• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Paul Villach

sur La « Lettre aux éducateurs » du président, l'école et Jean de La Fontaine


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Paul Villach Paul Villach 1er octobre 2007 19:16

Docteur ! Docteur ! Cette distinction ne me paraît pas fondée.

En début d’article, j’ai souligné qu’il n’y a pas de transmission du savoir sans adoption des règles du travail intellectuel : silence, tour de parole, respect du travail des autres, respect des lieux de travail, respect mutuel des personnes. Comment appelez-vous cet apprentissage sinon une éducation ?

Et quand, comme le recommande le Président, vous emmenez en voyage, vos élèves sur les sites de Campanie ou à Venise, en car, avec hébergement à l’hôtel, restauration et visites des sites, comment appelez-vous l’apprentissage des conduites de courtoisie à adopter envers les prestataires de service, sinon une éducation ?

Vous pouvez très bien comme parents avoir éduqué comme vous le souhaitez vos enfants. Croyez vous que loin de vous, avec les copains, ils soient toujours irréprochables ? Le professeur n’a-t-il pas à veiller à faires respecter les règles du savoir-vivre et de la courtoisie partout où il se rend avec ses élèves ? N’est-ce pas une mission obligatoire d’éducation ?

Alors, de grâce ! pas de querelle byzantine. Éducation et Instruction sont indissolublement liées ; l’une conditionne l’autre.

Si vous saviez le nombre de fois que j’ai dû intervenir, moi-même, le soir dans l’hôtel où je suis descendu 15 ans de suite à Vico Equense (sud de Naples), pour obtenir de groupes d’élèves qui n’étaient pas les miens (français et étrangers) pour qu’ils respectent le sommeil des autres ! Je faisais oeuvre d’éducation, tandis que leurs professeurs dormaient sur leurs deux oreilles, adonnés sans doute à la seule instruction de vos voeux !

Confidence des chauffeurs qui me conduisaient en car à Naples (1.200 kms) et à Venise (900 kms) : il n’y avait, m’ont-ils souvent répété, pas plus de 5 % des voyages qu’ils conduisaient, à se dérouler dans la courtoisie mutuelle comme les miens !

Si vous saviez la réputation que les voyages scolaires traînent auprès des hôteliers et des restaurateurs ! Quand il m’a fallu trouver par moi-même un hôtel sur Venise pour l’hébergement de mes classes, je me suis d’abord heurté à nombre de refus purs et simples. L’hôtelière qui a fini par accepter de m’accueillir, a hésité avant de tenter l’aventure. Quand au terme de mon premier séjour, nous nous sommes quittés, elle m’a confié que je pouvais revenir autant de fois que je voulais : à la qualité de son service avait répondu la courtoisie de mes élèves. Elle n’en revenait pas !

Ignorez vous également ce qu’il advient d’un car quand une exigence minimale de vie en commun n’interdit pas de manger, de boire, de mâcher du chewing-gum (atterrissant invariablement sur les sièges de velours), de se taquiner,de se battre, de hurler dans un car, de mettre de la musique à tue-tête, et j’en passe ?

Or, des élèves à qui vous expliquez les règles d’une vie commune de respect mutuel, le comprennent très bien. Ils sont les premiers à vous remercier des conditions qui ont fait de leur cours et de leurs voyages des instants de bonheur et d’épanouissement personnel. Je reçois régulièrement des témoignages en ce sens.

Attention ! Opposer instruction et éducation est insensé à mes yeux ! Et c’est une des raisons pour lesquelles nombre d’établissements sont devenus contre toute raison des lieux de violence. Paul Villach


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès