Je ne pense pas que nous soyons en désaccord.
1- “Une pub ne va jamais contre ce que pense la société”. Si vous voulez dire qu’une publicité est autant le miroir que le prescripteur d’un mode d’existence dominant ou prétendant à l’être, je souscris volontiers à votre remarque.
Mais vous conviendrez que le mot « société » doit dans ce cas, être corrigé et entendu comme « mode d’existence dominant ou prétendant à l’être ». Et dans ce cas, il y a volonté d’éducation de tous ceux qui n’ont pas encore adopté ce mode d’existence dont l’idée, l’individu ou le produit promus sont parties intégrantes.
Que « l’enfant-roi » soit une relation parents-enfant qui s’est développée depuis les années 60, ne signifie pas pour autant que toute la société se soit ralliée à cette représentation. Pour être dominante peut-être, dans certaines fractions de la société, elle ne fait pas forcément l’unanimité ; il semble même que le balancier tende à inverser son cours.
2- La force de cette éducation publicitaire est donc de pouvoir maîtriser les propriétés des cibles visées par l’usage réfléchi et dosé des procédés d’expression à sa disposition, comme ceux qu’illustre l’affiche que j’analyse.
3- Vous ne pouvez nier, d’autre part, que la relation entre publicité et cibles visées est aussi intéractive que celle entre les souliers et la route : la route use les souliers, mais les souliers usent aussi la route.
4- Il est donc utile que la publicité qui promeut des idées contestables se heurte à une critique élaborée.
5- Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’un monde sans publicité soit possible pour la simple raison que la publicité la plus élémentaire réside dans « l’information donnée », c’est-à-dire celle qui est livrée quotidiennement par chacun conformément à ses intérêts, car « nul être sain ne livre volontairement une information susceptibe de lui nuire ». Elle impose un doute méthodique, voire une enquête critique pour tenter de parvenir à une « information extorquée », beaucoup plus fiable.
6- Mieux vaut donc avoir à l’esprit la relation historique du projectile et du bouclier qui est aussi celle de l’émetteur et du récepteur. À la pénétration toujours accrue de l’un doit répondre la résistance toujours plus affermie de l’autre...