourd’hui et pas d’une quelconque censure des commentaires postés par les trolls. Mais peut-être pouvons nous trouver dans cet épisode une ébauche de solution au problème qui est en train de faire couler tout le projet Agoravox... Et si on tentait de domestiquer les trolls en créant des fermes de trolls ? Je m’explique...
On trouve, en effet, dans ce fil de discussion depuis hier tout ce qui fait le bon troll :
- commencer par disqualifier la personne avec laquelle on prétend dialoguer, en lui prêtant toutes sortes d’intentions cachées : publicitaire masqué, vendu aux puissances de l’argent, complice des agents du flicage généralisé, etc. Surtout, surtout, il faut asseoir dès le départ, par un tir de barrage bien orchestré, puis y revenir souvent, par des salves régulières, la mise en cause définitive de la moindre possibilité que celui avec lequel on prétend dialoguer puisse être, ne serait-ce qu’une seconde, de simple bonne foi.
- cette première besogne assurée, engager la seconde étape de la disqualification bien menée, en s’en prenant au contenu, mais en veillant toujours à rester à la surface sans s’engager au fond : ce serait laisser prise à un possible début de dialogue, ce qu’il faut surtout éviter. En rester donc aux attaques superficielles : « n’y connaît rien », « raconte n’importe quoi ». Il est conseillé de flirter avec l’injure, qui montre bien à quel point on méprise son prétendu « interlocuteur ». Il est recommandé de s’attaquer à la forme et au style, en se plaçant dans la position du maître d’école réprimandant le mauvais élève pris en faute (effet d’humiliation garanti procurant une secrète jouissance très appréciée par le troll).
- Cette première phase de l’entreprise étant en place, normalement, on a dû réussir à faire fuir tout commentateur de bonne foi du fil de discussion que l’on vient de prendre en otage. Le commando de trolls peut alors laisser libre court à sa satisfaction, assez narcissique, et occuper le terrain conquis en toute liberté : blaguer, roter, pêter, se donner des tapes dans le dos les uns les autres, bref jouir ensemble de l’ivresse que procure une trollisation bien réussie.
- Mais comme ça devient vite lassant de se laisser aller à une telle vacuité, il faut relancer la machine. Crier à la censure et se poser soi-même en victime est une très bonne technique pour y parvenir. C’est d’ailleurs le but ultime, et l’aboutissement presque obligatoire de toute bonne trollisation : parvenir par tous les moyens à être censuré. La jouissance du troll est alors décuplée, il peut se mettre à hululer en toute bonne conscience de soi. Ce n’est plus lui le censeur, par l’étouffement organisé du débat qu’il vient d’opérer, c’est désormais lui la victime. Joli retournement. Généralement, l’orgasme du troll arrive à cette étape...
- Enfin, ne pas oublier, cerise sur le gâteau, de finir par regretter que le dialogue ne soit pas possible, mais on s’en doutait un peu, vu qu’on a tout fait pour ça...
Etonnant de voir comment ceux qui se prétendent les hérauts de la défense de la liberté d’expression se révèlent à ce point maîtriser l’art du lynchage... On en voit ici depuis hier une belle démonstration...
Il ne faut pas nourrir le troll, dit-on... Mais pourquoi pas ?
On voit bien à quel point Agoravox meure aujourd’hui de cette trollisation générale de la plupart des fils de commentaires. Les discussions intéressantes et constructives y sont devenues exceptionnelles, car les commentateurs de bonne foi, lassé de cette pollution, fuient le site les uns après les autres...
Rien n’est parvenu à enrayer ce phénomène, ni la politique de modération, ni le système de notation des commentaires...
Reste une solution, que je propose d’expérimenter sur Agoravox : la ferme de troll... Il s’agit de créer sur Agoravox des lieu spécifiques où l’on pratique l’élevage de trolls en batterie. On attire le troll dans la ferme par quelque appât bien alléchant, puis on le fixe sur place en le nourrissant abondamment, de manière à le détourner des autres espaces qui se trouvent ainsi libérés et dépollués.
Je me propose d’expérimenter cette solution ici même, et dès maintenant. Donc, à tous les trolls qui sont venus nicher ici depuis hier : vous êtes les bienvenus, soyez ici chez vous !
J’espère que je viens de vous fournir assez de nourriture dans ce commentaire pour vous rassasier un petit moment, et offrir aux lecteurs de bonne foi d’Agoravox quelques instants de paix et et de sérénité dans toute le reste du site, pendant que vous continuerez de vous déchaîner ici...
Alors ? Qui commence ?