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Commentaire de Pierre Arrighi

sur De Prague à Venise, cet été, entre cochon rose, tête de mort et vanités


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Pierre Arrighi Pierre Arrighi 30 septembre 2007 17:43

Bonjour Paul Villach,

ça me fait plaisir de voir que vos commentateurs ne sont pas dupes. Vos articles sur l’art sont tout aussi vides et réactionnaires que ceux que vous avancez sur le football.

Ce n’est pas qu’il faille prendre pour argent comptant les milliers de cochons, de vaches ou de rayures exposées dans le monde entier. C’est, une nouvelle fois, la manière.

La pensée critique ne vaut pas en elle-même. La perspective seule détermine son intérêt et son contenu réel. Or, en matière d’art, seule la pensée critique qui stimule la création dans une optique intense et novatrice, c’est-à-dire, la pensée critique créative, est intéressante.

D’abord ces oeuvres que vous critiquez ne découlent pas de votre éternelle « cause mécanique à tout les maux » :« le marché ». Elles découlent pour la plupart de commandes institutionnelles et ont été préparées et formatées longuement par les écoles officielles privées ou publiques, dans le cadre de programmes « littéraires » qui s’obstinent à nier d’autres formes de pensée, et qui ne sont que le prolongement d’une certaine école.

Mais surtout, de tout temps, il y a eu une masse d’oeuvres officielles mauvaises, pour une quantité très réduite d’oeuvres qui sortent du lot, qui, généralement, sont ignorées ou rejetées par la pensée officielle, reconnues tardivement. Une observation de l’état de l’art passe par la mise en évidence de cette petite part, et aussi par la mise en évidence des nouvelles sources de l’art, notamment ses sources populaires. Car l’art lu à travers la grille des hiérarchies anciennes est toujours très pauvre.

Si notre société actuelle est « décadente » par rapport au passé, cela doit être prouvé, et, à mon sens, cela présente peu d’intérêt et beaucoup de passivité. La décadence se construit tout autant que la lumière. Et ce qui permet de voir l’état général, ce n’est pas la masse des oeuvres officielles produites pour satisfaire l’institution et les Etats, mais bien la capacité des autres oeuvres, les oeuvres fortes et créatives, non dictées, à percer, à exister QUAND MÊME, malgré tout. La vigueur d’une société artistique est, dans cette énergie-là.

C’est la raison pour laquelle, la complainte anti-art contemporain n’apporte intellectuellement rien.

Enfin, on peut évoquer évoquer l’art dans le monde sans le faire d’un point de vue actif. Or, évoquer l’art d’un point de vue actif c’est contribuer à renforcer une liberté d’esprit que l’école et les collèges, puis les lycées et les universités craignent, en académisant le peu qui reste de dessin et en gymnastiquant les jeux créatifs dits sportifs, en confondant arts plastiques et dessin industriel comme on confond jeu créatif et sport musculaire.

Pierre Arrighi


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