Val : « Comment expliquez-vous que se soient les élèves finlandais qui obtiennent les meilleurs résultats aux tests PISA alors que c’est un pays qui applique depuis près de trente ans la pédagogie que vous dénoncez ( la construction personnelle des savoirs ) ? » et « Si c’est la pédagogie qui est en cause, pourquoi réussit-elle en Finlande mais pas en France ? »
Bonsoir Val, Je suis moi-même un Français résident en Finlande depuis des années ; laissez-moi tenter de vous répondre avec mes pauvres moyens :
On ne peut pas comparer un pays come la Finlande avec un pays comme la France. Tout les oppose ou presque, au point de vue des conditions qui font que telle ou telle méthode réussit pour l’une et échoue pour l’autre. La Finlande a peu d’habitants, c’est de plus une société très homogène, tant sociologiquement qu’ethniquement. Le tout-état-providence, utopie qui est restée réalisable et même longtemps profitable dans un tel pays, a fait notamment que les Finlandais, encore aujourd’hui alors qu’ils viennent de passer au capitalisme débridé et aussi à une politique d’immigration en provenance d’autres pays que les traditionnels voisins russes, ont un écart entre pauvres et riches extrêmement faible, avec la même belle constance aussi entre les moins éduqués et les plus cultivés.
Il y a aussi des aspects propres à la culture en elle-même, qui eux aussi font que la mesure qu’ont les peuples de leur propre niveau, et aussi la facilité qu’ils peuvent avoir à remplir tels ou tels critères de réussite ou d’excellence, diffère selon les pays (particulièrement quand les cultures sont aussi éloignées que peuvent l’être des mondes aussi différents que le Français et le Finlandais) et n’est pas toujours facile à quantifier dans les critères internationaux qui servent à ce genre de comparaison.
A titre d’exemple, si les Finlandais se considèrent aussi comme les moins corrompus du monde, ce qui est vrai mais pas aussi nettement que le montrent les statistiques de Transparency International, c’est aussi beaucoup tout simplement parce que leur culture les pousse à minimiser les irrégularités qu’ils constatent quotidiennement (à l’inverse, les Français, pas si corrompus que ça, auaient tendance, grâce à leur esprit critique et frondeur, à se hâter de pointer le mal partout où ils le voient).
Pour les facultés de lecture et d’écriture, il y a un peu de cet ordre d’idées : le finnois écrit colle phonétiquement au finnois parlé. Donc pour faire des fautes, il faut aussi manquer de sens commun et de culture générale, alors que le français écrit, du fait qu’il n’a pas bénéficié de suffisamment de réformes, est encore beaucoup trop handicapé par des problèmes secondaires mais envahissants d’exceptions, de particularités, etc.
Il y aurait beaucoup à prendre du système finlandais d’éducation, cependant, mais, beaucoup plus, infiniment plus que les seuls critères des ministères de l’Education, des professeurs et des théoriciens en général, le véritable problème de l’analphabétisation de la France et de sa dramatique régression, est avant tout et surtout un problème plus général de culture et de mentalité.
C’est mon opinion actuelle, elle peut changer et je peux me tromper...
14/10 20:33 - ZeusIrae
Il seront bon un jour que quelque nous donne des statistiques et non des informations (...)
14/10 20:24 - 5A3N5D
07/10 22:48 - farniente
Dans cette dégradation, la responsabilité de l’EDUCATION NATIONALE est plus que majeure, (...)
07/10 20:56 - Forest Ent
« Un simple exemple : l’apprentissage de la division en CM1. Dans l’ancienne (...)
07/10 20:00 - farniente
Bonjour, Monsieur CEPHALE. Bel article sur tout les points, sauf sur les comparaisons avec les (...)
07/10 15:11 - Céphale
@ philamon Les « maîtres formateurs » de l’IUFM, quel que soit leur âge, ont souvent un (...)
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