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Commentaire de Nemo

sur De l'Etat providence à l'Etat abstinence


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Nemo 11 octobre 2007 17:29

@ l’auteur,

Votre article est bien écrit, et l’analyse mérite à coup sûr le débat. Cependant, je dois vous avouer qu’il m’a fallu y regarder à plusieurs fois pour (essayer) d’en extraire le point de vue. Je vais donc, si vous le voulez bien, tenter de résumer votre propos, afin de pouvoir en discuter la thèse.

Vous expliquez que l’Etat-Abstinence se caractérise tout d’abord par un laissez-faire au niveau industriel, qui s’est soldé par une fuite des industries européennes vers les pays à bas coûts, à partir des années 1970.

Qu’ensuite, un ordre moral s’est imposé, avec comme éléments prépondérants de norme sociale la culpabilisation de l’individu et la culture de la peur comme outil de contrôle.

Enfin, vous expliquez que le tout se conjuge avec une impuissance de l’Etat, et dont les nécessaires restrictions budgétaires sont aplliquées sur les dépenses les plus nécessaires.

Si vous acceptez ce résumé, permettez donc que j’y apporte quelques nuances. Tout d’abord, l’abandon des politiques industrielles - pour peu que cet abandon soit vérifié - ne saurait être le seul facteur, ni même le facteur principal, de la fuite des industries vers les pays à bas coûts.

Vous ne pouvez mettre de côté le formidable accélérateur à la mondialisation que représente le développement phénoménal des échanges maritimes à compter de cette période. La généralisation du principe des contenairs, la quantité toujours plus importantes de super-tankers et autres vraciers géants a contribué, de manière concomittante avec les accords sur les tarifs douaniers, à un essor du commerce mondial sans précédent depuis la Belle Epoque.

Sur la culture de la peur, que je qualifierais pour ma part plutôt d’aversion au risque toujours plus forte, je la ressens plutôt comme un élément de réallocation des ressources plus que comme un facteur de régression en tant que tel. En effet, il suffit de regarder les profits des compagnies d’assurance, des banques, du secteur de la sécurité, pour se rendre compte qu’il y a bien des secteurs économiques qui profitent de l’aversion au risque.

Si vous aimez Michael Moore, il va jusqu’à affirmer que la peur est l’un des moyens employés par les Etats-Unis pour maintenir la consommation à un niveau élevé. Je ne peux que difficilement m’avancer sur cette question, n’ayant pas en main les éléments factuels permettant d’appuyer une analyse dans un sens ou dans un autre. Mais je ne penche a piori pas pour une analyse noire des effets de ce changement de mentalités.

Enfin, l’impuissance de l’Etat n’est à mon sens que passagère. Si l’on compare avec une entreprise privée, celle-ci ne se pose des questions sur son organisation interne que lorsqu’elle se trouve en difficulté, soit de manière absolue (pertes, baisse de part de marché,...) soit de manière relative (benchmarking en dessous des objectifs,...).

L’ Etat ne réagit pas autrement. Tant que l’argent rentrait, que la dette se creusait, que les déficits s’accumulaient sans autre forme de souci, le système pouvait continuer à « pédaler dans la semoule ». Aujourd’hui, ce n’est plus possible, et le vote à l’unanimité de la LOLF est un exemple frappant de la capacité de réaction face à l’adversité, une fois que celle-ci s’est avérée inévitable.

La LOLF n’est bien évidemment pas la panacée, et l’on ne saurait restreindre à cette avancée l’ensemble des mouvements de réorganisation de l’administration qui ont actuellement lieu en France. Mais un grand mouvement de modernisation, une prise de conscience de la rareté des ressources sont actuellement à l’oeuvre, et même si ces changements prendront du temps, beaucoup de temps, il est certain que ceux-ci produiront des effets bénéfiques.

En conclusion, je ne serai donc pas aussi pessimiste que vous. Nous avons encore de bonnes ressources pour rebondir, et en s’appuyant tant bien que mal sur celles-ci, nous y arriverons.

Bien cordialement,


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