Bonjour,
Merci pour vos commentaires, je me propose de vous répondre afin de tenter de lancer le débat sur la question de la superposition des pôles de décision entre les organisations compétentes en matière de défense sur le continent européen, sur la compétitivité industrielle qui met au prise industries européennes et extra-européennes, sur la vélléité européenne de se doter d’une certaine indépendance de prise de décision et de mobilisation concrète de forces par rapport à l’OTAN.
Sur les langues, je rejoins les intervenants. Même s’il s’avère que les soldats communiquent dans leur langue nationale sur le terrain au sein de leurs unités de combat, l’anglais demeure en principe la langue de travail des officiers lorsqu’ils correspondent entre eux, de brigade en brigade et au sein de l’état major. Je dis bien en principe car je me souviens avoir croisé des officiers de la brigade franco-allemande qui dialoguaient (cette fois-ci) conjointement en français et/ou en allemand.
La question de la volonté croissante d’indépendance exprimée par les Etats membres de l’UE à l’égard du bras séculier de l’OTAN est particulièrement intéressante. On pourra s’interroger de l’utilité d’une telle initiative. A quoi bon en effet vouloir s’émanciper d’un instrument qui possède une capacité d’intervention sans pareille au monde, avec à sa tête la massive armada américaine ? Si l’idée consistait à demeurer vassal de la volonté politique américaine, pourquoi fomenter le désir de se doter de forces militaires déployables indépendamment de l’état major de l’OTAN ?
Par ailleurs, si l’on jette un regard critique sur le bilan probable de l’intervention américaine en Irak et sur les effroyables difficultés rencontrées par cette puissance de feu pour s’adapter et répondre à la diversité de la menace sur place dans ce pays, l’on peut se demander si l’armée américaine, aussi puissante sur le papier soit-elle, était bien la solution stratégique et opérationnelle adéquate pour mener les opérations de ‘rétablissement de la paix’ après l’invasion de 2003 ?
L’intervention d’Ingrid sur la ‘Commission Trilatérale’ me fait penser que les actions de lobbying en matière de défense sont particulièrement incisives. J’imagine que les industries aéronautiques et d’armement ne se ménagent pas pour tenter d’interpeler aussi souvent que possible le Haut représentant pour la PESC, les Etats majors des armées et autres autorités des différents ministères de la Défense des Etats membres.
Enfin, le domaine de la défense ne relève pas du budget communautaire. L’Union européenne exerce, à travers son Agence européenne de la Défense et le Conseil de l’UE, une activité de coordination des activités de défense des 27 Etats membres. Ainsi, chaque Etat décide en toute souverainenté d’allouer des unités militaires à cette action de défense européenne. En cas de déployement militaire, si les Etats membres le décident, ces unités de combats composées de 1.500 hommes environ seraient envoyées en tant que groupes tactiques européens vers la zone d’intervention ciblée.
Selon l’Agence européenne de défense, les dépenses des 27 Etats membres en matière de défense s’élèveraient en tout à environ 190 milliards d’euros.