Vous regrettez en parlant des maisons de l’emploi « le fait que les institutions y tenaient pavillon comme dans un hôtel d’entreprises. Un signe, les personnels déjeunaient par institution, séparément donc. » et vous avez raison.
Pour changer vraiment, il faudrait retirer les petits fanions. Il faudrait quitter la logique institutionnelle pour jouer la complémentarité des compétences. Mais le professionnel croit que son institution le protège. Il est donc très difficile de toucher aux institutions.
Si nous voulons changer les choses, il faut changer les mentalités, réfléchir ensemble, rassurer, convaincre, prouver que c’est possible et que l’on doit travailler autrement. Ce concept de « travaillons ensemble », je le défends depuis plus de 30 ans. Et je crois que de plus en plus de professionnels admettent cette idée aujourd’hui et y sont prêts mais pas n’importe comment.
Actuellement, on ne sait qu’additionner... Oh, pas les compétences mais les lourdeurs institutionnelles. Le guichet unique n’a rien prouvé. Au contraire, il a donné des arguments à certains pour prouver que le rapprochement ne fonctionnait pas et qu’il fallait surtout ne pas toucher aux institutions. La résistance au changement n’est pas qu’une expression.
Vous parlez par ailleurs de rapprochement public privé. Les objectifs sont-ils compatibles ? L’entreprise fait ce qui est rentable, c’est son rôle, sa raison d’être. Le service public s’adresse aussi à ceux qui ne peuvent pas payer, à ceux qui ont besoin qu’on leur explique plus longtemps, qu’on les écoute, à ceux qui ne sont pas forcément « rentables ». Le service public n’est pourtant pas le service minimal mais celui de tous les citoyens.
Soyons clairs, si des parents souhaitent une prestation de « coaching » avec un suivi personnalisé, qu’ils le payent et s’adressent au secteur privé, je n’y vois aucun inconvénient. C’est leur choix et ils l’assument. Mais tout le monde doit avoir le droit de s’informer, tout le monde doit avoir le droit de réfléchir à son avenir pour mieux le construire. Et le secteur public permet cela.
Vous dites qu’il faudrait une formation unique à tous ces professionnels, je crois que vous vous trompez. On a besoin de complémentarité, pas d’uniformité. Si vous voulez que tous ces professionnels travaillent ensemble, il faut que leurs formations soient différentes et donc complémentaires. C’est parce que l’on a jamais eu le courage de définir les missions et les limites des rôles de chaque institution que nous sommes aujourd’hui dans des rivalités stériles.
Si je suis complémentaire de toi, alors j’ai besoin de toi et je travaille avec toi. Si je suis identique à toi, je fais doublon et donc je fais tout pour me différencier de toi.