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Commentaire de Paul Villach

sur « Le livret jeune Swing » de la Banque postale : une publicité cynique


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Paul Villach Paul Villach 7 octobre 2007 19:36

Nous sommes forcément impatients. Mais je crois qu’il faut se résigner à distinguer les deux temps habituels.

1- Le temps court est celui de notre existence, entre 70 et 80 ans aujourd’hui en moyenne. Le plus urgent est ce travail de tri en passant au crible les croyances et certitudes enseignées ou diffusées comme telles pour y déceler des erreurs possibles. Je le fais dans mon canton, comme d’autres dans le leur.

2- Le temps long est celui de la société et de ses institutions. Il n’est pas à notre mesure, mais nous en avons la responsabilité au regard de nos enfants. Seule une école vraiment laïque, par exemple, est à même d’accepter une théorie expérimentale de l’information qui ne se suffise pas de l’argument d’autorité pour valider les faits observés. Les mythologies sont, en effet, fondées exclusivement sur l’argument d’autorité de la vérité révélée ou présentée comme telle, et celui de leurs clercs.

Il faut donc être attaché à une véritable laïcité, mais pas comme on l’a fait, en enseignant pour traitement de texte celui qui vient en fait des mythologies religieuses avec l’exégèse (l’explication de textes) et la glose (la dissertation).

On ne s’incline plus devant les prophètes mais devant les poètes. Quelle différence ? La prosternation et non le doute méthodique reste la règle de conduite. La parole du poète pas plus que celle du prophète ne saurait être mise en doute. On fabrique ainsi des croyants laïques, mais ce sont des croyants et non des citoyens responsables capables de se former une opinion personnelle.

Le procès PAPON devrait servir de point de départ d’une nouvelle éducation. Mais l’éloge funèbre que M. R. Barre a fait de lui montre toutes les résistances qui s’y opposent. « Je ne suis pas coupable, n’a cessé de répéter Papon comme les bourreaux de Nuremberg, j’ai obéi aux ordres ». Mais justement lui a-t-il été répondu par le jugement, vous auriez dû désobéir ! Car pour être soumis à vos supérieurs hiérarchiques, vous n’en étiez pas moins tenu de respecter les droits humains fondamentaux, à défaut des principes constitutionnels républicains écartés par le régime de Pétain.

Il convient d’avoir à l’esprit que les mythologies ne sont pas seulement religieuses, elles sont aussi politiques et médiatiques. Ainsi quand on vous fait croire, selon la théorie médiatique qu’il existe « un texte (ou discours) informatif » qui ne vise pas à influencer l’interlocuteur, il s’agit d’une erreur. De même quand on prétend, toujours selon la théorie médiatique, « distinguer entre information et commentaire », on fait aussi erreur.

La grosse difficulté est que l’école fonctionne quasiment uniquement sur l’argument d’autorité, de sorte que les professeurs sont prêts à enseigner des erreurs dès lors qu’elles sont inscrites dans des programmes et défendues par des inspecteurs. Une erreur soutenue par l’autorité ne peut être à leurs yeux une erreur mais un fait établi...

L’inconvénient, c’est qu’il faille attendre un changement de génération pour que celle qui disparaît emporte ses erreurs avec elle et que la nouvelle propose ses représentations propres avec ses propres erreurs à elle aussi.

C’est tout sauf un programme politique que j’évoque. Mais vous n’en attendiez pas un, je suppose.


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